* Ce matin tant attendu

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Il est l’heure. Son TGV le ramène enfin à la maison. Trois mois et deux jours qu’il n’est pas passé sur le paillasson du pavillon si mignon qu’ils ont choisi ensemble (ils ont choisi le pavillon ET le paillasson !).

Trois mois et deux jours qu’il erre dans des lieux tenus secrets pour la sécurité de ses proches mais son engagement dans l’armée est inné, et rien ne le fera changer de métier même pas son coeur.

Elle l’attend de pied ferme, au bout du quai. Elle a eu de ses nouvelles uniquement par des messages de ses supérieurs. Cette mission-là était vraiment particulièrement longue et les consignes strictes : aucun contact familial. C’est un comble pour un informaticien d’être interdit d’envoyer et de recevoir des mails même cryptés.

Elle appréhende ces retrouvailles. Le trimestre était vraiment long. Qu’a-t-il vécu ? Va-t-il être le même ? Elle sait très bien que non car il aura vécu et vu des choses que personne n’aimerait voir.

Nouvelles consignes de sécurité. Gestes barrières. Elle doit attendre derrière les portiques automatiques. Zut ce n’était pas comme ça à son dernier retour. Elle ne va donc pas pouvoir attendre que les deux wagons du train se soient évaporés, qu’il soit seul sur le quai pour courir vers lui …

Le flux de voyageurs se réduit… elle ne l’aperçoit pas encore. Elle réussit à approcher un agent SNCF pour attendre le bon moment et le supplier de lui ouvrir le portique.

Ça y est, elle le voit, sur son tapis volant, accompagné. Il la cherche, et comprend vite que les barrières la freinent. Mais voilà qu’elle passe la frontière entre les voyageurs et les visiteurs de la gare. Elle ne court pas comme à son habitude. Elle ne peut pas.

Que lui arrive-t-il ? Mille pensées dans sa tête. Elle va le quitter. Et comme elle l’a toujours dit, elle vient lui dire en face. Sa gorge se serre, les larmes lui montent, son bonheur de rentrer lui échappe. Il est inquiet. Il n’arrive pas à actionner son fauteuil. L’accompagnateur le pousse. Quand elle est à bonne distance, l’accompagnant a la délicatesse de stopper le tapis volant et s’adresser à un collègue resté à quai, un peu plus loin.

Elle sourit et tremble à la fois, elle cherche ses yeux, elle vise son sourire.

Plus elle approche, plus elle défait son sourire de son propre visage … Il a une sale tête. Il ne sourit pas. Elle s’inquiète, accélère un peu le pas.

Plus elle approche, plus il assèche ses larmes. Plus il la regarde, plus il semble comprendre.

Plus elle approche encore, plus elle devine ses lèvres s’inverser.

Plus il la regarde encore, plus il devine son ventre arrondi.

Elle est près de lui. Ils pleurent ensemble, se respirent, s’embrassent. Elle l’embrasse avec les mains comme il aime tant sentir ses mains sur son visage. Il pose sa main sur ce ventre annonciateur d’un immense bonheur.

Ils sont réunis. À deux et demi.

jFA

Défi : Il ou Elle est revenu. Il ou Elle vous a manqué, et vous lui avez manqué aussi. Imposé : Pas une parole, juste des regards sur le quai d'une gare. Pas un mot, juste le touché, celui de l'être aimé.

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