Prologue

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Ce matin, en ouvrant les persiennes de mon balcon, un sentiment familier emplit mon cœur d'une immense nostalgie mélangée de tristesse. Encore quelques jours, et une année sans toi s'achèvera, comme toujours avec la sensation de ne pas avoir pu te dire au revoir. Au-dessus des pins, le soleil brule de mille feux dans le ciel lavande sans nuage de St Raphael. L'été vient de commencer. Un petit air frais, chargé d'iode des embruns du proche littoral, caresse la peau fine de mon visage, bien changée depuis mes vingt ans en 1944. Je me demande bien quel aurait été le tien mon tendre Roger ? Et quelle aurait été notre vie si ce 13 juillet 1949, je n'avais pas perdu le premier homme qui avait partagé ma vie. Je suis, à présent, une arrière-grand-mère comblée de souvenirs. Certains heureux, qui ont embelli ma vie, et d'autres, que je garde cacher dans un coin, plus difficile à contenir certains jours comme aujourd'hui, quelques mois après la perte d’un de nos petits.

Pourtant, il suffit que je ferme les yeux pour revoir notre maison du Maroc au milieu des orangeraies. Quarante-trois ans après mon retour en France, son image est toujours aussi nette dans mon esprit. Une maison aux murs blancs étincelants entourée d'une étroite terrasse finissant par un petit lavoir de pierre. Chaque jour, j'y allais munie de ma corbeille de linge. Parfois, je jetais dans l'eau, pour parfumer les draps, une pleine poignée de pétales de roses que ma belle-mère entretenait près du porche. Et même si le confort semblait loin de celui du 21e siècle, pour rien au monde, je n'oublierai le sentier embaumé de ces senteurs florales quand les milliers de fleurs blanches du verger offraient leurs nectars sucrés aux essaims d'abeilles à l'arrivée du printemps.

À cette époque, sous ma robe légère se dessinaient les courbes généreuses de mon ventre arrondi. Et pendant que mon premier trésor, Alain, dormait dans son berceau, j'allais me promener sur les sentiers herbacés avec mes chiens : Dick, un admirable berger allemand et Rolfi, une chienne Doberman dressée au doigt et à l'œil. J'appréciai ses instants plus que jamais, ils me permettaient de reprendre mon souffle et de faire face avec courage à la tristesse que j'éprouvai pour celui qui m'avait quittée trop jeune. Et malgré la douleur du cœur, la vie m'avait fourni les deux plus belles armes pour y arriver. Nous, les femmes, sommes capables de déplacer des montagnes pour nos enfants, de nous battre avec force quand nous les sentons en danger. Ils sont le moteur qui nous pousse à toujours aller de l'avant. Mes enfants sont mes trésors. Ils représentent l'unité. La famille. Tout ce que mon tendre Roger était.

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