18. Premier rendez-vous. (Kol')

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Kolrarid était réellement sur le cul après ce qu’il venait de se passer dans son appartement… Il était tombé sur Camille, comme ça, sans l’avoir retrouvé de lui-même, après une de ces longues journées de travail. C’était le destin, ce n’était pas possible autrement. Le pire dans tout ça, c’est que pour lui, il pensait que justement, le retrouver allait être difficile. Enfin, non. Ne pas le retrouver, mais arriver à l’atteindre. Se disant que les anges le surveillaient de près et empêcheraient Kol' de l’approcher. Mais non, rien de tout ça. Donc malgré tout, ils laissaient la réincarnation de Camille faire sa vie, même s’il retombait sur le démon. Bon à savoir. Très bon à savoir, même. Maintenant, encore fallait-il qu’il ne retombe pas sur Ténébrays.

Au moins, il avait réussi à obtenir le numéro, le nom et le prénom de Camille. Ethan… C’était tellement étrange d’arriver à identifier le simulacre de l’ange à travers ce corps d’humain. Il avait gardé la couleur de ses cheveux et de ses yeux… Une couleur qui lui réchauffait le cœur, assurément. Maintenant… Que se passait-il ? Que devait-il faire ? Attendre que ce Ethan le recontacte ? Il tenta d’abord ça, mais au bout d’une bonne semaine, il se rendit compte que rien de concluant ne s’était passé. Donc, Ethan lui avait donné son numéro, mais semblait clairement se foutre de vouloir le connaître ou non. Pourtant… Une partie de lui était venue jusqu’à son appartement.

Alors il se mit à réfléchir à un plan d’action. Parce que oui, séduire un hétéro, qui était au courant de sa réincarnation, ça allait être coton malgré tout. Il avait bien vu cet amour dans son regard, pourtant, tout son corps et son ami semblaient faire obstacle à cela. Une épreuve de plus que la vie mettait sur son chemin. Il avait affronté la torture la plus horrible pour un démon, il pouvait bien réussir à séduire un humain. Même s’il n’était pas un incube…

Finalement, la semaine d’après, il mit son plan à exécution. Se faisant dans sa salle de bain une nouvelle coloration. Repassant au noir. Tant pis s’il se mettait en danger. Il fallait mettre toutes les chances de son côté pour que l’amour de Camille renaisse de ses cendres en Ethan. Ensuite, il alla louer une voiture, noire, après tout, c’était sa couleur. Pour finir par faire des recherches, par l’ordinateur des archives, pour trouver l’adresse exacte d’Ethan grâce à son nom et son numéro, car discuter avec lui par messages serait trop long et fastidieux. Autant lui rentrer dans le lard directement. Trouvé. En plus, il habitait une des villes voisines. Comment avait-il pu ne pas le trouver plus tôt ? Il n’était vraiment pas doué pour jouer les détectives…

C’est en s’habillant classe et sexy, comme il le faisait si bien, qu’il prit sa voiture pour se rendre à l’adresse de sa cible tant désirée, espérant que le programme de la journée allait porter ses fruits. On était samedi, alors qu’il a des cours, du staff ou quoi, il devait sûrement être en jour de repos. Il fallait absolument qu’il vienne avec lui aujourd’hui même, car au fond de lui, Kolrarid sentait que c’était le bon jour pour ça.

Arrivant devant la maison de celui-ci, il se gara juste en face. Pour venir sonner à la porte. Espérant que ce soit lui qui ouvre, mais non… Tiens ? Serait-ce sa mère ? Elle avait un certain charme. Lui était habillé à la façon punk, avec son haut en résille, laissant voir son torse en dessous. Torse plus aussi lisse, car il avait une cicatrice près du cœur, produit par l’épée de l’ange guerrier qui l’avait transpercé… Et des sévices de Lucifer et Ténébrays. Par-dessus, il portait son perfecto noir, agrémenté de piquants. Et pour le bas, un jean délavé gris et des Drs Martens noires avec l’Union Jack dessus. La mère, en voyant le démon se mit à rougir.

— Bonjour, Madame. Je suis venu voir Ethan. Est-il à la maison ? se présenta-t-il d’un ton charmeur.

— Oui. Oh ! Ethan ! Un ami à toi ! cria-t-elle à l’intérieur de la maison.

S’en allant quand le jeune homme se montra. Celui-ci ouvrit des yeux étonnés.

— Je ne pensais pas vous revoir… Cela fait deux semaines sans nouvelles.

