L'ombre des mots
J’aperçois, je vois,
À la surface de l’eau,
Quelques mots égarés,
Quelques maux oubliés.
Je les observe naviguer,
Pour beaucoup couler,
Ils t’appellent toi,
Mais pourtant je suis là,
Ils ne voient que toi,
Et je jure être là,
Juste en face d’eux,
Je leur faire signe,
Je ne sais s’ils m’ignorent,
Ou s’ils ne me voient pas,
Et pourtant, oui,
Je suis là.
Peut-être devrais-je les sauver ?
Ceux qui se noient,
Ceux qui se perdent,
Ceux qui se lassent,
Avant qu’ils ne trépassent.
Je tends les mains,
Mais le courant est fort,
J’effleure souvent,
La surface de ces maux,
L’effluve de ces mots,
Et puis ils m’attirent,
Ils m’inspirent,
Et je finis par venir.
Je finis par partir.
Et alors je te vois,
Toi, là,
Toi et ta plume,
Toi et tes lèvres,
Toi et ton imagination,
Comment avais-je pu,
Ne serait-ce qu’un instant, croire
Que j’avais une chance face à toi ?
Et alors je devint mot,
Je devins maux,
Et alors que j’avais échoué,
Tu as su attraper,
Apprivoiser, charmer,
Quelques mots,
Beaucoup de maux,
Et je fut l’un deux,
Couché sur ta feuille,
Je t’observais me modeler,
M’améliorer, m’aimer.
Et je devins,
L’un de tes plus beaux mots,
Le plus somptueux maux.
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