Chapitre 10. Kitsunes

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Les changeformes se considèrent généralement comme supérieurs aux thérianthropes.

Le fait est que si les thérianthropes peuvent être soit Homme soit Bête, les changeformes, eux, peuvent être Homme, mais aussi toutes sortes de bêtes. Animal à sang froid, à sang chaud, petit, gros, ils peuvent tout être.

Comme ils ne se métamorphosent pas vraiment, mais se contentent de « changer » - l’acte impliquant une consommation nettement moindre de magie - ils sont bien moins impactés par les animaux qu’ils possèdent. Parce que, au contraire du changeforme, le thérianthrope ne possède pas de bête, il est la bête.

Encyclopédie des espèces surnaturelles, tome 1.

Emi s’était efforcée de ne pas arriver en retard. Ce n’était pas dans sa nature, mais elle doutait fort que de témoigner aux changeformes de l’impertinence de la famille de Belle ait été constructif pour elle. Elle adorait sa mère et même ses grands-parents, malgré leur arrogance, mais ne pensait pas que Raphaël et les siens apprécieraient de se voir rappeler cette branche de son arbre généalogique. Quand bien même, ces mêmes relations avaient été un argument pour la faire venir auprès d’eux.

Les de Belle représentaient presque tout ce que les changeformes méprisaient chez les sorciers : la présomption, le dédain des plus primaires règles de savoir vivre, la fatuité et – la pire de toutes ? – la condescendance. La seule chose qu’il leur manquait pour mériter toute la haine que les changeformes éprouvaient à l’égard des sorciers était d’avoir participé au génocide. Ils n’étaient pas blancs comme neige. Peu l’étaient, en réalité. Mais, ils avaient laissé faire. Ils auraient pu agir, ils étaient assez puissants pour que leur voix ne soit pas dédaignée, mais ils n’avaient rien fait. Ils avaient, tout au plus, soutenu l’initiative du Grand Conseil pour faire arrêter tout cela. Simplement – une chance pour Emi – personne ici ne pourrait prétendre que sa famille avait le sang des siens sur les doigts.

Emi ne se sentait pas prête à franchir la porte devant laquelle elle se tenait. Elle fit cependant quelques pas pour l’atteindre, comme pour se donner du courage. Emi entendit, derrière celle-ci, un brouhaha agréable et quelques cris d’enfants. Rien à voir avec ce à quoi elle avait fait face pour son premier – et dernier, vu tout ce qui en avait résulté – sommet.

Elle souffla un bon coup et tendit la main vers la poignée de porte.

Quand elle entra, elle fut d’abord éblouie par la lumière qui rayonnait à travers les nombreuses vitres de la vaste pièce, puis étonnée de voir que son arrivée n’était pas accompagnée d’un silence de plomb. Personne ne s’intéressait à elle.

Les enfants, à droite de la pièce, jouaient à chat. Ce jeu s’assimilait au Keidoro, auquel, ses frères et elle avaient rarement joué. Bien qu’il ait l’air particulièrement amusant.

Àgauche du joyeux boucan, les adultes observaient les plus jeunes s’amuser, un verre et des petits fours dans les mains ou discutaient, non moins gaiement, entre eux. Le buffet, constitué d’une multiplicité de mets allant du plus délicat au plus gras, était dressé sur deux longues tables qui se croisaient à angle droit. Elles étaient plaquées contre les vitres, laissant toute la place nécessaire aux enfants pour courir en tous sens, sans risque de renverser la verrerie, la porcelaine ou la nourriture. Tout semblait tourner autour des petits. Cela n’était pas sans étonner Emi, parce que chez elle, si les enfants participaient aux fêtes, ils devaient surtout se taire et rester sagement à leur place. Ils devaient apprendre des plus grands et non mettre le bazar, comme c’était le cas ici.

Emi vit une petite fille aux boucles blondes, habillée d’un t-shirt rose et d’un tutu, tomber par terre, bousculée par un garçon à peine plus grand et âgé qu’elle. Elle se redressa rapidement sur ses courtes jambes et courut immédiatement après celui qui l’avait fait chuter, alors qu’il lui criait que ce n’était pas lui qu’il lui fallait chasser.

Emi était fascinée. Les sorciers étaient choyés, ils ne devaient pas risquer de porter atteinte à leur corps physique en jouant à de tels jeux. La brutalité qu’ils impliquaient était considérée comme néfaste, considérant la faiblesse de leurs os. En effet, la constitution sorcière était bien plus fragile que celle des changeformes ou thérianthropes, qui, en plus d’avoir des corps particulièrement résistants possédaient un métabolisme à guérison rapide. Ce que les Wakahisa faisaient entre eux était déjà considéré comme « immodérément inconsidéré », s’il fallait écouter l’avis des Anciens.

