Chapitre 10 : Second Souffle

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« L’écume est puissante, éternel et invincible… Rien n’arrête l’écume, et tout fini par céder face à elle.

Les mains jointes, genoux au sol, tête baissée et yeux fermés. Kiso priait. Intérieurement, elle savait que ce combat n’avait rien à voir avec les escarmouches habituelles de mercenaire. Non, aujourd’hui, si son corps tout entier bouillonnait c’était par rancune. Malgré ça, la boxeuse parvint à garder une maîtrise absolue de sa respiration. Lente, et régulière. Tout comme les battements de son cœur.

Elle entendit la porte s’ouvrir derrière elle. Kiso ouvrit les yeux et posa les mains sur ses cuisses. Reconnaissant immédiatement la silhouette singulière de l’homme.

  • Prête Paquita ?

Elle se releva paisiblement, enfila ses gants, son protège-dents et fit face à Anthony. Le regard déterminé de la cogneuse répondit pour elle.

  • Bien, allons-y. Annonça l’entraîneur
  • Et tu vas le pulvériser cet enfoiré ! S’écria Sébastian furieusement.
  • Garde ton calme. Tu sais très bien ce qui va se passer si tu perds ton sang-froid. Mise en garde Anthony.
  • Oui, je resterai calme cette fois.

L’engouement du jeune hispanique l’encouragea. Ils sortirent du vestiaire, un long couloir les attendait où une lumière jaillissait de l’autre bout. Elle entendit alors peu à peu le brouhaha de la foule, tapant des mains et battant des pieds. Les vibrations de la musique qui secouaient même ses os.

Dans les gradins, c’était un véritable enfer. Un présentateur hurlait des choses inaudibles et ne faisait qu’alimenter l’agitation de la populace. Il faisait chaud, c’était bruyant et l’odeur était insoutenable, proche d’un mélange d’alcool et d’urine. Pauline détestait. La jeune femme tentait de voir par-dessus les épaules de ceux devant elle, discernant à peine le ring au centre de la salle.

Tout un coup, une lumière écarlate vint désigner un endroit de la scène, puis elle apparut. Vêtue d’un boxeur et de straps, le visage sérieux comme elle ne l’avait jamais vu. L’architecte constata aussitôt comme la constitution de son amie avait évolué en deux semaines, elle avait prit du poids et des muscles. Ce qui n’était pas déplaisant à sa vue.

Ce qui l’était néanmoins était l’accueil de la foule : une huée générale s’abattit sur la punk, marchant avec Anthony et Sébastian. Pauline ne comprit pas pourquoi la foule était si déchainée, jurons et insultes fusant tout autour de la Punk.

  • Mais pourquoi il la déteste ? Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Pauline, apeurée par l’hostilité.
  • Wow tant de colère ! Le démon vous aurait-il cassé en deux Mesdames et Messieurs ? Vous- a-t-elle menacé ? Ou bien blessé l’un de vos proches ?

Les annonces ne firent qu’enflammer davantage le peuple. Certains lui jetant tout ce qu’ils avaient sous la main, sifflant à son passage. Les plus téméraire tentèrent de lui cracher dessus.

Kiso en était totalement indifférente. La majorité de Downstreet la craignaient après tout, pas étonnant qu’en groupe ils se sentent assez en sécurité pour s’en prendre à elle quand, dans la rue, ils n’osent même pas la regarder.

  • Les gens te déteste toujours autant… soupira Anthony qui l’aider à grimper sur le ring.
  • Des rapaces ! on devrait leur en coller une après le match ! Fulmina Sébastian, un doigt d’honneur en direction de la foule.

A ce geste, son grand-père lui donna une violente tape sur le crâne. Cela eue pour effet le rire de la foule qui se détendit, mais pas Kiso. A peine venait-elle d’arriver que son regard fût rivé droit devant elle, attendant la venue de son adversaire.

Et ce fut son tour.

Il n’attendit même pas le présentateur, Frank se mit à courir, bondit par-dessus les cordes puis atterrit au milieu du Ring à côté du présentateur, sous le feu des projecteurs.