Ethan avait une petite voix. En effet, il ne s’attendait pas à revoir le démon, et surtout, à le voir tel que dans son rêve. Les cheveux noirs et dans la même tenue.

— Tu fais quelque chose cet aprèm ?

— Pas vraiment, pourquoi ?

— Alors, viens avec moi. Seulement aujourd’hui. Me ferais-tu ce plaisir ? accentua-t-il avec un sourire en coin, laissant voir une de ses canines.

C’est après bien une bonne minute de blanc que l’humain prévint sa mère qu’il passait la journée et sûrement la soirée dehors, prit sa veste et suivit Kol' sans autre forme de procès. Il aurait sans doute dit non, si une sensation particulière ne l’avait pas poussé à accepter. Montant alors dans la voiture, il ne put s’empêcher d’admirer discrètement le démon.

— Vous n’aviez pas les cheveux blancs ?

— Tutoie-moi Ethan. Cela me ferait tellement plaisir…

— D’accord…

— Mais oui, j’avais les cheveux blancs, simplement pour passer inaperçu, car des démons cherchent un des leurs aux cheveux noirs et aux yeux rouges. Pas un démon aux cheveux blancs.

— Mais… alors pourquoi ?…

Cette question semblait vraiment le perturber.

— Car je me suis dit… Qu’être complètement exacte au souvenir que tu as de moi te mettrait plus à l’aise, répondit-il calmement avec un beau sourire en démarrant.

— En effet. Qu’as-tu prévu ?

— On retourne dans ma ville. Je voudrais… Te montrer nos souvenirs…

Ethan resta sans voix. Il allait vraiment lui faire découvrir des choses que son autre moi avait vécues ? C’était… Il ne serait le dire… Romantique ? Très romantique ? Oui, c’était ça. Cette attention lui allait droit au cœur. Ce démon avait l’air d’avoir aimé ce Camille de toute son âme, si les démons en avaient une…

Enfin arrivé, Kol' se gara près d’un grand parc, sans prêter attention à Ethan. S’il n’avait pas aussi peur de faire un faux pas, il serait venu près de lui pour lui prendre la main, mais se dit que ce n’était pas une bonne idée. Marchand, dans le parc, les mains dans les poches à une allure lente, le soleil tapant chaudement sur eux.

— Tu n’es jamais arrêté par la police à cause de ta tenue ?

— Non, jamais. Pourquoi ? Tu trouves ça trop vulgaire ? Pourtant… C’est toi qui m’as sauté dessus le premier… répondit-il d’une voix taquine et sensuelle.

— Mais… Tu n’as pas peur de te faire repérer par d’autres démons, du coup ?… C’était la question qui lui trottait dans la tête depuis tout à l’heure.

— Non. J’ai enduré la chose la plus horrible pour un démon. Alors, me faire trouver… Maintenant que je connais ton identité… Je m’en fiche. Car je pourrais toujours te retrouver…

— Mon pote à raison, tu fais vachement serial cillé, ne put s’empêcher de ricaner Ethan.

C’était particulier. Car il se sentait en sécurité avec Kolrarid près de lui. Même si, comme il l’avait dit, les dires du démon faisaient franchement psychopathes. Enfin, ils arrivèrent à un banc, sur lequel le brun aux yeux rouges s’assit.

— Qu’est-ce que c’est ici ?

— C’est un parc on ne peut plus commun, gloussa Kolrarid.

— Nah, tu crois ? renchérit Ethan avec le sourire, la glace semblait fondre petit à petit entre eux.

— C’est ici que je t’ai retrouvé un jour.

— Tu m’as trouvé ici quand je suis tombé ?

— Non. En fait, je t’avais dit de ne surtout pas sortir de l’appartement, de m’attendre. Mais tu es une sacrée tête de mule et tu n’en as fait qu’à ta tête. Tu avais si hâte de découvrir ce monde… Mais ici, étant qu’ange, tu étais comme un enfant. Et en te baladant, tu t’es perdu, pour te retrouver dans ce parc.

Kolrarid avait souri chaleureusement à ce souvenir qu’il chérissait tant. Espérons qu’à la fin de la journée, Ethan ait des bribes de ceux-ci.

— Je rentrais du travail avec le repas, je passais tout le temps par ce parc et je suis heureusement tombé sur toi. Tu avais eu si peur que tu t’es blotti contre moi pour pleurer.

Ethan semblait ailleurs, c’était comme si, au milieu de ce parc, la scène lui revenait dans un brouillard mental dans lequel il flottait. Puis, la journée continue, il paya à manger au garçon et voulut le connaître. Ses goûts, ses passions… Pourquoi choisir l’Armée, sa vie et son enfance avec sa mère… L’écoutant sans jamais s’ennuyer, car le voir sourire était son bonheur à lui.