Emi se sentait particulièrement bête, immobile à l’entrée de la pièce à observer les enfants jouer. Elle pouvait aussi bien faire comme les autres et prendre un verre en s’adonnant tranquillement à cette même activité.

Quand Emi s’avança, elle se rendit compte qu’elle n’attirait pas plus l’attention qu’en restant immobile. Elle gagna alors en assurance et s’approcha du buffet pour se saisir d’un apéritif qui sentait bon les légumes de saison et les épices. Son goût était aussi enchanteur que ce que son apparence promettait. Une explosion de saveur pour les papilles. Emi en saliva tant qu’elle se resservit aussitôt le premier petit four avalé. Elle déposa quelques autres mets qui lui faisaient de l’œil sur une petite assiette et se saisit d’un verre de ce qui semblait être du vin et se détourna pour regarder à nouveau les jeunes changeformes.

La chaleur de l’alcool qui coula dans sa gorge la réchauffa et participa à la détendre. Quand elle fut assez assurée pour lever les yeux, elle constata que sous ce nouvel angle, les murs qui n’étaient pas ouverts sur des vitres étaient recouvert de papier peint aux nuances chaudes et accueillantes. Des fresques y représentaient des animaux s’ébattant dans l’eau et la boue, s’envolant du haut d’une montagne ou répartis sur différentes branches de lignum rubrum. Un sourire fleurit aux lèvres d’Emi à cette seule vue. C’était tout à fait charmant, appropriée pour une chambre d’enfant, par exemple.

Les chats étaient maintenant bien plus nombreux que les souris qui criaient de plus en plus fort, grouillant dans tous les sens pour échapper aux félins qui cherchaient à les croquer. La petite fille qu’Emi avait vu tomber quelques instants plus tôt s’en donnait à présent à cœur joie, courant après souris et chats sans distinction, simplement heureuse de jouer avec les siens. Plus le nombre de rongeurs se réduisait, plus les petits s’éparpillaient et grignotaient sur le territoire des adultes. Si bien que la jeune changeforme au tutu qui courait sans vraiment maîtriser sa trajectoire fonça droit dans les jambes d’Emi. Elle s’écroula à ses pieds avec un petit cri aigu qui se noya dans le raffut ambiant. Elle resta assise, tâtant du bout de ses doigts sa couche, comme pour vérifier que rien n’était cassé. Emi fut prise d’une envie irrépressible de rire.

Une fois que la petite eut constaté que tout était en place, elle se releva et leva les yeux vers Emi. Quand Emi rencontra les pupilles vert brillant de l’enfant, elle fut tellement attendrie qu’elle s’agenouilla pour se rapprocher d’elle. Avant que la sorcière n’ait pu ouvrir la bouche, le petit garçon qui avait bousculé la ballerine maladroite les rejoignit.

— Apolline, tu es au moins aussi maladroite qu’une sorcière, se moqua le garçon en saisissant la petite main de sa compère pour vérifier qu’elle ne se l’était pas égratignée.

— Achi’ ! J’ai attrapé Luc’ et Mat’.

Le sourire qu’adressa Achi’ – Achille ? – à la petite témoigna de toute l’affection qu’il lui portait.

— Alors peut-être pas une sorcière, mais au moins une thérianthrope !

Emi n’était pas étonnée qu’aux yeux des changeformes, il vaille mieux être un thérian qu’un sorcier. Pourtant, Meriah seule savait à quelle point la rivalité entre thérians et changeformes était ancienne.

— Excuse-toi, Apolline, pour être rentrée dans…

Le dénommé Achille porta finalement son regard sur Emi, restée silencieuse, accroupie.

Ses fins sourcils blonds se froncèrent de concentration et il fixa son regard dans celui d’Emi. Reconnaissant la lueur de pure magie qui le faisait brûler, bien qu’elle aurait tout fait à cet instant pour qu’il n’en soit rien, il s’écria.

— … une sorcière !

Que n’aurait-elle pas donnée pour être quelqu’un d’autre, à cet instant, dans ce clan ? Mais si elle n’avait pas été ce qu’elle était, il n’y aurait eu aucune raison pour qu’elle se trouve dans cette pièce remplie de changeformes.

Emi se pencha vers le jeune garçon et le vit sursauter.