  • C’est… C’est Frank Lewis ! S’écria la voix bourdonnante du microphone.

Là, c’est presque une émeute qui suivit ce nom. Les gens se mirent à hurler de rage, mais la horde du biker répondit aussitôt. Une baston générale s’en suivit, la foule était de plusieurs milliers mais les hommes de Frank étaient déchainés et armés, brisant crâne sur crâne, genoux sur genoux à tour de bras en poussant des rires de dément. Les gardes regardaient docilement le spectacle, sans doute ne voulant pas finir comme les civils.

La vue du massacre horrifia la petite bourgeoise. Bien heureusement, elle, Jasser et Sébastian n’était pas du « bon » côté des affrontements. Mais la simple vue du déferlement de violence les pétrifia. Brusquement, Frank arracha le micro des main du frêle présentateur et clama.

  • Doucement les filles ! Si vous défoncez tout le monde, qui me verra éclater cette pétasse ?

Sa voix était graveleuse et son ton insolent, ses hommes se calmèrent et s'asseyaient à la place de ceux qu’ils venaient de briser. Pauline n’en détestait que davantage l’Homme, son cœur et celui de la punk s’alignant sur la même longueur d’onde : il fallait le vaincre.

Les deux combattants avancèrent et se firent face, leur regard ne quittant pas celui de l’autre, leurs oreilles n’écoutant même pas les consignes de l’arbitre. En effet, à la vue de Biker, Kiso avait vu rouge. Son corps tout entier était crisper, ses poings ne voulait plus se desserrer : Elle comptait bien le démolir.

De son côté, Lewis la regardait de haut. L’Homme était plutôt imposant : une tête de plus que son opposant et surement vingt kilos de plus. Mais il n’était certainement pas le plus costaud qu’elle avait affronter : une ossature plus grosse nécessite plus de coup mais fini par se casser de toute façon.

  • Comme on se retrouve petite racaille, t’es toujours le clébard du lépreux ?

La cogneuse ne répondit pas, se répétant les paroles d’Anthony : garder son calme, elle devait rester cool. Même si la vu de Frank et de ses deux acolytes a ses côté lui lançant des grimaces infantiles ne faisait qu’attiser sa hargne.

  • Pas trop dur la vie de piétonne ? Ta bécane est vraiment sympa, merci du cadeau. Poursuivit le bandit.
  • Je compte bien la reprendre après t’avoir détruit. Rétorqua Kiso, grinçant des dents.

Sa réponse fit rire son adversaire, il lui lança alors avec le plus grand de ses sourire.

  • Tu disais pas ça aussi la dernière fois ? Oh ! J’y pense, comment va notre chère Linguine ? Toujours aussi pleurnichard ?

Là, ce fut trop. Kiso perdit totalement son sang froid et se jeta sur l’homme. Elle fut rattrapée de justesse par ses amis.

  • Je vais éclater ta sale face de rat ! aboya Kiso furieusement.

Pauline était déconcertée, c’était la première fois qu’elle voyait sa Punk perdre son sang-froid. Ils la ramenèrent avec difficulté à son coin, la rage de Kiso gonflant sous les moqueries du bandit et de sa bande.

  • Et merde, elle est tombé dans son piège. Gromella Estéban ?
  • Son piège ? Demandèrent les deux autres en cœur.

Il hocha sérieusement la tête et croisa les bras.

  • Frank est comme ça, il te fait péter un plomb avec un de ses coup bas puis il en profite. Il sait dire ce qu’il fait mal et ça vous vrille le cerveau.
  • Pauvre Kiso… S’enquit Pauline, compatissant.
  • Mais c’est sa chance, la colère décuple les capacités. La provoquer c’est stupide comme tactique, non ? Demanda le médecin.

La cloche sonna, et le combat débuta. Pour un commencement, il fut explosif : un barrage de coup venant de la Punk, ses coups percutant avec rage la garde de Frank. Les attaques sonnaient comme des puissantes déflagrations.

