Chapitre 7 : Haut les coeurs

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« Nann, t’es une de ces hystériques fans des Synthétiques ! moi qui pensait que t’aurais des bons gouts musicaux.

Pauline entendait le rire moqueur de son amie au travers du téléphone. Elle était partagée entre bouder ou écouter un peu plus longtemps son rire. Mais elle choisit la première option : personne n’insulte les Synthétiques devant elle impunément.

  • Tu ne peux pas juste dire qu’elles sont nulles ! Leurs voix sont extraordinaires, puis des trois ma préférée c’est Ker-IA. Son histoire est incroyable ! Contrairement aux deux autres qui se sont reboot dans une décharge grâce au pouvoir de la musique, elle, elle s’est enfuie elle-même du complexe du Dr Nazibus. Elle est forte et courageuse et gentille. Tu te souviens quand elle a sauvé ce petit drone sans défense en haut d’un building ?

C’était au tour de Kiso d’être perplexe. Elle n’était pas fan de Stéréo, encore moins des Synthétiques. Ça envoyait du son lourd mais trop girl power puis fake pour elle. Elle avait vraiment envie de ricaner davantage mais elle se rendit compte que Pauline semblait y croire dur comme fer.

  • Okay, okay Madame Bon Cœur, je retire ce que j’ai dit. C’est pas si mauvais que ça. Puis l’histoire de drone je l’aimai bien… quand j’avais treize ans. Pouffa Kiso.

  • Ahhh, pourquoi il faut toujours que tu m’appelles comme ça.

Pauline gloussa légèrement en sentant ses joues se réchauffer. Elle ne put s’empêcher d’imaginer Kiso derrière le téléphone se lécher les lèvres après avoir dit ça. Une sorte de Tic qu’elle avait en flirtant. Même si Pauline, elle, ignorait totalement qu’il s’agissait de flirt. Une sorte de bruit parasite violent sortit du microphone de Kiso, tel une violente bourrasque. Ceci sortit Pauline de sa réflexion.

  • C’est quoi ce bruit ? T’es où ?
  • Oh moi ? Eh bien… sur un toit.
  • Sur un toit ? Mais qu’est-ce que tu fabriques sur un toit d’abord ?

Comme pour souligner sa question le bruit parasite repris de la vigueur, puis fut accompagné d’une sorte de cris grave, coupé par le son d’un choc violent.

  • AH ! Eh bien, du nettoyage. Oui c’est ça, on me paye pour nettoyer le toit.

Pauline était de nature naïve, mais certainement pas au point de gober ça. Elle se mit à froncer les sourcils derrière l’appareil.

  • Kiso j’espère pour toi que t’es pas en train de te battre sur un toit ou quelques choses du genre.
  • Hein qui ça ? Moi ? mais où tu vas t’imaginer des trucs pareils. Répondit l’autre d’un rire nerveux.
  • Kiso…. Grogna légèrement Pauline.
  • Et puis comment tu voudrais que je me batte, j’ai qu’une main valide et elle tient le téléphone. Tu te souviens de ce qu’a dit le doc non ? il me l’a fixée pour la semaine à venir donc voilà.

La bourgeoise voulut rétorquer mais l’irruption d’un visage familier dans son bureau la coupa dans son interrogatoire.

  • Eh bien de toute façon je verrai ça samedi. D’ici là tient toi tranquille je dois te laisser. Au revoir. Coupa Sèchement Pauline.

Pauline eut juste le temps de raccrocher avant qu’un Homme vêtue d’un costume à cravate bleue ne s’assoie sur le bord de son bureau. En relevant sa tête, elle sursauta à cause de la proximité avec l’Homme qui violait son espace vitale.

La réaction de Pauline, ainsi que son regard mi-surpris, mi-inquiet fit sourire l’individu. Un sourire charmeur, tout comme ses petits yeux noisette ou la coupe légèrement frisé qu’il portait.

  • B…Bonjour Monsieur. Salua Pauline, se levant promptement et baissant la tête nerveusement.
  • Monsieur ? Pauline voyons, appelez-moi Hugues, nous avons le même âge après tout.