— Je ne sais pas pour les autres, mais je pense être particulièrement maladroite. Mais plus qu’un thérianthrope ? Je ne sais pas… plaisanta-t-elle, dans l’espoir de faire disparaître la lueur d’inquiétude qui brillait dans les yeux du jeune garçon.

— Est-ce que tu sais comment on appelle les thérianthropes, chez moi ?

Achille lui fit signe que non.

Inugami. Au Japon, on dit que les thérianthropes sont nés de chiens assassinés durant des rituels magiques terrifiants.

Apolline frissonna au mot « terrifiants » et Emi fit mine de s’arrêter. Elle avait attiré leur attention. Ce qui était son but.

— Est-ce que vous êtes sûrs de vouloir en savoir plus ?

Le garçon d’environ cinq ans hocha vivement la tête, se rapprochant inconsciemment d’Emi. Apolline, plus timide et craintive, serra la main d’Achille, mais finalement acquiesça également.

— Les esprits de ces chiens s’échappent de leurs corps dans la mort. Une mort longue et remplie de souffrances. Ces esprits remplis de douleur finissent par rejoindre et posséder ce qui leur est familier, c’est-à-dire, le maître qui leur a pourtant fait tant de mal. Les esprits des animaux, devenus puissants grâce au rituel magique, rendent ces corps humains plus forts et résistants. C’est pour ça que les thérianthropes guérissent plus vite, vivent plus longtemps et ne peuvent être atteints par les maladies humaines. Mais à priori, vous aussi, n’est-ce pas ?

Les jeunes hochèrent la tête.

— Vous courrez plus vite que moi, n’est-ce pas ?

Ils secouèrent à nouveau la tête.

— Vous soulevez des choses plus lourdes que moi, aussi ?

— Une fois, j’ai aidé papa à porter des sacs de sables pour construire la maison de Maddie, affirma Achille avec un grand sourire.

— Un sac de sable ? Et moi qui ne peut que porter… (Emi fit mine de réfléchir) une toute petite fille en tutu ! s’exclama-t-elle en soulevant Apolline du sol sous ses rires enjoués.

Elle reposa la petite sur le sol, après un instant à rire avec les enfants, et poursuivit son récit.

— Vous courrez donc plus vite que les sorciers, vous êtes plus forts, vous entendez aussi beaucoup mieux que nous. Mais c’est aussi le cas de thérianthropes. Alors, qu’est-ce qui vous différencie ?

— On est plus intelligents !

Emi haussa les sourcils.

— Vraiment ? Je ne sais pas… Dis-moi, maman, elle peut se changer en quoi comme animal ?

— Beaucoup ! s’écria Apolline en levant trois de ses doigts boudinés.

— Adramantis, aigle et crocodile, précisa Achille.

Et Emi comprit qu’ils étaient frère et sœur. Tous les deux avaient de jolis cheveux blonds, des traits encore arrondis par l’enfance, et des yeux de différentes nuances de vert. Mais ils étaient des enfants, ces ressemblances n’impliquaient pas forcément un lien de parenté, d’où sa confusion.

— C’est beaucoup. En combien d’animaux les thérians peuvent-ils se changer ? Un seul. C’est parce qu’ils sont à l’origine des animaux qui ont possédé des corps humains. C’est pour cela qu’ils aboient au lieu de rire et qu’ils mordent quand ils perdent contre des changeformes - ce qui arrive souvent, s’amusa Emi. Parce que les changeformes, eux, sont des Kitsunes. Mais, je suppose que vous savez ce que c’est, vu que vous êtes des changeformes. On doit vous apprendre cela à l’école…

Emi doutait fort qu’on leur apprenne les légendes japonaises qui contaient la création de leur espèce. On leur enseignait plus probablement les mythes inscrits depuis des siècles dans leurs textes. Meriah, déesse de la métamorphose et du règne animal, tombant amoureuse d’un humain et souhaitant le voir embrasser ses propres capacités, souhaitant qu’il puisse l’accompagner sous l’eau, dans les airs et à travers les bois. La magie et quelques souhaits à la Lune et hop ! : un compagnon pour la vie et des enfants à l’origine des différentes lignées changeformes.

Les Japonais avaient leur propre vision des choses. Une vision toujours assez critique, inspirée de légendes plus anciennes encore que l’apparition des créatures des dimensions surnaturelles. Des légendes qui étaient utilisées pour effrayer les enfants. Elles avaient été adaptées au moment où les mondes des créatures nées des Dieux et des hommes s’étaient entrechoqués.

— Non, raconte ! s’écria Achille en hochant rapidement de la tête, pour la pousser à poursuivre.