  • Allez Kiso ! S’écria Pauline, voyant son amie mettre son adversaire contre un coin du ring.

Pour l’enchaîner, on peut dire qu’elle y allait franchement. Jabs après jabs, ses poings heurtaient avec une violence inouïe la garde de son adversaire. Mais pourtant, celui-ci restait inflexible, solide comme un roc et totalement sur la défensive.

  • Mais pourquoi il ne bouge pas ? On dirait qu’il est invincible. Remarqua Pauline.
  • La respiration. Répondit Jasser pensif.
  • Tu as remarqué alors ? Demanda Estéban sur une note sérieuse.

Le médecin hocha sinistrement la tête, puis pointa les pectoraux de Frank du doigt.

  • Oui. En temps normal, les coups de ton amie plieraient n’importe qui car peu de gens savent gérer leur souffle. Un coup dans le ventre, le souffle est coupé ou alors ils ne trouvent pas le rythme régulier du souffle qui permet de d’encaisser. C’est une technique de pro, et Frank semble la connaître. Taper dans sa garde, c’est tenter de briser un mur.

Mais malgré tout, un puissant crochet parvint à mettre le truand au sol sous les cris de la foule.

  • Elle l’a eue ! S’écria la bourgeoise avec joie.
  • Non… je pense plutôt que c’est lui qui l’a eue. Affirma Estéban.

Elle le regarda circonspect, l’hispanique lui montra les gants de la punk. Et elle comprit.

Du sang, le fluide coulait tranquillement le longe des bras de la boxeuse. Frank prenait son temps pour se remettre debout, mettant à rude épreuve la patience de Kiso. Elle ne tenait tout simplement pas en place. L’arbitre vérifia l’état du bandit, puis recommença le match mais la cloche retentit soudainement. Mettant fin au round.

  • Tu tapes comme une gonzesse ! Oh excuse-moi, t’en es une. Provoqua de nouveau Frank, arborant son sourire carnassier.
  • Mais ferme là ! Explosa de nouveau la Punk.

Elle s’assit en rogne sur son tabouret, ses yeux rivés sur Frank, sur son objectif. Des flashs de lui et son groupe de motard dérouiller son ami Linguine lui revinrent en tête, ne faisant qu’alimenter sa colère. A ce stade, elle n’aperçut Anthony qui s’était placer devant elle que lorsqu’il tapa des mains devant ses yeux.

  • Quoi ? Lâcha-t-elle brutalement.
  • Comment ça quoi ? T’as oublié tout ce qu’on a fait à l’entrainement ? Regarde tes mains tu pisses le sang, arrête de frapper sa garde comme une timbrée !
  • Sa garde ne le sauvera pas. Répondit la boxeuse froidement.

Le vieil homme voulut rétorquer, mais la cloche retentit de nouveau et Kiso l’écarta de son chemin. Et ainsi le deuxième round s’initia. Elle avait beau enchaîner les coups, tout ce qu’elle obtenait était ce rire de dément qui l’agaçait tant. Fatiguée de cogner sa garde sans résultat, elle tenta un uppercut brutal, mais prévisible : Frank plaça son coude sur sa trajectoire et un terrible craquement suivit l’impact.

La douleur ramena la punk sur terre, elle recula en secouant sa main et baissant sa garde. Frank en profita pour lui décocher un puissant crochet suivit de deux droites agressives : son combo favori. Le round se termina sur le changement de posture de l’adversaire : à présent, lui aussi aller donner des coups.

  • -Il frappe toujours aussi fort, pas vrais ? Questionna Sébastian qui l’aida à s’asseoir.
  • -Ouais… je l’ai pas vu venir. Haleta Kiso en secouant la tête pour chasser les maux de têtes.

A ses mots, Anthony lui lança un regard noir qui voulait tout à fait dire « je te l’avais dis » mais sans prononcer un mot, Il l’aida à rincer sa bouche, l’aida à cracher dans un sceau et à la remettre sur pied. Le combat reprit aussitôt.

