Diablo.

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Des centaines de voitures traversent le carrefour des centres commerciaux et pas une ne prend la peine de s'arrêter sur l'emplacement de parking où je me trouve, afin de m'aider à rejoindre la maison de mon frère. Je n'ai pourtant pas l'allure d'une personne malveillante, d'une zonarde ou de quelqu'un infesté par je ne sais quelle maladie !

— C'est aberrant ! Même le mythe d'être une belle jeune femme est faux, sinon j'aurais déjà été prise en voiture !

Je fais le pied de grue pendant trois longues heures encore, le bras tendu, le pouce levé, jusqu'à ce qu'une vieille voiture rouge, aux vitres teintées ne vienne se garer devant moi. La chance me tend peut-être enfin les bras ! La fenêtre coulisse légèrement vers le bas et une voix grave en sort sans que je puisse voir un bout de visage et savoir à qui appartient cette si belle élocution.

— Bonjour madame, vous semblez désespérée, puis-je vous aider ?

Je mets quelques secondes avant de répondre, hypnotisée par le charme fou de sa voix fortement masculine et envoûtante.

— Euh.. Oui en effet, ça fait des heures que j'attends une âme charitable pour me conduire jusqu'à chez mon frère !

L'homme rit chaleureusement avant de déverrouiller sa portière de voiture côté passager.

— Je vais vous y conduire, j'ai fini ma journée, je peux faire un détour !

— Vous êtes adorable !

J'ouvre la portière, et entre sans même chercher à voir le physique de mon sauveur.

Continuant la conversation, je cherche la ceinture de sécurité pour m'attacher.

— Mon frère habite à Grenoble, à deux heures d'ici. J'aurais pu largement y aller à pieds avant la tombée de la nuit, mais j'ai une cheville et un genou blessés !

— Vous avez de la chance que je sois passé !

Je trouve enfin la ceinture et la boucle dans la fente prévue à cet effet. Puis, je relève enfin la tête pour regarder le conducteur.

— Je suis impolie, je m'appelle Kate et vous pouvez me tutoyer !

— Appelle-moi Diablo, s'il te plaît, je n'aime pas mon prénom.

Je ne lui pose pas de question à propos de son prénom, car je ne veux pas être indiscrète et que la beauté de son regard me coupe le souffle.

Il me demande l'adresse de mon frère, avant de la taper sur son GPS.

— Je trouve que ta voiture est excentrique, c'est drôle. C'est une vieille voiture, mais les vitres sont teintées, l'intérieur semble plutôt moderne et tu as le GPS !

Diablo, qui semble encore plus sexy avec cette appellation, me sourit et je vois sa dentition parfaite et ses lèvres qui m'appellent.

— J'avoue, j'adore les vieilles voitures, elles sont magnifiques mais leur intérieur n'est pas fait pour moi. Je suis un homme qui aime vivre dans le moderne, mais avec une certaine touche de vintage.

Je hoche la tête sans même écouter ce qu'il dit. Je n'ai qu'une seule envie qui me taraude, celle de lui sauter dessus et d'assouvir le désir ardent de le toucher et de l'embrasser.

Diablo claque des doigts pour me sortir de la transe dans laquelle je suis.

— Pardon, je m'excuse ! La fatigue me fait un peu partir dans un autre monde.

Il sourit une nouvelle fois, mais cette fois-ci plus malicieusement. A-t-il vu ou ressenti mes sensations ?

Enclenchant le clignotant gauche, il se remet sur la route et conduit en tapotant le bout de ses doigts sur le volant.

Je n'avais même pas remarqué que ma fenêtre était de nouveau entièrement fermée, je tente de l'ouvrir car mes bouffées de chaleur me mettent dans l'inconfort, mais la vitre refuse de s'ouvrir, comme s'il n'y avait jamais eu pour objectif une quelconque ouverture.

Je fronce les sourcils en réessayant, puis me sens une nouvelle fois mal.

— Je pense avoir de la fièvre, j'aurais aimé avoir un peu d'air frais mais je n'arrive pas à ouvrir la fenêtre, tu peux l'ouvrir ?

Diablo ricane avant de se lécher les lèvres puis de me lancer un regard en biais.

— Les fenêtres ne s'ouvrent pas et sont incassables, inbrûlables. D'ailleurs, toute la voiture est insonorisée et protégée. Personne ne peut y entrer sans mon accord, et encore moins en sortir. Autrement dit chérie, tu es coincée avec moi. Mais c'est pas grave, je t'emmène quand même jusqu'à chez ton frère !

Je pousse un cri, choquée par cette révélation.

— Mais qui es-tu ? !

— Diablo, je t'ai dit.

Je le regarde de nouveau et suis horrifiée par l'absence de toute trace humaine sur l'homme à mes côtés.

Commençant à essayer de m'enfuir, je tape, pousse, crie, mais en vain.

— Tu es sacrément stupide, toi. Je viens clairement de te dire que personne ne peut sortir sans que je ne le décide !

Il rit et cette fois-ci son rire mélodieux et attirant n'existe plus, il est remplacé par un rire gras et machiavélique. Son visage est noir et rouge, ses yeux d'un jaune inquiétant et ses doigts sont munies de griffes colorées en orange vif, tel un démon de film horrifique.

Mon souffle devient très rapide et saccadé, je transpire de plus en plus et ma voix est comme coupée.

Diablo approche sa main droite effrayante, et la pose sur ma cuisse gauche, ce qui envoie frissons et courants électriques dans l'entièreté de mon corps. Je le repousse immédiatement, affolée et voulant être de nouveau en train de faire du stop, loin de lui.

— Je suis offusqué de ton comportement, Kate. Quand ma voix était grave et veloutée, et que mon physique était plus qu'à ton goût, tu mourrais d'envie de coucher avec moi. Et maintenant que je me montre sous ma réelle identité, tu me rejettes et pousse des cris de cochons qu'on égorge !

Je réalise seulement que devant moi se trouve le diable, tout me semble maintenant évident. Le surnom, l'apparence et le comportement hypnotisant et excitant, puis le changement, et l'apparition de quelque chose d'hideux, de terrifiant et d'inexistant dans le monde humain.

— Je vois que tu as enfin compris qui je suis. Sache que je lis dans tes pensées depuis l'instant même où je t'ai vue sur le parking. Tu es délicieusement belle, mais plutôt naïve et stupide de monter avec un inconnu et encore plus avec un inconnu qui ne montre pas son visage avant que tu entres dans la voiture !

Arrêtant le véhicule dans ce qui semble être une forêt encore plus cauchemardesque que ce diable. Il me regarde ensuite dans les yeux et me force à en faire de même. Puis, de nouveau, toute la négativité que je ressens laisse place aux émotions du début. Petit à petit, je me sens hypnotisée, consciente mais dans l'impossibilité de faire autre chose que de l'écouter et d'être à ses ordres.

— Embrasse-moi, jolie Kate.

Mon corps se penche en avant et mes lèvres se fondent avec celles du diable. Je flotte quelques secondes et me retrouve ensuite prisonnière dans mon propre corps, dirigée par Diablo, qui, lui aussi loge dans mon corps.

— Je te possède entièrement, ma belle. Allons rencontrer ton frère, enfin.. mon frère !

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