— Les kitsunes sont de très vieux animaux, des renards rusés. Ils ont survécu aux siècles grâce à la seule force de leur esprit. Ces renards ne sont pas n’importe quels renards, ce sont des renards magiques. Certainement ensorcelés par Meriah, d’ailleurs. Dépassé les cent ans, ces renards voient une deuxième queue leur pousser. Àmesure que les années passent, ils en ont de plus en plus. Quand un Kitsune atteint les mille ans, il devient un Kitsune à neuf queues, très très puissant. Passé cet âge, il acquiert la capacité de se changer quand il veut, où il veut et en autant d’animaux qu’il le souhaite. C’est une créature très respectée au Japon. Comme il a vécu mille ans sous la forme d’un renard magique, il est bien plus sage et puissant que les autres. Clairement mieux que les thérians qui ne sont que de pauvres chiens assassinés par leurs maîtres, n’est-ce pas ?

Achille et Apolline hochèrent une nouvelle fois du bonnet, fascinés au point d’en devenir muets.

— Le Japon, c’est où ? Chez les sorciers ? Tu as dit que c’était chez toi, l’interrogea Achille, les sourcils froncés.

— Tu es très attentif, Achille. Le Japon se trouve en terres de sans-pouvoirs et c’est là qu’est né mon père. Mes frères et moi considérons en quelque sorte que c’est tout autant notre foyer que notre clan sorcier.

— Mais alors, tu es humaine ? Pas sorcière !

Emi secoua la tête.

— Non. Je suis humaine et sorcière. Mon père a épousé une sorcière et j’ai hérité de la magie de ma mère.

— Comme maman, alors ! On est comme toi, à moitié humains ! répliqua Achille doctement.

Emi hocha la tête. Le mélange de sangs était bien plus commun chez les changeformes, raison pour laquelle, les sorciers les méprisaient tant. Diluer sa magie si ancienne ? Quelle indignité.

— Mais alors, ils disent quoi les Japonais des sorciers ?

Emi haussa les épaules.

— Qu’ils ont été béni par une Déesse sanguinaire et qu’ils sont ses dignes descendants, expliqua-t-elle, soudainement triste, peu préoccupée par le fait d’être réellement comprise par les enfants.

Ils semblèrent avoir saisi l’essentiel, parce qu’ils posèrent de nouvelles questions.

— Séléné ? s’étonna Apolline.

Emi tourna la tête vers la petite. Comment avait-elle appris le nom de la deuxième Déesse ? Le peu d’informations que les autres espèces partageaient à propos des sorciers, qui avaient été si criminels, n’étaient que pour les dénigrer et ils ne voyaient donc aucun intérêt à parler de la belle et juste Séléné, tuée si cruellement. Emi n’était pas en colère qu’il en soit ainsi, ils le méritaient bien. C’était juste très triste.

— Maman dit que Séléné était très gentille et qu’elle était l’amie de Meriah. Meriah est très gentille aussi et elle a donné plein de choses de chez nous à Séléné pour rendre sa maison plus belle, comme notre maison, expliqua avec application Apolline.

— Et maman a raison. Séléné était très gentille, mais c’était il y a très longtemps, quand les sorciers et les changeformes étaient très amis. Mais, depuis longtemps, Hécate, notre Déesse actuelle, l’a tué et a mis fin à l’amitié des changeformes avec les sorciers. Les sorciers ont été baignés à la naissance dans le sang qui a coulé de ce meurtre. Beaucoup sont comme Hécate et c’est pour ça que les changeformes ne sont plus les amis des sorciers.

Emi n’essaya pas de cacher cette vérité. Les insultes gentillettes que ces enfants avaient échangées disaient tout ce qu’il y avait à savoir sur leur mésentente. Elle dépassait même la rivalité millénaire entre les changeformes et thérianthropes. Les sorciers avaient fait bien trop de mal, il y avait trop peu de temps, pour qu’il en soit autrement.

— Nathan n’est pas notre ami. Toi aussi tu n’es pas notre amie et tu vas nous faire mal ? lui demanda Apolline en toute innocence.

Cela fit un coup au cœur d’Emi. Comment Nathanaël avait-il pu s’en prendre à ces enfants ? Ils étaient si innocents ! Elle avait été dégoûtée en l’apprenant, mais d’avoir parlé eux, elle se sentit encore plus démunie et indignée.

— Non, bien sûr que non. Je ne ferais pas ça. Je viens pour aider Raphaël et je peux être votre amie, si vous voulez, leur assura-t-elle, sans avoir l’espoir de gagner aussi facilement leur confiance.