Le troisième round fut différent. Kiso avait perdus en agressivité et Frank porta ses premiers coups qui étrangement entaillaient la peau de la boxeuse. Chaque impact qui précédait le suivant gagnait en intensité. La foule acclamaient les combattants, Pauline retenait son souffle.

Un étrange sentiment, ou sensation la gagnait peu à peu. Lorsque sa cogneuse recevait une blessure, une douleur lui parcourait le corps, ou le cœur plus précisément. Des picotements, des pincements… le combat poursuivit et la douleur qu’elle ressentait grandissait devenant de véritables électrochocs. Elle serrait sa poitrine d’une main, sa respiration brulait ses poumons et ce spectacle qu’elle voyait… elle le détestait.

Pourquoi devait-elle se battre ? Pourquoi vouloir faire mal et avoir mal ?

  • Je ne sais pas trop, mon frère et elle on toujours était comme ça. Ils aiment se battre et encore plus quand ils ont une raison. Répondit Estéban.

Pauline ne s’était même pas rendu compte qu’elle venait encore de penser à voix haute, elle voulait détourner le regard lorsqu’un coup était trop violent. Mais si Kiso endurait, elle aussi devait lutter et se battre.

L’allonge de L’homme était bien plus grande que celle de Kiso. Ça, et le fait que les mains de Kiso soient blessées… les avantages commençaient à se cumuler du mauvais côté. Bientôt, un déluge de coup s’abattit sur elle, des coupures parsemèrent son corps, chose impossible à faire avec des gants normalement. D’ailleurs, on pouvait voir dépasser d’étranges morceaux métalliques de ceux de Frank maintenant qu’ils commençaient à se déchirer.

  • Mais il triche ! S’indigna Jasser, suivit par des membres du publique.
  • Bien sûr qu’il triche, on parle de Frank Lewis. Rit nerveusement Estéban.

Les dix dernières secondes du troisième round furent un pour supplice pour la punk : son adversaire laissa totalement sa défense de côté et multiplia ses attaques de toutes part provoquant une véritable pluie de sang… mais laissant une ouverture ! Kiso accepta de prendre un violent coup au visage pour charger son poing et décocher une puissante frappe marteau sur le crâne du bandit.

C’était le premier coup qui le touchait réellement, et il surprit suffisamment Frank pour le faire arrêter son attaque, titubant légèrement en arrière.

La cloche retentissait dans les oreilles bourdonnantes de la boxeuse. Elle s’écroula brutalement sur son tabouret, haletante mais le regard emplis de détermination. Si l’arbitre avait décidé de jouer les aveugles, la foule n’était manifestement pas dupe et sous sa pression grandissante il examina les gants de Frank.

Ce fut sans surprise qu’il retira des lames et clous avant de lui donner de nouveau gant. La foule s’emballa furieusement se firent stopper net par la meute du bandit. Au moins, le nom de la cogneuse retentissait dans toute l’usine. Si elle n’avait pas gagné par la disqualification de son adversaire, elle a au moins gagné le cœur des spectateurs ce soir.

Anthony examina les entailles, elles étaient peu profondes et il parvint à stopper les hémorragies avec une pate curative. Mais lorsqu’il prit les mains de Kiso, son visage se tordit de douleur.

  • Non, t’es plus en état de te battre. Je vais dire qu’on abandonne.

L’entraineur se leva mais elle l’attrapa par la manche, son regard croisa le sien, Kiso secouait la tête négativement.

  • Je sais… ce que je fais. Grimaça-t-elle

Confus, Anthony se demandait si elle parlait sérieusement ou si c’était juste son côté têtu qui prenait le dessus. Sébastian ne prononça pas un mot en sa faveur, semblant même plus réticent que lui à poursuivre le combat. Il soupira, regrettant d’avance ce qu’il s’apprêta à dire.

  • Très bien… grommela-t-il. Mais utilise ce round pour esquive. Joue défensive, il va forcément vouloir en finir alors montre lui ce que c’est qu’un vrai roc.