L’âge était le même, en effet. Mais pour une des rare fois l’anxiété social de Pauline avait une certaine logique, ou plutôt tout le monde en avait face à Hugues. L’homme sentait le charisme comme peu de personne peuvent en dégager. PDG de la Mégacorporation SID y Electro ; actionnaire majoritaire de plus de la moitié des médias de Dyrion ; ami proche du Maire lui-même et décoré de la croix de guerre…. La liste était sans fin.

L’influence tentaculaires de l’Homme était arrivée rapidement dans l’organisation de Pauline : en effet, il s’agissait d’un client titanesque. Le genre de client à qui on ne dit pas non.

  • Je m’excuse Monsieur, mais je pense que je n’arriverai pas à vous appeler ainsi un jour.
  • Eh bien cela prendra le temps qu’il faudra.

Hugues se mit à rire d’une façon mélodieuse, mais pour autant, Pauline regretta que ce ne soit pas Kiso qui se trouve à sa place à cet instant. Heureusement qu’elle avait éteint son téléphone sinon il serait surement en train de vibrer encore et encore. En fait, elle était mal à l’aise avec cet Homme. Elle arriva à reculer d’un léger pas discret afin de sentir un peu moins mal, et repris d’une voix douce et professionnel. Affichant son plus beau faux sourire.

  • Vos visite sont toujours un honneur pour notre modeste établissement. Si vous cherchez Monsieur Sirwound il doit être dans son bureau au troisième étage…
  • En train de faire la sieste sans doute ? Je vous remercie mais je ne pense pas qu’il me soit d’un quelconque intérêt que d’aller discuter avec cet Homme. Répondit Hugues

Il marquait un point. Sirwound l’opulent, comme l’appelaient ses collègues n’avait d’égale à son poids que sa paresse. Après… comment lui en vouloir lorsque que sa secrétaire en chef effectue son travail à sa place, sans la paye qui va avec, juste car il lui avait demandé.

Son patron adulé Hugues, tout comme ses collègues, que ce soit pour son pouvoir, sa façon de parler, de se tenir ou juste son physique. Mais pour une raison qu’elle ignorait totalement, l’attention du multimilliardaire était portée sur elle dès qu’il rentrait dans l’agence. S’en était presque comme-ci il la considérait comme la chef ici.

  • Et quel intérêt de venir discuter avec moi Monsieur ? S’il s’agit de l’avancée de l’usine à fusion de titanium les travaux ne commencent pas avant la semaine prochaine et je vous ai déjà donné le cahier des charges Jeudi dernier.
  • Non ce n’est pas ça. Répondit-il simplement en se rapprochant.

Pauline fouilla rapidement sa pile de document et y sortit un classeur vert qu’elle feuilleta rapidement en reculant.

  • Pour la villa de verre à trois étages ? Les travaux son bientôt terminés, mais ça aussi vous devez être au courant.
  • Effectivement, je le sais, donc c’est autres choses. Continua-t-il sur un ton joueur tout en avançant d’un pas.
  • Il doit s’agir des plans pour la construction du pont doré entre vos deux maisons secondaires, je sais que je ne vous les ai pas encore envoyés mais je dois les avoir quelques part…
  • Ce n’est pas ça non plus Pauline. Poursuivit-il en même temps que ses pas.

La femme feuilleta nerveusement le classeur et sursauta de nouveaux au contact dur du mur contre son dos. Il était près, trop près, ses pensées commencées à s’emballer tout comme sa respiration. S’il ne venait pas pour ça alors pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas juste partir ?

  • Je viens pour vous Pauline, Claire m’a mise au courant de votre… petit problème de cœur de vendredi.

« Maudite claire » pensa Pauline en tentant de se calmer.

  • Ce n’était pas grands choses, rien de quoi s’alarmer Monsieur. Vous n’allez quand même pas vous déplacer à chaque fois que j’ai ces petits soucis.

Hugues lança un regard dramatique à Pauline qui la perturba d’autant plus.

