Chapitre 12

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Écrit en écoutant notamment : Anderex x Mutilator x Disarray – Twin Turbo [Rawstyle]

Il n’y a plus qu’à espérer que mon craquage total reste sans conséquence… J’arrive à peine à croire que j’aie pu réagir aussi violemment ; heureusement, je vois mal Ilya aller se plaindre alors qu’il est le fautif initial ! Un sentiment de honte profond s’empare de moi lorsque je mets progressivement des mots sur la réalité : je suis coupable d’une tentative de viol en bonne et due forme. Coupable au sens juridique ! Putain, comment est-ce que j’ai pu tomber si bas ? Je ne suis quand même pas un psychopathe ! La sensation d’être allé toucher des frontières aussi glauques me pétrifie comme tout à l’heure.

Je parviens néanmoins à faire illusion et à rassurer Andreas pendant la suite de la journée à l’aide de quelques mensonges bien placés. Enfin, même s’il a de sérieux doutes, il a au moins la délicatesse de ne pas me le faire remarquer. J’essaie de me dire qu’il ne reste que quelques petits jours à tenir avant de rentrer en France et de tourner cette page sombre. Le temps libre que je n’aurais pas du avoir me permet d’aller courir tranquillement pour essayer de me changer les idées. Au moins, les effets que j’ai ressentis hier ont complètement disparu et je pense pouvoir repartir sur de bonnes bases si je ne suis pas embêté par l’affaire avec Ilya.

Je prends une ou deux minutes pour répondre aux sept messages de Lucas laissés en « Vu », lui expliquant sans plus de détail que je n’ai pas été en forme pour la demi-finale.

***

Le lendemain, alors que je termine mon petit-déjeuner, Stéphane, mon coach, passe devant notre table et me lance un regard furieux. En même temps, il me fait discrètement signe, m'indiquant que j’ai intérêt à le rejoindre rapidement.

Cette fois-ci, je sais de quoi il s’agit… et je suis vraiment dans la merde. C’est un coup à me faire exclure de l’équipe, voire bien pire. Je suis instantanément submergé par un stress extrême qui me coupe complètement de tout évènement extérieur. Seul le bruit ambiant résonne de plus en plus fort comme une note unique qui semble m’écraser complètement. Je termine le plus vite possible mon repas, puis dépose mon plateau et me dirige vers l’enfer avec le peu de stoïcité qui a survécu aux évènements des derniers jours. S’il s’agit bien de ce que je pense, révéler la vérité et faire part de mes soupçons ne serait-il pas moins pire ?

Stéphane claque violemment la porte derrière nous.

— Mais t’as complètement pété les plombs, Baptiste ! T’as conscience de ce que t’as fait ? Je t’ai toujours fait confiance, mais là, c’est grave !

Je vois qu’il se retient de hurler pour ne pas attirer l’attention, mais le regard furibond qui m’attaque frontalement ne laisse aucun doute sur sa colère. Je baisse simplement les yeux en attendant la suite du discours. C’était trop beau pour durer.

— Tu crois que c’est agréable d’apprendre que son sportif est allé casser la gueule de son concurrent ? Directement de la part de la délégation russe !

— Je ne sais pas ce qui m’est arrivé.

— Eh ben t’as intérêt à vite le savoir ! On va essayer d’aller régler ça à l’amiable dans une petite heure.

— D’accord…

***

Alors que je suis Stéphane sur le chemin que je commence à connaître, j’hésite plusieurs fois à le retenir pour donner ma version des faits. Mais j’ai trop honte… et je ne veux pas mêler mon homosexualité à ces histoires !

Je lance un regard noir à Ilya dès que j’aperçois sa sale gueule d’ange. Un bandage légèrement rougi lui couvre l’arcade… franchement bien fait pour lui, je n’ai aucun regret sur ce point précis ! Le membre de la délégation russe a vraiment l’air très peu commode, tout droit sorti d’un vieux film d’espionnage ; je me demande bien comment Stéphane va pouvoir gérer ça.

— Ilya said to me he was in his room and you just came to attack him. He has no idea why, maybe just the fact he beat you in the race. I only want the truth, otherwise I will have to make a call to the federation.

Évidemment, Ilya a partiellement menti lui aussi ! En même temps, mauvaise idée d’être gay quand on fait partie de l’équipe russe… Heureusement, son responsable semble moins menaçant que prévu.

— Baptiste, please, make an effort… ajoute Stéphane alors que mon silence commence à durer.

Je vois dans les yeux d’Ilya que celui-ci prie pour que je confirme la version rapportée par lui et le collègue qui nous a surpris. Je suis tenté de lui sauver la mise, mais reste persuadé à cent pour cent qu’il m’a bel et bien drogué.

— D’ailleurs Baptiste, comment tu savais qu’il était logé là ? Tu l’as juste croisé par hasard en te promenant ou quoi ? me demande Stéphane.

— In English please !

Je commence doucement à en avoir marre de cet entretien, marre de cette semaine et de cette ambiance de merde.

— I knew precisely where Ilya’s room was, and for one very good reason : we had sex together two days ago, before the semi-finals ! And he drugged me with antidepressants !

— That is complete nonsense ! hurle Ilya pour se défendre.

— I’ve got pictures ! répliqué-je en sortant mon téléphone.

Stéphane me le pique directement des mains et m’ordonne de me calmer.

— Just let me show you ! I don’t lie ! crié-je de frustration.

Ilya essaye de faire bonne figure, mais il semble à deux doigts de craquer sous la pression. Son responsable déclare en même temps de sa voix imposante :

— My boys… are not… gay. Go fuck yourself with your lgbt shit ! Now, please leave.

***

— Qu’est-ce que c’est que tout ce bordel ? s'énerve Stéphane. Je m’en fiche de tes histoires de cul, mais ça va pas de les attaquer comme ça, sans aucune preuve ? J’ai pas envie d’avoir des problèmes à cause de tes bêtises.

— Sans preuve ? Mais on a les analyses du contrôle anti-dopage ! Et je suis sûr qu’on peut trouver des choses très intéressantes en fouillant chez lui !

— Ce ne sont que des suppositions… Par contre, le fait d’avoir agressé leur coureur, c’est la réalité !

— Mais…

— On va faire profil bas, je ne dirai rien, et tu vas te reprendre sérieusement, d’accord ?

— D’accord…

Je suis choqué par son manque de soutien à mon égard, même s'il est clair que je ferais également mieux de ne pas surenchérir. On dirait que je ne suis bon qu’à courir pour sa gloire personnelle… ça me dégoûte profondément.

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