Elle hocha la tête, la cloche sonna, elle se releva, et le match reprit.

  • Pauline, ça va pas ? Qu’est-ce qui t’arrives ? S’inquiéta Estéban

Essoufflée, transpirante, son crâne... c'était comme si il était sur le point d'eploser! Malgré tout elle sourit en direction de l’Hispanique. Elle tenta de répondre mais au même moment la boxeuse se prit un violent coup dans les flancs et Pauline se crispa de douleur. Témoin de sa réaction, le médecin se pencha vers elle et posa sa main sur son front. Ses yeux s’écarquillèrent, elle était brulante.

  • La Synchronicité. Murmura Jasser. Je pensais ne jamais voir ça de mon vivant.
  • La quoi ? Demanda Estéban.
  • Des études ont montrés que deux entités peuvent entrer résonnance quantique.

Devant le regard perdu de ses deux amis, il simplifia.

  • En d’autres termes, ce qui arrive à l’une…
  • Arrive à l’autre. Termina Estéban. On devrait l’emmener ailleurs avant que ça devienne trop sérieux. !
  • Hors de question ! Affirma la jeune femme en se levant promptement. Je ne fuirai pas quand Kiso à besoins de moi
  • Pauline arrête. Tu ressens ce qu’elle ressent mais tu n’as pas le corps pour l’encaisser. Expliqua Jasser.

Il tenta de l’emmener mais elle recula d’un pas, puis d’un autre, et s’éclipsa dans la foule. Elle entendait ses amis l’appeler mais ses oreilles bourdonnaient et son cerveau était focalisé sur le ring. Elle devait s’y rendre et l’aider à tout prix.

Elle devait aider celle qui l’avait sauvé, celle qui l’avait fait rire, celle qui l’a émue…

aider celle qu’elle aimait !

Son cœur se foudroya de nouveau, ce fut si violent cette fois-ci qu’elle en tomba, sa tête heurtant un gradin et la sonna.

L’arbitre s’était mis à compter, ses cris et les chiffres résonnaient dans la boîte crânienne de la boxeuse. Elle passa une main sur une corde, puis sur une autre. Posa une jambe devant l’autre et se releva malgré la douleur qui tiraillait son ventre et ses flancs. Le regard trouble, elle tenta de se focaliser sur l’arbitre. Il sembla dire quelques choses, elle se contenta d’hocher la tête sans comprendre ce qu’il disait. L’homme hésita, mais redémarra le match.

Le combat avait atteint son apogée, les coups du bandit se multiplièrent mais Kiso parvint à les esquiver tant bien que mal et a porter quelques contres qui galvanisait la foule, maintenant totalement de son côté. Aucun des deux combattants ne parvenaient à prendre l’avantage. Les spots lumineux l’aveuglaient. Le bruit de son sang pulsant dans ton son corps l’assourdissait. Toutes ces esquives qu’elle faisait l’épuisait mais elle garda le rythme grâce à son instinct.

Le bandit fondit sur elle, par réflexe, elle lui décocha une droite qui le fit reculer et galvanisa la foule. Sans les clous et lames cachés dans ses gants, sa garde n’était plus que l’ombre d’elle-même. Kiso tenta d’enchaîner avec un crochet mais il l’esquiva en se baissant et ripostant de deux jabs sur son ventre. Ses jambes étaient sur le point de céder mais les cordes la sauvèrent.

Du moins c’est ce qu’elle croyait.

Derrière elle, un coup la tacla et la propulsa au sol. Par surprise, elle sentit l’une des cordes s’enrouler autour de son cou, pressant sa gorge. On tentait de l’étrangler !

La scène ne dura qu’un bref instant avant que l’arbitre n’intervienne le round se terminant. Mais le temps qu’il dégage les Bikers de Frank, celui-ci en profita pour frapper férocement la boxeuse en plein ventre. La foule devint hystérique devant la triche évidente mais l’arbitre se contenta de mettre le bandit vers son coin du ring.