  • Ne pas m’inquiéter alors que vous vivez ici à Dyrion ? Où les progrès de la médecine refusent de dépasser le 21e siècle ? Soyons sérieux Pauline, vous devez partir à LigminTown, ou Saturncity… allez tient, Syncity tant qu’on y est, sera plus adapté pour vos besoins.
  • Je ne peux pas Monsieur, j’ai toute ma vie ici.
  • Si c’est du travail, je peux vous en trouver ailleurs. Répondit il d’un sourire victorieux.
  • Je vous remercie de l’offre… mais je dois décliner, ma famille vis ici depuis des générations. Je ne peux pas simplement partir. Mon père…

A ce mot, le visage d’ordinaire calme d’Hugues se raidit. Un rictus au coin de ses lèvres, au côté gauche ajouta un aspect… un aspect… étrange qui terrifia Pauline sans raison.

  • Je vois Mademoiselle Pauchard, eh bien si vous changez d’avis n’hésitez pas à me contacter. Termina Hugues en posant une petite carte argentée sur son bureau.

L’homme lui tourna froidement le dos et repartit par la seule porte du bureau de Pauline. Les questions se bousculèrent dans son crâne. Avait-elle dit quelques choses qu’il ne fallait pas ? devait-elle accepter ? Devait-elle partir ? Tout laisser pour des soucis de santés ?

Sans prévenir, son cœur défaillant rata un bond, provoquant une douleur atroce qui foudroya sa poitrine. Pauline poussa un cri muet et porta sa main à son cœur alors que ses jambes cédaient. Pauline se laissa glisser contre le mur en tentant de calmer les secousses insupportables dans sa cage thoracique. Tout allait bien se passer… Tout allait bien se passer…

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Elle lui avait raccroché au nez ? Sérieusement ?

  • Mais pour qui elle se prend-elle ? Cria furieusement Kiso.
  • arrêtez de crier s’il vous plait. Implora une voix.
  • Ta gueule sinon je te fait tomber ! Cracha Kiso à l’homme qu’elle tenait par le col.

La menace était basique, mais efficace. L’homme de main qui était dangereusement suspendu au-dessus du vide se contenta de pousser un cris de peur avant de se taire docilement. Et se taire il avait plutôt intérêt, car Kiso était de plus en plus furieuse. Tout ses appels vers Pauline étaient sans réponse.

  • Putain mais elle me fait quoi là. Grogna Kiso Furibond.
  • Je crois que je vais lâcher…. Lâcha une voix suppliante.
  • T’aurais pas fais chier le boss il m’aurait pas envoyer te péter la gueule à toi et tes petits copains. Donc, tu parles où je te transforme en meuble comme les autres ?

Pour souligner ses mots, la guerrière désigna de sa main valide la dizaine d’Hommes empilé les uns sur les autres. Franchement, c’est à peine si ils savaient se battre, Kiso se demandait même comment ils avaient pu survivre à Downstreet et encore plus comment ils ont pu faire chier son boss.

  • Okay ! Okay ! Je dirai tout mais aide moi !

Sur ses mots, la prise de l’Homme sur la corniche céda, mais avant qu’il ne tombe Kiso le rattrapa de justesse par la manche, et le jeta sur le toit. L’Homme lâcha un soupire rassuré mais arrêta de respirer en voyant Kiso s’assoir devant lui, composer un numéro et mettre le téléphone en face de lui.

L’appareil sonna lentement à deux reprise, brisant le léger murmure de la brise de fin de journée, puis s’arrêta à sa dernière Sonnerie.

  • Bonsoir Michael. Prononça une voix grave derrière le téléphone.
  • Sal…Salut Patron. Répondit la voix tremblante du traître. Je suis vraiment désolé ! S’exclama-t-il larmoyant.

Kiso sourit, elle avait déjà vu ce genre de scénario une bonne centaine de fois. Son boss allait jouer avec lui, lui parler avec un ton doux, limite amicale histoire de tout lui faire dire, puis au final il finirait dans les arènes ou bien comme bouffe pour ses mutants. Mais si le spectacle l’amusait, elle n’arrivait pas à y prêter crédit.

Ils parlaient d’une sorte de caisse, d’armes, mais son attention était basée sur Pauline. Elle ne l’avait pas vu depuis dimanche dernier et demain elles devraient se rejoindre enfin. « Je me demande comment elle va s’habiller, puis je suis jamais aller dans la haute ville moi, ça ressemble à quoi ? Je sais même pas si j’ai des habits propre chez moi, ou alors j’y vais comme ça ? »

Elle jeta un rapide coup d’œil sur elle-même et aperçut quelques déchirures sur ses habits, surement un des hommes qu’elle vient de tabasser qui à du l’érafler avec un truc tranchant. Elle devrait lui casser une deuxième fois le nez pour la peine.

