Écrit en écoutant notamment : Marilyn Manson - Deep Six (Ketanoise remix) [Metal/Frenchcore]

— Moi je te trouve réellement superbe, dis-je.

— Oh merci…

— Et j’avoue que l’envie est là depuis plusieurs semaines.

— Moi aussi ! Après, il y a eu ce gars dont je t’ai parlé ; j’ai cru que j’allais devenir fou entre les deux. T’imagines, je voyais plus de possibilités avec lui alors que t’es tellement plus proche de moi et que je te connais depuis bien plus longtemps !

— Heureusement qu’on n’a pas trop traîné alors ! Est-ce que je dois te raconter tous mes fantasmes ?

— Oui ! J’ai envie de tout savoir.

— Laisse-moi commencer par le plus évident, dis-je en reprenant possession de ses lèvres.

Il se laisse faire délicatement comme si j’étais le maître de notre jeu sensuel. Échauffé par ma sensation de domination, je dépose ma main sur la bosse de son entrejambe et me régale du sourire enchanté qu’il arbore. Bien qu’il n’y ait évidemment personne pour nous entendre, je me rapproche de son oreille pour chuchoter :

— Dans certains de mes rêves, je te vois complètement nu, à quatre pattes. Je fais glisser mes doigts avec un peu de salive le long de tes fesses, puis j’appuie doucement sur ton entrée. Et tu m’encourages à aller découvrir tes zones les plus intimes…

Je fais une courte pause pour observer sa réaction. Sa respiration est devenue parfaitement audible et son sexe semble tendre encore plus la zone du pantalon sur laquelle ma main s’active.

— Moi aussi, dit-il, depuis le début de l’année, je pense souvent à toi dans mon lit avant de dormir. La plupart du temps, j’imagine que tu passes chez moi ; et pendant que t’es assis à ma table, j’ose venir dans ton dos pour poser mes mains sur tes épaules. Alors tu te retournes avec un sourire ardent, tu te lèves et tu viens me plaquer contre le mur. J’imagine ton torse qui s’écrase contre moi, la chaleur de ton excitation qui me fait fondre. Et après…

Sans un mot, je me lève, l’invite à faire de même et entreprends de rendre son fantasme réel. Je passe mes mains à l’arrière de son pantalon et serre le plus fort que je peux son bassin contre le mien afin de sentir nos deux sexes se rencontrer à travers le tissus.

— Et la suite… ? Je suis tout à ta disposition.

— Ben… j’étais beaucoup trop excité et je commençais à me masturber en pensant à ton visage, tes bras, ton sexe tel que je me l’imagine…

Je ne sais pas si tout cela est naïf ou intentionnel, mais il tape en plein dans le mille.

— Tu as envie de toucher ?

— Oui…

Sa main mal assurée se dirige sur le bas de mes abdos, puis plonge sous l’élastique de mon jogging. Je me cambre légèrement vers l’arrière lorsqu’il redresse mon sexe dans une position plus verticale.

— Oh c’est super chaud !

— Oui, continue, j’aime beaucoup comme tu me touches…

— T’as pas idée de ce que j’aimerais faire avec…

Nous nous quittons finalement vers quatre heures du matin après deux heures d'action encore relativement chaste. Les cours de ce vendredi ne commencent qu’à treize heures trente, ce qui nous fera une nuit quasi-normale, au moins sur la durée. Il faut avouer que malgré la prétendue inexpérience de Lucas, celui-ci m’a fait passer une soirée absolument délicieuse. J’aime énormément les mecs dont les ardeurs et fantasmes se cachent derrière une épaisse couche de timidité.

***

Malgré la lumière du jour qui se fait de plus en plus présente, j’arrive à me rendormir plusieurs fois, jusqu’à onze heures, lorsque je décide de définitivement me lever. Immédiatement, Lucas, et les souvenirs de notre soirée, viennent occuper mes pensées. D’habitude, à cette heure-ci, mes plans de la veille sont déjà loin, aussi bien géographiquement parlant que dans ma tête. Avec Lucas, c’est le contraire : plus je traîne sous la douche et à me préparer, plus nos retrouvailles à la fac se rapprochent. Pour le coup, je n’ai strictement aucune idée de la manière dont je dois me comporter vis-à-vis de lui. Peut-être simplement éviter de changer mes habitudes.

Après une bonne collation me permettant de rattraper le petit-déjeuner raté de ce matin, je me dirige vers la fac pour le dernier cours de la semaine, paré de mon humeur et de mes fringues habituelles. On remettra peut-être une soirée de ce genre dans quelques jours.

Je ne m’attendais pas à ce qu'Andreas me tombe dessus aussi vite :

— Eh mais ce fut la soirée des miracles ! Laisse-moi filmer le visage radieux d’un homme nouveau qui se présente à la fac.

— Comment ça ? répliqué-je alors qu’il recule et se met à tourner autour de moi derrière son téléphone.

— Fais pas genre ! Marine aussi a réussi à choper un gars vraiment pas mal à la soirée d’hier.

— C’est super pour elle ! Mais je vois pas trop… le rapport, terminé-je en commençant à subodorer la suite.

— Lucas m'a tout dit, il est tout excité ! Quel beau petit couple tu fais avec lui !

— Eh mais c’est que la première fois qu’on s’est embrassés !

— Je sais, je te taquine ! Par contre, pour lui, c’est très sérieux. T’as intérêt à assurer, conclut-il d’un clin d’œil en poussant la porte de l’amphi.

Je ne suis pas mécontent de la situation, mais réussir à calmer les ardeurs candides de Lucas, sans le brusquer et ainsi risquer de perdre moi-même la possibilité de profiter de son joli corps, va être un sacré numéro d’équilibrisme.

Et en effet, il est déjà en train de me regarder depuis notre rang habituel... Je vais simplement m’installer à côté de lui en lui rendant son sourire. Heureusement, le cours démarre rapidement et m’évite trop de questions immédiatement. Andreas, qui s’est assis à ma gauche, passe lui son temps à écrire le script de sa nouvelle vidéo tout en se plaignant de son manque de réussite personnel :

— Il ne reste plus que moi : si ça continue encore trop longtemps, je vais bégayer devant la prochaine meuf nue que je vois…

— Je peux toujours t’aider à monter une opération séduction… enfin si t’as quelqu’un en vue, bien sûr.

— Ouais, je t’en parle tout à l’heure.

Je suis plutôt spécialiste des plans, mais je lui dois bien ça après l’épisode de la semaine passée et son soutien sans faille.