Kiso agonisait sur le sol, le coup bas avait bloqué sa respiration. Ses poumons la brulaient mais sa gorge ne voulait rien entendre. Ses membres s’engourdissaient et sa vision se troublait. Elle allait vraiment perdre comme ça ?

La punk tenta de se relever, mais en apnée, c’était peine perdue et elle glissait irrémédiablement sur le sol. Elle voyait bien que Anthony et Sébastian tentaient de venir vers elle mais la meute du biker les en empêchaient. Ses sens devinrent vaseux, et elle sentait que l’adrénaline commençait à redescendre, la fatigue prenant le dessus…

Au bord de l’évanouissement, alors que tout devenait noir autour d’elle, une odeur de vanille lui chatouilla les narines. Puis, elle eue finalement son inspiration, de l’air soufflait enfin dans ses poumons vidés. Un second souffle !

Oxygéner, la boxeuse reprit conscience et sentit un contact sur ses lèvres. Chaud et humide, le même goût que son soda préféré, ses yeux se rouvrirent , le visage de Pauline apparut devant elle. Son regard profond la fixait. Le petit ange se retira, un filet de bave glissant de se lèvre à son cou, hypnotisant Kiso qui en oubliait totalement ses blessures. Le meilleur antidouleur qui soit ce baiser.

Remplis d’énergie, elle se releva d’un bond, les spectateurs sifflaient joyeusement la scène mais cela ne génait pas la petite bourgeoise. Trop soulagée de voir que sa cogneuse soit debout et consciente. Elle lui pinça la joue en fronçant les sourcils.

  • Pas de combat, c’est ça ? Sermonna Pauline.
  • Désolée… S’excusa Kiso d’un rire gênée.

Elles échangèrent un regard complice. Le sourire de Pauline la renforça physiquement et mentalement. Dommage que l’arbitre vînt interrompre ce moment d’intimidité.

  • Le combat va reprendre madame, vous devez descendre du ring.
  • Oui bien sûr, excusez moi. Répondit Poliment la jeune femme.

Elle tourna les talons et descendit. Avant de quitter son champ de vision, elle lui lança un clin d’œil. Revigorant entièrement la cogneuse. Bon timing, car le round suivant commença.

Et cette fois, elle avait complètement l’ascendant. Un élan de fierté lui interdisait de prendre le moindre coup et elle ne pouvait s’empêcher de sourire en sachant qu’elle la regardait. Elle allait l’impressionner. L’allonge de Frank n’était plus d’aucune utilité comme son adversaire esquivait tous les coups. Son jeux de jambes ne l’aida pas car il se retrouva bien vite dans un coin du ring, à la merci de la cogneuse. Et sa garde ? Sans tricherie et fragilisé par les autres rounds ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne cède.

Perdant ses moyens, il tenta un crochet en abandonnant sa garde mais Kiso l’esquiva en se baissant, là, elle l’enchaîna avec deux jabs au corps et un puissant revers au visage qui l’étala au sol.

L’arbitre se précipita vers le boxeur mais ne prit pas la peine de compter, il agita ses bras en signe de croix et la cloche retentit une dernière fois.

  • Et c’est une victoire par K.O ! S’exclama le présentateur.

La foule qui avait huée Kiso au début l’acclama par des cris et sifflements de gloire. Un grand sourire au lèvre, la victoire empoché, une grande fatigue saisit son corps. Mais elle ne tomba pas. A peine tourna-t-elle son visage qu’elle sentit qu’on l’enlaçait. Elle reconnut ses amis, le visage débordant de joie et un peu en dessous celui de Pauline. Un mélange de fierté et de soulagement pouvait se lire dans son regard.

Bientôt, ses jambes ne touchèrent plus le sol, un raz-de-marée humain la portant elle et la petite bourgeoise. Epuisée, son nom acclamé résonnant tout autour d’elle lui faisait plaisirs mais pas autant que la mine dégoutée de Frank et la présence de sa dame à ses côtés. Elle se laissa glisser sur Pauline, s’endormant totalement, bercé par ses mains qui caressait doucement ses cheveux.

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