  • Kiso ! reprit une voix autoritaire
  • Oh pardon Patron, j’ai décroché, vous disiez ?

D’après son expérience et le regard tétanisé de l’homme en face de lui, c’était son moment, mais le mode opératoire pouvait changer selon l’envie du boss. Elle entendit la voix au travers du téléphone soupirer légèrement.

  • Je disait à notre ami en commun que nous allons l’aider à prendre son propre envol s’il le souhaite.

Une seconde s’écoula, puis Kiso saisit le sens second de la phrase. Elle se leva, attrapa l’Homme d’un geste brusque, courut proche du bord du petit immeuble puis le balança.

  • Recroqueville toi ! Conseilla-t-elle en souriant.

Le traître se mit à crier, et sa chute ne dura qu’un court moment. L’impact familier du corps percutant la toiture d’un véhicule fit frissonner Kiso. C’était sa punition favorite après tout. Kiso retourna prendre le téléphone en sifflotant.

  • Encore une belle prouesse Kiso.
  • Merci Msieur, mais franchement c’était de la tarte. Vous avez laissés ces guignole travailler avec vous ?
  • Les temps sont durs et les recrues ne valent plus grand choses… tu t’en sors toujours sans ton bras droit ? Si tu veux tu, peux te reposer.
  • Nan, je tournais en rond chez moi, cinq jours sans rien faire c’était l’enfer.
  • Si possible, tu devrais faire profil bas, histoire que mon ami oublie que tu as bléssé son fils la semaine dernière, si tu vois ce que je veux dire… murmura la voix d’un ton inquisiteur.
  • Pardon Boss… je recommencerai plus.
  • J’espère bien, car sinon il va t’envoyer tous ses hommes aux trousses, et je pense que même toi tu ne vas pas affronter dix milles personnes. Sur ce, je te laisse, et laisse les corps ici Igor et les nettoyeurs vont s’en charger.
  • Compris Boss, à la prochaine.

Le téléphone se coupa, laissant seul Kiso et le murmure du vent.

  • Je me demande ce qu’elle fout quand même. Murmura-t-elle à sois même.

En descendant du petit immeuble, Kiso tenta de la rappeler. Elle attendait tellement une réponse qu’elle ne prit pas la peine de voir le corps tout fracturé (mais en vie) de l’homme qu’elle avait balancé du toit. Son pécher mignon. Au bout du cinquième appel, elle décrocha finalement.

  • Ah! tu décroches enfin. Ta batterie était morte ou quoi? C'est pas sympa de raccrocher au nez. Démarra aussitôt Kiso
  • Désolé j'ai eue un truc à gérer mais c'est fini. Répondit une faible voix enroué au travers de l'appareil.

La cogneuse haussa un sourcil. La voix de Pauline était éraillé. Dissonant totalement de sa voix angélique. C'était bizarre.

  • Un truc à gérer? Comme? Questionna-t-elle de son sérieux naturel.
  • Un client mais je n'ai pas vraiment envie d'en parler.

Sa réponse ne donna à Kiso que l'envie d'en savoir plus. Son instinct lui disait que quelques choses s'était passé. Mais elle respecta la volonté de son amie, répondant simplement par un soupire frustré.

  • En tout cas, je suis contente. Demain je vais t'emmener à un endroit spécial pour moi. Déclara Pauline d'une voie enjouée.
  • Je vois que vous avez déjà tout prévu madame Bon coeur. Reprit Kiso, joueuse.
  • Tu comptes vraiment pas lâcher ce surnom, pas vrai?
  • Aucune chance.
  • Très bien, alors je vais garder secret ce que j'ai prévu. Riposta Pauline d'un ton éspiègle.

Le petit chantage de son amie fit ricaner Kiso. Mais tout de même, tandis qu'elle regardait les secours sauver l'homme qui était "tombé" d'un toit, elle ne pouvait s'empêcher de se demander une chose. Est-ce que c'était, un rendez-vous?

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