6 - Carla

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— Je pense que tu as fait bonne impression à Marguerite, me lance Nathalie entre deux silences fatigués d’une journée bien remplie.

— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

— Tu sais, je la connais depuis un peu plus de dix ans et j’en ai vu passer du monde au Manoir. Pour un premier jour, elle a l’air plutôt enthousiaste ce qui n’est pas si évident que ça en a l’air.

Ces quelques mots suffisent à m’emplir d’une joie immense que je peine à cacher. Perdue dans mes pensées, je m’imprègne de cet instant, le regard voguant parmi les nuages et le soleil qui ne cesse de faire irruption entre les platanes, puis les réverbères et enfin les bâtiments de la ville qui s’alignent fièrement au détour de rues propres et fleuries.

La voiture s’arrête exactement au même emplacement que ce matin. Je regarde la même vue que Nathalie lorsqu’elle m’attendait plus tôt dans la journée et observe les quatre fenêtres qui couvrent mon appartement.

— Merci Nathalie. A mercredi, même heure ?

— Tu ne travailles pas demain ?

— Non je m’étais arrangée avec Marguerite à ce sujet, je n’ai pas encore déballé un carton.

— Profites-en bien, à mercredi.

Nathalie klaxonne et démarre, une main secouée à travers la vitre de sa voiture. Un homme trainant un caddie de courses, vêtu de chaussettes blanches à mi-mollet s’insurge, visiblement surpris par le coup de klaxon. Je remarque alors que toute sa tenue ridicule est assortie à un Bob affreux qui lui sert de couvre-chef. Un bras levé, il jure dans sa barbe en direction de Nathalie qui n’hésite pas à changer son signe amical envers moi contre un doigt d’honneur prestement exécuté en direction du bougre.

— Elle a l’air sympa ta copine, entends-je dans mon dos.

Surprise, je me retourne vers la voix fluette d’une femme qui à ma grande surprise semble avoir mon âge.

— Bonjour, euh, oui c’est ma collègue en fait.

Les mains dans les poches, son corps se balance qu’une hanche à l’autre presque au rythme d’une mélodie imaginaire. Je suis subjuguée par ce flegme qu’elle dégage. Son pantalon large à rayures dissimule avec grâce une taille très fine, ainsi que son oversize vert qui lui tombe sur l’épaule droite. Le regard insolent, elle ne semble pas dérangée par le fait qu’elle me scanne alors que je suis à peine un mètre d’elle. Ses yeux d’azur sont fascinants et se fixent aux miens une fois le téléchargement terminé.

— Salut, j’suis Carla, ta voisine. Je t’ai aperçu ce matin quand tu es sortie de l’appart d’Ursula.

Elle me tend une main bien franche et déterminée sous ses allures un peu hippies. je la saisis et rebondis aussitôt :

— Ursula Mitton est l’ancienne propriétaire.

— Oh je sais, elle est morte il y a six mois dans ton nouveau salon, c’est moi qui l’ai trouvé.

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