— Est-ce que tu peux nous faire mal, là, insista Apolline en touchant sa tempe.

— Non, je ne peux pas. Regarde…

Emi leva sa main lentement vers la petite, pour ne pas l’effrayer, et laissa sa magie affluer. Au creux de sa paume apparut de l’Eau. Àla différence de l’eau, forme sous laquelle elle existait chez les changeformes, l’Eau était bleue. Elle luisait légèrement, comme si une bande de lucioles y avait élu domicile. Elle n’avait pas non plus la même fonction. Si elle était parfaite pour nourrir les sols imprégnés de la magie d’Hécate et les plantes surnaturelles, elle n’était pas adaptée aux sols sans-pouvoirs. C’était la raison pour laquelle toutes les plantes débarquées du Japon par Dai, avaient beaucoup de mal à survivre sur la dimension sorcière. Les étoiles, l’Eau, la Terre et l’Air n’y étaient pas les mêmes. Emi ne savait pas comment réagirait la végétation changeforme si elle s’aventurait à y utiliser son pouvoir. Il n’y avait à priori pas de risques pour les plantes communes à leur deux dimensions, mais …

Comment était-ce même possible que ces plantes survivent dans deux milieux si dissemblables ? Elle n’en savait fichtre rien.

Apolline, mais aussi son frère, parurent fascinés par l’Eau et la jeune fille demanda même à la toucher. Elle sursauta au contact, puis rit. L’Eau agissait comme une caresse au contact de la peau d’Apolline. Elle était vivante et remuait doucement, toujours agitée par les flux magiques.

— Apolline, Achille ! Arrêtez d’embêter Emiko.

Tous trois levèrent la tête, Emi comprise, comme pris en faute.

Emi vit que toute activité s’était arrêtée autour d’eux. Les enfants étaient assis par terre et observaient et les adultes faisaient de même, depuis le buffet. Les regards des enfants étaient intéressés et ceux des plus âgés – qu’elle craignait le plus – à la fois étonnés et rassurés.

Emi eut le sentiment d’avoir réussi un test. Soudainement, elle se fit la réflexion qu’avec leur ouïe fine, ils n’avaient pu louper son arrivée et qu’ils avaient certainement fait mine de l’ignorer, attendant de voir quelles seraient ses premières actions.

En se dirigeant vers les enfants, elle avait attiré leur attention. Ils avaient d’abord dû s’inquiéter – c’était logique, pas besoin d’être devin pour l’imaginer. A leurs regards paisibles, Emi estima avoir quelque part apaisé leur plus grande crainte. Peut-être Raphaël avait-il eu raison de choisir quelqu’un comme elle comme otage. Elle avait l’habitude des enfants, comme elle participait aux formations des plus jeunes. Elle savait également s’en occuper de façon plus concrète, au quotidien, ayant un frère cadet. Sa magie de l’Eau ne pouvait également que réconforter les familles, puisqu’elle se faisait rarement offensive et qu’elle était loin d’être en terre propice. Emi ne pourrait réunir assez d’énergie pour porter atteinte à qui que ce soit. Sa Déesse ne l’aidant pas à équilibrer sa magie, elle s’échappait simplement à tout va et l’empêchait de la stocker.

Il était évident qu’il leur fallait un émissaire. À la fois pour rassurer les autres espèces et le Grand Conseil. Parce que personne n’était dupe de la situation : Emi ne pourrait à elle seule débusquer les tueurs. Il était seulement question d’apaiser les tensions avec les sorciers et, si possible, entre les changeformes. Sa fonction était de maintenir la paix. Et cela passait indéniablement par le fait, dans ces circonstances, de s’occuper et de rassurer ces enfants. Les enfants d’aujourd’hui seraient les adultes de demain. S’ils apprenaient que tous les sorciers n’étaient pas des monstres, ils le transmettraient également, une fois plus âgés. Emi agissait quelque part, à sa façon, pour le bien futur de sa race. Elle contribuait à redorer le blason des sorciers. Oh oui, elle ferait en sorte, aux yeux de toute la communauté changeforme, de passer pour l’incarnation du sorcier actuel. Et pour cela, elle devait se montrer sous son meilleur jour.

— Bien joué, souffla la mère des deux enfants en les rejoignant.

Emi devina leur lien de parenté à la façon dont les petits s’accrochèrent immédiatement à sa taille.

— Raphaël, mon frère, je crois que tu as fait le bon choix.

Emi écarquilla les yeux. Apolline et Achille étaient donc les neveux de Raphaël !

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