La meurtrière amoureuse

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— Pardon ?!

Ni Laitue ni Litchi ne s'attendaient à une telle révélation.

— Sardine, tu es sûre de toi ? demanda Nectarine, perplexe.

— Pas du tout, mais je ne vois pas comment interpréter autrement la phrase "Lactucis amo" ...

— J'en perds mon latin, lâcha Litchi, toujours pas revenue de sa stupeur.

— M... Mais qu'est-ce que ça veut dire, pourquoi est-ce que la meurtrière serait amoureuse de moi ? balbutia Laitue, blême. Je la connais même pas !

— Aha, mais ça nous donne au contraire un nouvel indice ! s'exclama Nectarine, triomphante. La Dame Blanche fait partie de votre entourage, Laitue !

Litchi bondit sur ses pieds.

— Cela réduit considérablement le nombre de suspects ! Laitue, je sais bien que vu ta tronche, ça doit être difficile d'avoir beaucoup d'amis, mais peux-tu me faire une liste des personnes de ta connaissance qui seraient susceptibles de s'être entichées de toi ? Ou même, histoire d'être sûrs de ne négliger aucune piste, fais la liste de toutes les femmes que tu connais.

Tandis que le sergent s'exécutait en poignardant en pensée sa supérieure, Sardine et Nectarine s'assirent sur la moquette épaisse du bureau de Litchi et se servirent un verre de la bouteille de rhum de l'étudiante.

— Fini, Laitue ? Passez-moi ça, ordonna l'inspectrice.

En voyant ce qui était inscrit sur la feuille blanche, elle fronça les sourcils et posa sur le sergent un regard assassin.

— Qu'est-ce que cela signifie, sergent ?!

Nectarine et Sardine tendirent le cou pour apercevoir la liste et hoquetèrent en lisant les trois noms :

" - C. Litchi

- J. Nectarine

- P. Sardine"

— C'est pas moi ! se récria Sardine. Pour une fois, c'est pas moi, j'vous l'promets ! Et puis d'abord je tue pas sans raison moi, faut que j'y gagne quelque chose...

— Laitue, vous nous soupçonnez réellement ? interrogea la criminologue, choquée.

— Je vais répéter la même question que tout à l'heure : sergent Laitue, dois-je te démolir cette chose qui te sert de tronche maintenant ou plus tard ? réitéra l'inspectrice, un brin d'agacement perceptible dans sa voix.

— Ha, en fait c'est juste qu'il connait que nous comme nanas ! pouffa Sardine, qui s'était déjà enfilé la moitié de sa bouteille et commençait à être d'humeur très joyeuse.

Un ange passa.

— C'est vrai, Laitue ? demanda Litchi.

L'ange fit demi-tour et repassa.

— Je prends ça pour un oui. Professeure, vous êtres bien entendu au-dessus de tout soupçon, mais pouvez-vous garantir l'innocence de votre amie ici présente ?

— Moi j'ai – hic – rien fait j't'ai dit, débilos ! riposta l'intéressée.

— Oui, madame l'inspectrice, bien sûr. Sardine joue les dures comme ça, mais en réalité, elle ne ferait pas de mal à une mouche.

— Ouais moi chuis pas - hic - plombière, j'ferais pas d'mal à une douche ! Mais et toi, pourquoi tu s'rais pas la coupable ? Hein ? On soupçonne les honnêtes gens pour mieux - hic - détourner l'attention de soi !

— Mademoiselle Sardine, répondit Litchi, est-ce que j'ai l'air d'être éprise de ce primate humanoïde au point d'aller étrangler des inconnues ?

Elle accompagna sa déclaration d'un regard qui en disait long sur la réponse à cette question rhétorique.

L'étudiante les fixa tour à tour, les yeux plissés.

— Nan, pas vraiment, admit-elle.

— Nous ne sommes donc pas beaucoup plus avancés, constata Nectarine. Laitue, êtes-vous sûr de n'avoir omis personne dans cette liste ?

Le sergent secoua la tête, morose.

— Bien... Sardine n'étant pas en mesure de nous traduire le reste du message pour l'instant – l'inspectrice désigna de la tête l'étudiant occupée à faire des couettes à Nectarine en riant bêtement – , je propose que nous passions à autre chose.

— Voilà, t'es très choupi comme ça ! s'exclama Sardine, qui venait de finir. T'en veux aussi, Litchi ?

Laitue éclata de rire, mais l'inspectrice soupira, exaspérée.

— Professeure, où avez-vous été pêcher une énergumène pareille ? Vous êtes une criminologue renommée, c'est une étudiante polyglotte avec un penchant pour l'alcool, je ne comprends pas...

— Nous nous sommes rencontrées au Alcooliques Anonymes, sauf que comme ni elle ni moi n'avions compris que nous n'étions pas censées donner nos noms, nous sommes restées en contact et avons même fondé une secte, expliqua Nectarine très sérieusement.

— Les Alcoolytes ! brailla Sardine en agitant les bras. Parce qu'on est des alcooliques acolytes cools !

— Je vois...

L'expression de Litchi en disait long sur ses pensées.

Sur ces mots, l'éminente professeure Nectarine, criminologue respectée par tous ses confrères pour sa grande sagacité, se pencha, ramassa la bouteille de Sardine et la vida d'un trait.

Avant que les deux enquêteurs, bouche bée, n'aient pu réagir, le téléphone fixe de Litchi fit retentir sa sonnerie .

Tous sursautèrent et Laitue jeta un regard plein de jugement à sa supérieure.

— Allô ? Oui, inspectrice Litchi à l'appareil. Comment ? Et vous en êtes bien sûr ? Très bien, je vois. Envoyez le médecin légiste sur place et bouclez la zone, rassemblez les témoins et les suspects s'il y en a. Nous arrivons.

— Qu'y a-t-il ? s'inquiéta Nectarine, qui était plus résistante qu'elle n'en avait l'air.

— La Dame Blanche a encore frappé. Nous nous rendons sur les lieux immédiatement. Laitue, allons-y. Merci pour votre aide précieuse, professeure Nectarine. Nous nous reverrons lorsque je serai revenue, à plus tard.

Sur ces mots, l'inspectrice se leva et sortit, entrainant au passage Laitue, qui ne comptait pas bouger.

— À plus tard, Lili ! cria Sardine en les voyant partir. Allez Nectarine, maintenant on va faire un jeu : on lance une pièce, pile je gagne et face tu perds !

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