Pour finir par arriver devant une salle de concert en sous-sol.

— Tu ne vas pas me traîner chez les punks, si ?

— Haha, ne fait pas le difficile, c’est ici que tu as sûrement la plus grande satisfaction de quand tu étais un ange.

— Ah bon ?

Ethan ne comprenait rien. Un ange, ça n’écoutait pas du rock, si ? Le suivant, ils s’assirent à une table au fond de la salle, près d’un bar qui lui semblait familier. Prenant chacun de la bière, ils écoutèrent la musique ambiante tranquillement, jusqu’à ce que Kolrarid brise le silence entre eux.

— Aujourd’hui, ça a changé de propriétaire, mais… C’est rester pareil. À l’époque… Je travaillais ici. En tant de barman et serveur. Tu voulais avoir un travail, alors je t’ai organisé un entretien avec le patron et tu t’es vendu comme un chef ! Enfin… Sauf que tu as failli dire au patron que tu étais un ange et que tu avais de l’expérience du Paradis, haha.

Ethan rougit à cette idée. En effet, c’était complètement idiot.

— Et c’est là que tu as réussi à obtenir ton premier…

— Contrat de travail, termina Ethan, comme s’il s’en souvenait.

Sa phrase était sortie toute seule. Tout ça était tellement… Particulier pour lui. Il était heureux, mais se sentait bizarre… Comme un lendemain de cuite au niveau du ventre. Et puis, il pensait aussi à ce qu’il s’était passé le jour où il avait rencontré Kol', avec l’accident de la route…

La journée se termina, et le démon, comme promis, reprit la route pour ramener Ethan chez lui, se garant tout devant, mais Ethan ne sortit pas.

— Dis-moi… Qu’est-ce que tu as subi en Enfer ?

— Tu veux vraiment savoir ?

— Oui… Je me rappelle que tu n’avais pas de cicatrices sur le torse…

La voix d’Ethan était devenue un murmure, sa gorge était serrée, il avait peur de connaître les détails. Kol' quant à lui se passa une main dans les cheveux en soupirant.

— D’abord, je suis resté sept ans sur Terre, cloîtré dans l’appartement d’un autre démon. Il m’a torturé… En m’administrant de l’eau bénite dans les veines. Les démons ont une aversion pour cela. C’est… La douleur la plus atroce de la Création, pour nous… Mais heureusement, il ne m’a pas tué grâce à toi… C’était… Ta dernière volonté. Que je survive pour te retrouver…

— Je vois…

— Ensuite, j’ai été traîné en Enfer. Il se trouve que Lucifer, notre cher seigneur, a toujours eu une attirance pour moi. Je suis devenu son esclave, dans tous les sens du terme. Attaché à son lit, je subissais ses sévices sexuels, mais pas que… Il m’obligeait à utiliser mon pouvoir alors que je déteste ça…

— Ton pouvoir ?

— Je peux lire dans les pensées des humains… Mais je ne le supporte pas… répondit-il, le visage terne, ne voulant pas y repenser.

Puis ce fut le silence. Ethan décida alors de rentrer, sortant de la voiture, mais pris d’un élan de courage, le démon lui attrapa le poignet.

— Attends !…

— O.… oui ?… Dit-il en rougissant à moitié, ne comprenant pas pourquoi il réagissait comme ça.

— Je sais que les deux mois ne sont pas terminés. Mais… laisse-moi déposer un baiser sur tes lèvres… S’il te plaît… Pour raviver mon souvenir… Au cas où… Ses deux mois n’aboutissent à rien…

La demande surprit Ethan. Si c’était un stratagème pour le faire craquer, ça n’allait pas marcher, enfin… C’était ce qu’il se disait, mais vu la journée qu’il avait passé… Pas sûr. D’un autre côté, si c’était vraiment ce que Kolrarid voulait… Il pouvait le lui accorder. Ce dernier baisé. De plus… Lui aussi en avait envie, sans se l’avouer véritablement. Alors il se rassit dans la voiture, donnant son accord. Kolrarid soupirant de soulagement s’approcha doucement pour passer une main dans la nuque d’Ethan, et venir poser un baiser des plus doux sur ses lèvres. Intérieurement, c’était comme un feu d’artifice, pour les deux hommes…

— Merci Ethan… Merci… Et… malgré tout, n’oublie pas que je t’aimerais toujours… Toi, le Camille que j’ai connu… Comme le Ethan que j’apprends à connaître…

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