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Amara fut interrompue dans ses pensées par le duel qui s’annonçait, le dernier de la journée, Alcestis affrontera Briccos, l’Éveillé.

Le signal fut donné et elle se hâta de lancer l’assaut sur son opposant. Connaissant ses capacités et sa force, elle décide de tenter de prendre Briccos par surprise. En dépit de ses efforts, cette tentative fut vaine, à l’image de Sheng, Alcestis fut rapidement arrêtée par des lianes sortant du sol. Briccos lisait en elle comme dans un livre ouvert. Le duel ne dura qu’un instant. Les paupières d’Alcestis se firent lourdes, affreusement lourdes et après seulement quelques secondes, la guerrière de l’Olympe sentit le sommeil l’emporter. Briccos fut à nouveau nommé vainqueur de son duel.

Briccos fut appelé à rejoindre la Dux dans sa tente, cette histoire d’Éveillé l’intriguée au plus haut point, surtout pour cet âge.

Amara amusée de voir son amie dormir de la sorte demanda l’aide d’Askr pour porter la demoiselle.

« Askr, je vais encore avoir besoin de votre aide, je n’ai pas la force de soulever cette petite Dame, si vous pouviez m’aider je vous en serais reconnaissante »

Le garçon acquiesça, néanmoins, la tâche était plus difficile qu’il n'y paraissait. Alcestis n’était pas bien lourde, et pourtant, Askr hésita bien longtemps à s’approcher. Il s’agissait de prendre une Dame dans ses bras, une qu’il ne connaissait pas qui plus est. Elle semblait frêle, comment une guerrière aussi féroce pouvait être aussi fragile ? Son hésitation amusa Amara qui le poussa légèrement à se hâter, lui expliquant que toute cette agitation l’avait fatiguée et qu’elle aimerait se reposer. Il finit après un long moment par réussir à la prendre dans ses bras, elle n’était pas la première femme qu’il tenait contre lui bien sûr. Et pourtant, il ne pouvait s’expliquer pourquoi, mais celle-ci était différente. Le chemin ne faisait que quelques dizaines de mètres, mais, Askr, lui, crus marcher plusieurs kilomètres. Comme il s'y attendait, la Dame ne pesait pas beaucoup plus qu'un sac de plume, mais en cet instant, il se crut Surdri, Nordri, Westri et Austri, portant la voûte céleste. Lorsqu’ils atteignirent enfin le lit de la Dame, Amara qui observait la scène, éternua fort, bruyamment. Le bruit soudain et puissant réveilla son acolyte de toujours en sursaut. Les yeux dans la brume, elle ne savait pas où elle se trouvait et cherchait à droite et à gauche des indices. Rapidement, elle comprit que son duel était une défaite et qu’elle avait été ramenée jusqu’à sa chambre. Dans un second temps, elle réalisa qu’elle n’était ni sur son lit, ni sur une chaise, ni même au sol, elle était maintenue par deux bras. Sans qu'elle ne sache pourquoi, elle s’y sentait à l’aise, en sécurité, ces bras qu'elle pensait être ceux de sa mère ou de la Déesse Freyja n'était autre que le dernier stratagème d'Amara pour la taquiner. En levant la tête vers le visage de la personne qui la maintenait, elle comprit. C'est en réalisant à quel point elle avait été piégée qu'elle prit une jolie couleur cramoisie. La fraction de seconde qui suivit, Alcestis se mit à gigoter et à se débattre, traitant Askr de pervers et Amara de vipère. Ses gesticulations firent basculer Askr qui se débrouilla pour la faire tomber sur le lit devant eux, lui en revanche n’eut pas cette chance et alla terminer sa chute contre le mur à côté de celui-ci. Amara était pliée de rire devant cette scène à tel point qu’elle ne parvenait plus à parler ou à même articuler le moindre mot.

-Arrête de rire, saleté ! C’est toi qui as manigancé ça pas vrai ?! Vipère ! Démone ! Et toi ! Qui t’a permis de me toucher ?! Pervers ! Obsédé !

