Charline, je suis amoureuse. Pour de vrai. Je veux dire, je ressens avec une intensité inédite que cette fois, l’amour peut être durable, voire éternel.

Il s’appelle Michel. Je sais, ce n’est pas très sexy, mais c’est bien comme ça. Nous en avons connu, des Dylan, des Théo. Que nous ont-ils apporté, ces mecs aux prénoms irrésistibles, sinon des tonnes de problèmes, des montagnes de déceptions ? Te souviens-tu de Hugo qui, derrière son masque de boute-en-train, cachait un misogyne égoïste, narcissique et finalement bien ennuyeux ? Et que dire d’Enzo, cette belle gueule si sûre d’elle, qui m’a trompé au bout de trois mois ?

Michel n’est pas canon (il porte de grosses lunettes et semble toujours sortir du lit), mais son charme rattrape tout. Il est grand et d’une infinie douceur. Il est à la fois adulescent, déterminé et raisonnable. La première fois que nous nous sommes vus, c’était dans ce café qui fait l’angle entre ma rue et l’avenue, tu sais, celui avec ses chaises en paille qui manquent à chaque instant de nous mettre par terre. Nous devions juste boire un verre avant d’aller voir un film, mais nous sommes finalement restés à discuter pendant toute la soirée. Il est curieux, passionné, passionnant et sincère. Ce n’est pas pour la frime, tu vois ? Après, il m’a simplement déposé un baiser sur le coin de la bouche, et souhaité bonne nuit. Sans rire, je n’étais pas sûre d’avoir envie qu’il se passe un truc, mais quand je l’ai vu partir tranquillement de son côté, j’ai regretté qu’il ne me propose pas un dernier verre.

Je sais que pour le moment, je suis dans l’euphorie des premières semaines. Je sais que peu à peu, il deviendra moins parfait. J’ai conscience qu’il s’installera, malgré nous et nos efforts, une inévitable routine. Mais quoi, si cette routine est chouette, où est le problème ?

Charline, je suis amoureuse !

Nous partons pour le week-end arpenter les remparts et les plages de Saint-Malo. Tu veux bien t’occuper du chat ?

Des bisous,

Manon.