Épilogue - Naissance Précieuse

5 minutes de lecture

Les craintes d'Eliam se réalisèrent malgré la prière silencieuse envoyée aux astres et aux dieux. Les Vierges de Viviadi s'étaient réveillées et le cherchait maintenant activement. Les torches avaient été allumées le long des murs blancs, rendant les ombres davantage menaçante et imposante. Le jeune homme avait maintenant l'impression d'être un renard prit en chasse par une meute de limier.

— Il ne doit pas être très loin, faite le tour par l'écurie ! Il ne doit pas nous quitter. S'affola une voix féminine

Il n'avait rien de mal et pourtant, il sentait au fond de son être le besoin de quitter cet endroit, de partir en courant le plus qui lui serait permis. Une sorte de sens de survie primaire.

La gorge serrée, la respiration courte, sa cage thoracique était douloureuse tellement son coeur semblait décider à s'extirper de sa poitrine. Son sang battait à ses oreilles et un léger fourmillement lui picotait le bout des doigts. Il n'avait plus qu'un seul objectif : Fuir.

Eliam attendit le bon moment pour s'élancer dans un couloir encore sombre. Il se faufila à cause de l'étroitesse du passage. Les yeux grands ouverts, il dû les fermer lorsqu'une torche éclaira sans le voir pendant un bref instant. Le garçon resta immobile jusqu'à ce que la lumière soudaine ne s'éloigne, puis il reprit sa course. Il ne savait pas vraiment par où aller. Ses "protectrice" avait pris soin de lui et n'avait pas jugé utile de lui faire une visite complète des lieux. Peut-être pour l'empêcher de fuir plus facilement...

Pour trouver les bâtiments extérieurs, il dut, à contrecœur, traverser la grande allée intérieure. Ce vaste hall par lequel il était arrivé quelques semaines auparavant et qui ce soir, semblait si haut qu'il n'en voyait pas le plafond. Déglutissant, il reprit son chemin, en courant tout en jetant des regards apeurés autour de lui.

— Je crois que j'ai entendu quelque chose. Entendit-il murmurer plus loin derrière lui.

Des bruits de pas succédèrent à l'annonce et Eliam dû presser le sien.

— Il est là ! S'enorgueillit une voix lorsque le jeune homme venait tout juste de mettre son nez dehors.

— Saisissez-vous de lui ! Hurla une autre voix plus autoritaire.

Eliam ne chercha pas à reconnaître de qui venait les ordres. Il n'avait jamais vraiment retenu les noms des femmes vivant ici, c'était mieux comme cela, au moins ne s'était-il attaché à aucune de ces filles qui ne l'avait jamais considéré autrement que comme un artefact.

Reprenant sa course de plus, belle, ignorant sa respiration qui lui brûlait maintenant les poumons et la gorge à cause du froid de l'hiver tombé, ses jambes puisaient dans son désespoir pour courir plus vite.

Il n'eut pas le temps de sceller un cheval, aussi monta-t-il à crue, grimaçant par son manque de pratique, s'agrippant seulement aux craints de la mouture. Cette dernière fut surprise par le soudain assaut et chercha à ruer. Mais Eliam était bien accroché même si ce fut par miracle qu'il ne fut pas désarçonné.

Il talonna l'animal, faisant claquer derrière eux les portes de bois de l'écurie, renversant une des femmes fidèles à Vénus sur leur passage. Lorsqu'il serait hors de danger, aucun doute que le remord accueillerait le garçon qui n'avait jamais voulu blesser personne, encore moins ces filles qui avaient été prévenantes...

— Ne le blessez pas ! Hurla-t-on à nouveau dans son dos.

Eliam entendait au loin des hennissements de chevaux. Il allait être poursuivi, mais il n'avait pas le temps, ni le courage, de se retourner pouvoir combien de personnes il aurait à distancer.

*

Combien de temps se cramponna-t-il à son canasson ? Il l'ignorait. Ce qu'il savait en revanche, c'est que ce dernier commençait à fatiguer. L fugitif aurait voulu ralentir le rythme, ménager sa monture. Mais à quoi bon ? Il ne pourrait pas l'entretenir, ni l'attacher le temps de chercher de quoi se restaurer, et cela, seulement si ses poursuivantes ne l'attrapaient pas avant.