Alcestis était furieuse, enragée d’avoir été ainsi tournée en ridicule, et si au plus profond d’elle, elle aurait aimé que cette balade soit plus longue, à la surface elle était Verte de honte et rouge de colère. Askr quant à lui ne savait trop que dire, il tenta de lui expliquer la situation et la seule réaction de la demoiselle fut de lui demander pourquoi il n’avait simplement pas refusé de lui rendre ce service. Il répondit en riant qu’elle lui avait fait les yeux doux et qu’aucun homme ne saurait refuser quoi que ce soit à une femme qui le supplierait presque. Évidemment, il exagérait et ceci eu pour effet de plonger Amara plus profondément encore dans son fou rire. Alcestis, elle, riait moins et chassa Askr de la maisonnée. Amusé, le jeune homme ne discuta pas plus et prit le chemin de son propre logement, quelle journée. Pendant ce temps, les discussions continuaient, Alcestis regardé son amie, partagée entre colère et tristesse, elle était un bazar émotionnel que seule Amara pouvait comprendre.

-Tu aimes me ridiculiser pas vrai ? Tu savais que je réagirais comme ça… Pourquoi ? Demanda Alcestis qui regardait maintenant le sol.

-Parce que je te connais par cœur Alcestis, je sais comment tu réagis, et j’ai passé tellement de temps à tes côtés que j’en arrive au point où je sais ce que tu penses. Je savais que tu réagirais comme ça, c'est pour ça que je l'ai fait. Tu ne peux rien me cacher, tu le sais bien. En faisant ça, je m’assure que les choses avancent. Pour toi, parce que tu es mon amie, et bien plus encore.

En disant cela, Amara vint s’asseoir à côté d’Alcestis et la prit dans ses bras doucement, la cajolant avec l’amour d’une mère, elle caressait ses cheveux et essayé de la recoiffer. Celle dont le monde athénien craignait la fureur. Celle dont les guerriers disaient qu’elle était la Fille de la Guerre, ne semblait être plus qu’un chaton entre les bras de son amie. Elle prit enfin la parole, hésitant à le faire, soupirant.

-Amara...Je doute que tout ça soit fait pour moi, tu me connais, je suis une guerrière, te rappelle tu, quand j’ai voulu retrouver le Midgard ? J’avais écrit un poème, je me suis juste ridiculisée, je ne suis pas ce genre de filles... Je ne suis que soif de combat et amour de l'acier, pas une Aréthuse qui attend Alphée.

Ces paroles semblaient avoir irrité Amara qui plongea son regard dans celui de son amie, ces mots l’avaient touchée personnellement, elle tenait de sa mère et voulait à tout prix que son amie atteigne ce qu’elle désirait.

-Écoute ma belle. Tu es perdue, c’est normal, tu ne sais pas t’y prendre avec ce genre de choses, et puis tu es encore une enfant, on est tous des enfants ici, perdu dans un conflit plus grand que nous, quelque chose qui nous dépasse tous. Et au milieu de ce conflit, tu retrouves celui que tu chéris depuis des années, partagé entre ton devoir, et tes désirs. Tu es une demi-déesse, mais dans demi-déesse, il y a demi, et si tu as la force et la vigueur de ta mère, ton corps, est en grande partie celui d’une adolescente de seize années, une fille qui rêve d’autres choses que de se battre jusqu’à la fin. Ton corps change un peu plus chaque jour, tu es une batterie d’hormones en folies et quand tu auras enfin trouvé la force de la laissée tomber, quand tu auras trouvé la force de frapper avec tout ce que tu as en toi dans cette carapace de pierre que tu t’es bâtie. À ce moment-là, tu te rendras compte que tu es autant faite pour ça que moi, peut-être même plus, et le jour où tu y seras parvenue, tu te rendras compte, que parfois la couche d’un autre est plus confortable que la tienne.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et se leva. Amara alla investir sa couche, se tournant vers le mur, et à l’abri du regard de son amie, elle laissa couler une larme. Souhaité le bonheur de quelqu’un est chose aisé, mais lorsque ce bonheur ne peut être atteint que loin de vous, lorsque l’être chéri, cherche la présence d’un autre. Il arrive que ce bonheur se transforme en une torture. Elle avait beau faire de belles phrases, tenté de remonter le moral de son amie, elle souhaitait parfois, dans le plus grand des secrets, au creux de sa couche, que le cœur de son amie ne se ravise et vienne la choisir elle.

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