Elle lâcha la main de Vérum, et dans l’élan, il risqua de tomber par-dessus la rambarde métallique du balcon.
 -On y est presque ! Allez viens !
  Déora était déjà en haut des escaliers quand il eu le temps de s’apercevoir qu’elle n’était plus à son côté. Il la suivit et pendant qu’il montait les marches, un vent violent se réveillait. Lui crachant à la figure autant de sable qu’il pouvait, Vérum fut obligé de plisser des yeux et de se les protéger de la paume de ses mains. En même temps éblouis par la lumière du jour, il eu du mal à rouvrir les yeux.
  Plaine orange et sable rose à perte de vue. Balayés par le souffle, les grains de sable s’envolaient dans l’horizon du paysage pour former une tornade géante dans un coin de la toile. Après s’être habitué au soleil, Vérum remarqua une ombre qu’il crut être celle d’une roche. Mais point de cailloux aux alentours. Et point de câbles ne sortent de ces choses-là. Mais en marchant dans les pas de Déora et se rapprochant de la chose, il s’aperçut qu’il s’agissait d’une machine. Un bras mécanique sortait du sol et tendait sa main vers le ciel où toutes ses veines et artères coulaient pour s’incruster dans le désert de sable.
 -Tu t’en souviens j’espère ? Bien sûr que non… Suis-je sôte. Franchement, ils sont mauvais pour droguer des immortels mais pour leur laver le cerveau, ils sont plutôt bons. Et oui mon Vérum, pour te faire oublier, rien de mieux que de te tuer encore et encore. Oui, ça aussi tu ne t’en souviens pas mais plus on a de vies et plus on oublie les précédentes. Il y a d’autres choses que l’on avait découvertes. Je te rafraîchis la mémoire ?
  Étrange sensation que les déjà-vues, non ? Dit toi que c’est l’Ordalis qui déconne. Oui, elle a un temps d’avance sur le Daédale. Tes actions ne changent en rien ton futur virtuel, l’Ordalis l’a déjà calculé et parfois te le montre par erreur. C’est ce qui fait aussi ce que l’on appel instinct. Tu penses le suivre ? Non, encore l’Ordalis. Il y a aussi lorsque tu te trompes de prénom où que tu n’arrives justement pas à nommer une personne. Bien que l’on soit innombrable, on s’est déjà tous rencontré au moins une fois depuis le temps. Et bah, tu confonds les noms sous lesquels tu as connu la personne.
  Le souvenir de tes vies passées s’estompe mais il y a toujours des restes. Des bribes, des poussières que tu ne peux balayer. Mais ce n’est jamais assez pour être conscient que l’on a vécu avant. C’est pour ça que l’on doit en exploiter les bugs et que l’on a créé cette stèle. Oui, je suis consciente qu’elle est ringarde par rapport aux autres d’en bas. Mais cette stèle, on l’a fait ensemble, alors si tu n’es pas content, tu peux aussi t’en vouloir.
  Seulement, il y a un problème Verum. Cela fait plusieurs vies qu’elle n’a plus servit. J’ai peur qu’elle se soit ensablée. Carcère nous cherche et nous n’aurons pas plus de deux chances de te connecter sous forme humaine. Ils seront plus rapides que nous. Alors installe toi. Une nouvelle vie va commencer pour toi. Je te fais la surprise de ce que tu seras ?

  Vérum tourna autour de la main et l’effleura de la sienne. Il se posait la question de comment se poser dedans. Il trouva la paume et s’y allongea. La main bascula en arrière et les doigts se recroquevillèrent sur sa personne. Trois doigts mécaniques d’un côté, le pouce de l’autre, et la pointe de l’index vint se poser sur son front. Il était connecté.