Pendant qu'il se questionnait, son cheval dû faire un saut inattendu, des ballots de paille traînant au milieu du chemin. Eliam ne put se retenir et fut envoyé dans le décor. Le destrier, plus léger ne s'attarda même pas sur sa perte, continua sa course sans se retourner.

Le garçon en fuite fut sonné à l'atterrissage et se redressa à grand peine. Il avait froid. Sa tenue de nuit était trempée de boue et de neige. Il remarqua enfin que le sol était recouvert de quelques centimètres de neige. Neige qui n'était pas tombé sur le fief de Viviadi. Avec difficulté, il se traîna jusqu'au fossé. Une fois à proximité de la forêt, il put se servir d'un arbre pour douloureusement se redresse, tremblant de froid.

La lune était belle et pleine, elle inondait la vallée en contrebas, faisait presque luire la demeure des vierges de vénus. Eliam aurait sans aucun doute trouvé cela magnifique si ces femmes ne cherchaient pas à le mettre sous-verre.

Le jeune homme enveloppé par le froid ne sentait plus ses orteils depuis quelques minutes. Il avait perdu ses pantoufles de nuit dans l'action. Il marchait en grimaçant lorsqu'il sentait ses chevilles être léchées par la neige molle et humide. Ses lèvres tremblaient.

Une fois à l'abri dans la forêt, il se laissa glisser contre un chêne massif, à bout de force et terriblement las. Soupirant lourdement, il essaya de resserrer sa chemise légère sur lui. Eliam savait qu'il ne devait pas s'endormir ici, dans le froid. Néanmoins, ses paupières étaient lourdes et il en avait assez de lutter sans cesse.

Silencieusement, de chauds sillons d’eau salée se mirent à dévaler ses joues. Il était épuisé, il avait froid, il aurait sans doute bientôt faim, mais il n'avait déjà plus aucune envie de bouger. A quoi bon se démener si au final, le destin choisissait les directions de sa vie. Un rire amer s'échappa de ses lèvres.

*

Quand est-ce que son existence avait commencé à capoter ? Quand il avait prit la décision de refuser son héritage et son titre pour vivre à la Grande Bibliothèque ? Quand il était tombé amoureux de la princesse Aléryn ? Ha... Sa princesse...

Aléryn lui manquait tellement ! Peut-être était-ce pour la retrouver plus vite qu'il arrêtait de lutter pour sa vie en cet instant. Chaque matin, lorsqu'il se réveillait, il espérait sortir de son cauchemar dans lequel elle était sauvagement tuée. Mais, chaque matin, il ouvrait les yeux sur un nouveau jour où l'amour de sa vie ne lui sourirait pas.

Un sanglot bloquait sa gorge à présent tandis que ses larmes commençaient à geler sur son menton.

— Aléryn... Murmura-t-il finalement avant de s'endormir.

Son sommeil fut plus paisible qu'il ne le pensa tout d'abord. Puis Eliam finit par arrêter de penser pour aller se perdre dans les limbes. Impossible de savoir alors s'il rejoignit sa promise où s'il resta enchainer à ce chêne qui lui servait de dossier.

*

Quand son dernier soupir s'échappa des lèvres de ce jeune homme ballotté par le destin et les circonstances, un grand vent écarta les branches des arbres alentour, baignant le corps qui se refroidissait de la lumière blanche de la lune. Une simple caresse de l'astre nocturne et le corps d'Eliam se liquéfia doucement, sans douleur. Il se liquéfia et après quelques instants de métamorphose, prit la forme d'un cristal écarlate.

La mort et la lune venait de faire de la dépouille du jeune homme, un cristal de mars. Ce cristal renfermait une prophétie, comme tous les autres. Néanmoins, si un jour ce cristal était retrouvé, peu de personnes serait enclin à le briser pour prendre connaissance de l'avertissement que les astres venaient de donner aux hommes.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Am@nda ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0