Rends - moi mon ...

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- Je lui ai tout amené sur un plateau : mon âme, mon corps... Et lui, il m'a quitté comme une malpropre.

- Vous n'êtes plus assez belle Mademoiselle!

Ni mignonette, ni même midinette!

Revenons en arrière de dix-huit mois...

A l'époque j'étais en couple avec Léopold, il était urgentiste, je l'admirais. Moi je n'aurais pas pu. L'urgence et son adrénaline à longueur de journée. Moi c'était les dialyses, en terrain conquis j'étais ravie, je connaissais tous mes patients par coeur, leurs manies et leurs envies.

Leurs séries vues et revues, leur dernier livre parcouru.

Mes machines j'aurais pu les monter les yeux fermés.

Le soir on se lovait dans les bras l'un de l'autre, tout en se contant notre life.

En congés, on partait à l'aventure, encore que tout devait pour moi en tout cas, être bien rangé, réfléchi, tracé avant l'ouverture .

Des enfants, la maison, comme tout le monde, étaient planifiés et faisaient parties de nos projets. On attendait plus que le signal du départ pour se lancer.

Puis un jour, je reçus un nouveau patient, j'avais une place qui s'était libérée après le décès d'un dialysé âgé, retrouvé mort un matin, il s'était endormi le soir pour ne plus jamais se réveiller. Quelle belle mort !

Je l'ai pleuré, car mes patients c'étaient comme mes bébés.

Le nouveau s'appelait Kévin, il était étudiant aux Beaux Arts, et son départ pour les dialyses ne fut pas des plus faciles que j'eus à gérer. Tout l'insupportait et l'énervait.

Se déshabiller, il soufflait. Le bruit de mes engins le faisait raler. Le temps qui n'en finissait pas, il boudait. La bouffe qui ressemblait à de la bouillie... Son déni de sa maladie était clair, mais moi je n'y étais pour rien.

J'étais son souffre douleur, il arrivait sans "Bonjour", et partait sans "Merci".

Mais que m'importait moi je faisais mon métier!

Puis un jour, il ne vint pas, il avait été hospitalisé en urgence, je pris mon téléphone et appelai la Nephrologie pour avoir de ses nouvelles.

- D'un peu plus il y passait, me confirma ma collègue.

Sans rein il n'aurait bientôt plus de lendemain, et quand on a vingt-cinq ans, c'est pas cool de passer quatre heures à l'hôpital trois fois par semaine, je comprends.

Il revint car pour un insuffisant rénal, c'était vital !

Il apportait ses feuilles et ses crayons, il passait son temps à gribouiller. Enfin peut-être qu'il avait quand même du talent ? Moi je n'osais pas regarder, tant que j'avais la paix, tout m'allait.

Un soir en ramassant mon bazar j'ai vu qu'il avait laissé une feuille sur l'adaptable, je m'approchais pour regarder, c'était mon portrait sur la feuille.

Tout se bouscula dans mon esprit, pourquoi m'avait-il fait ainsi ?

On se rapprocha vite, car c'était bien un piège qu'il me tendait et je tombais vite dans son filet.

Léopold ne comprit pas que je le quittai pour un patient.

D'ailleurs il n'était pas le seul, je sentis les moqueries de mes amies.

Je dus ne plus m'occuper de son cas en tant que professionnelle, mais à la maison je devins son infirmière atitrée à longueur de journée.

Il était rarement de bonne humeur, et moi je me sentais responsable de son traitement, son alimentation, je comptais même ses tasses de café, de peur qu'il ne bût plus que la quantité autorisée.

Et ce qui devait arriver, arriva, je lui proposa de lui céder un rein, j'étais en bonne santé, et je n'aurais aucun problème à vivre avec un seul.

Il se mit dans une colère noire, m'assoma de reproches, j'avais touché à son honneur et à sa fièrté.

Puis la colère tombée, il fini par accepter mon don.

On était compatible, et tout alla vite.

Il se remit plus vite que moi, il sortit avant moi, j'eus des complications : de la fièvre, des douleurs abdominales m'accompagnèrent plusieurs semaines. Lui avait repris le chemin de sa vie, il était occupé par ses études, et ne pouvait plus venir me voir comme il voulait, prétendait-il.

Léopold venait me voir, sans rancune, en bon pote, bonne amitié, il m'apportait mes fruits préférées, me chatouillait aux pieds.

Je rentrai enfin chez moi seule, Monsieur était surbooké ! Arrivée à la maison, je vis que ses affaires avaient disparu. Il avait même emporté mon tableau préféré. Le premier dessin qu'il m'avait laissé sur l'adaptable de l'hopital, et que j'avais prit soin d'encadrer !

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