Les vies de Palanche

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 Laurent Palanche ! Bien sûr que je n’ignorais presque rien de l’homme qui me tenait la main. Je fréquentais fidèlement son site internet, visionnant ses vidéos comme on regarde un film. J’avais lu ses trois derniers livres et attendais le prochain avec impatience. Ses conférences n’entraient dans aucune case et constituaient la matière de ses livres. Il avait l’art de la communication comme celui de raconter des récits qui vous transportaient. En quelques images, avec une succession d’évènements, il avait tout raconté d’une vie qui ne pouvait que rejoindre la vôtre. Laurent Palanche ne faisait pas que du bien à ses lecteurs, il les rendait vivants. Son dernier livre m’avait bouleversée, remuée. En le lisant, mon regard sur le monde avait muté. C’est sans doute pour cela qu’il avait du succès. Derrière des héroïnes bien ordinaires plongées dans des situations difficiles, se dissimulait une poésie quasi religieuse.

  Je ne parvenais pas réaliser que ce Québécois qui remplissait des stades dans son pays et recueillait tant de vues sur son site se tenait devant moi, une coupe de champagne à la main. Son sourire rayonnant et ses yeux bleu-gris semblaient me confier : « tu es la personne qui compte le plus à me yeux en ce moment ». Lorsqu’il m’a dit qu’il ressentait le besoin d’avoir autour de lui trois de mes tableaux et qu’il me les a désignés d’un geste délicat de la main, j’ai eu envie de les lui offrir sur-le-champ et de me jeter dans ses bras. Il a longuement évoqué le troisième en me confiant qu’il aimerait l’utiliser pour illustrer la couverture de son prochain livre. Il ne pouvait, à ce stade, en dévoiler la teneur mais m’assurait que ma peinture et son livre se complétaient étrangement. Ma gorge devint sèche, j’eus besoin de boire une autre coupe.

 De retour dans mon atelier, quelques jours plus tard, je trouvais une inspiration frénétique, sacrifiant un peu plus mon mari, le jardin et les tâches ménagères pour peindre et peindre encore. Je tentais de développer encore et encore cet esprit qu’avait évoqué devant moi Laurent Palanche. Je relisais ses livres, les abandonnais pour peindre ensuite. Je mélangeais physiquement ses mots à de la peinture en découpant plusieurs pages tirées de son premier ouvrage pour les déposer en une matière inédite sur l’une de mes toiles. Je venais de poser ma signature au bas d’une série qui constituait selon moi un triptyque lorsque le téléphone m’a dérangé. Le numéro comportait suffisamment de chiffres pour qu’il s’agisse d’un appel depuis l’étranger.

 La voix de Palanche, cette voix sensuelle et grave à la fois qui m’était familière, résonnait dans l’atelier. Depuis notre rencontre à Paris, j’avais souvent pensé à lui. Il était retourné au Québec avec trois de mes toiles, comme il me l’avait annoncé. Qu’il me contacte directement m’étonnait. Pendant les semaines qui ont suivi, il m’a très souvent appelé et nous passions des heures à bavarder, nourrissant une amitié que je trouvais féconde. Et un jour, il m’a proposé d’expérimenter une des options qu’il allait présenter sur son site dans quelques mois. Il souhaitait que j’en sois la première bénéficiaire. Je devais me connecter à une adresse qu’il allait m’envoyer par mail et me laisser guider. J’étais enthousiasmée par ce témoignage de confiance. Je n’en parlais pas à mon mari, cachant ce privilège inouï, désireuse de garder pour moi seule cette relation si particulière.

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