Chapitre 9 - Dehors

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Hope ne savait plus trop quoi penser. Elle avait laissé ses pieds la guider dans tout le manoir, son esprit embrouillé par des millions de questions sans réponses. Quand elle releva les yeux, elle ne fut même pas surprise de se retrouver face à la porte de sa chambre. De toute évidence, la maison l’y avait conduite, et Hope lui en fut des plus reconnaissantes. Elle se rendit brusquement compte du poids que pesait la fatigue sur ses épaules.

La jeune fille soupira et pénétra dans la pièce. Abandonnant son livre sur la table basse du petit salon, elle traîna les pieds jusqu’à son lit. La porte se referma toute seule et elle se laissa tomber dans les couvertures moelleuses qui lui tendaient les bras. Les draps étaient si doux et son corps si fatigué qu’il ne fallut que quelques instants à Hope pour s’endormir. Ses paupières se fermèrent doucement et elle plongea dans un soleil sans rêve.

À son réveil, la jeune fille avait l’impression d’avoir dormi des jours et des jours sans pour autant s’être reposé. Elle se sentait étrangement pâteuse. Sa tête était lourde et sa détermination ébranlée. Les questions qui tournaient dans son esprit avaient finis de l’épuiser. Si bien qu’elle ne remarqua pas tout de suite le plateau repas qui l’attendait sagement un peu plus loin sur la table basse.

Lentement, Hope sortit du lit et s’effondra presque sur l’un des fauteuils. Elle regarda longuement la nourriture qui lui faisait de l’œil et finit par céder. La première bouchée qu’elle prit lui donna l’impression qu’elle n’avait pas mangé depuis des siècles. Elle dévora alors son repas et soupira d’aise en se calant dans les coussins du fauteuil en se frottant le ventre. C’était de loin le meilleur repas qu’elle eut pris de toute sa vie. Enfin… c’était du moins l’impression qu’elle avait.

Son regard glissa lentement vers la fenêtre. Ses rideaux étaient tirés, bloquant la lumière extérieure. Hope se leva et marcha doucement jusqu’à elle avant de tirer les tentures d’un coup sec. Elle se retrouva alors face à l’immense pleine lune pourpre qui brillait toujours avec le même éclat que lorsqu’elle l’avait aperçu pour la première fois dans le salon. Rien n’avait changé à l’extérieur, si bien qu’Hope finit par se demander si ce décor surnaturel n’était pas en fait une immense toile.

La jeune fille fit la moue. Le soleil commençait à lui manquait alors même qu’elle ne se souvenait pas de la sensation de sa chaleur sur sa peau.

Très vite, Hope se détourna de la pleine lune. Ce ciel si sombre achevait de la rendre triste. Tout manquait cruellement de lumière ici. Si c’était bien une création de son esprit, pourquoi tout y était si sombre ? Que s’était-il dont passé dans sa vie ? Et pourquoi avait-elle l’impression que les réponses lui glissaient entre les doigts ?

Finalement, son regard se porta sur le miroir de sa coiffeuse. Hope s’assit sur le tabouret juste en face et observa longuement son reflet. Relevant la mèche qui lui couvrait le front, elle examina de nouveau l’étrange toile d’araignée dessiné sur sa peau.

– Qu’est-ce que tu caches ? ne put-elle s’empêcher de demander. Pourquoi tu es là ? Tu n’es pas un tatouage, je ne crois pas que je me ferai tatouer une horreur pareille, surtout en plein milieu du front. Alors… quoi ?

Hope plissa les yeux, fusillant son front du regard. Après un moment, elle finit par soupirer et relâcha sa mèche. Comme si cette marque allait soudainement lui répondre !

Son regard glissa de nouveau vers la fenêtre. Elle se releva et plongea les yeux sur les terres qui entouraient le manoir et au loin, la forêt.

La forêt…

Hope pencha la tête de côté. Que se cachait-il de si terrible dans cette forêt pour que le gardien refuse qu’elle y aille ? Une violente curiosité commença à lui grignoter l’esprit. Et si les réponses à ses questions se trouvaient au dehors du manoir plutôt qu’à l’intérieur ?

La jeune fille médita la question encore quelques secondes avant de prendre sa décision. Elle commençait à étouffer sérieusement à l’intérieur, elle avait cruellement besoin d’air frais, de sortir. Elle avait l’impression que ça faisait des siècles qu’elle se trouvait dans cette étrange maison alors même qu’elle n’avait aucun moyen de voir le temps qui passe.

Cette absence de temporalité pesait aussi sur ses épaules. Quand le jour se levait-il ? Quand la nuit tombait-elle ?

Il me cache quelque chose, pensa-t-elle, peut-être que je trouverais des réponses là-bas

Elle se détourna bien vite de la fenêtre et fondit sur la porte. Dans les couloirs, elle se mit à chercher un moyen de quitter le manoir. Où pouvait bien se trouver la porte d’entrée ? Y en avait-il seulement une ? Elle l’espérait.

Arrivé à un carrefour, Hope se figea. Elle entendait le baragouinage de Peine qui claudiquait dans un couloir adjacent. Brusquement prise de panique, l’adolescente sauta de côté dans un coin de ténèbres. Elle pria pour que la créature ne fasse pas attention à elle et retint son souffle. Après une éternité d’attente, le petit homme difforme passa devant elle. La tête baissée, ses bras traînant derrière lui, Peine continua de parler dans sa barbe sans prêter la moindre attention à la jeune fille avant de disparaître dans un autre couloir.

Quand elle fut certaine qu’il se trouvait assez loin, Hope sortit de sa cachette. Elle attendit encore quelques secondes que l’écho de ses pas maladroits disparaisse pour de bon avant de poursuivre sa route le cœur battant.

Hope tourna en rond pendant un moment, maugréant de se retrouver systématiquement dans un cul-de-sac. Au bout de la sixième impasse, elle perdit patience. Les mains posées à plat sur le mur en face d’elle, la jeune fille fronça les sourcils et se redressa, fusillant le plafond du regard.

– Mais qu’est-ce qui cloche avec toi ? Pourquoi tu ne veux pas me laisser sortir ?

Silence.

– Je te préviens, si je ne trouve pas la porte, je passerai par la fenêtre.

Toujours rien.

– Très bien, fit-elle en s’écartant du mur.

Hope se détourna, furieuse. Au même instant, elle entendit un étrange craquement dans son dos. Quand elle se retourna, la jeune fille se retrouva face à une imposante porte à double battant. En regardant autour d’elle, elle découvrit un hall immense mais complètement vide. Les murs blancs, ternes, étaient nus, les meubles poussiéreux et le sol au dallage de damier pas du tout assortit au reste des étages.

Perplexe, Hope s’approcha de la porte et posa une main sur la poignée. Elle hésita un instant, regardant autour d’elle.

– Ce n’est pas un piège au moins ?

Pour toute réponse, la porte s’entrouvrit devant elle. Un large sourire illumina le visage de la jeune fille.

– Bah, tu vois quand tu veux.

Et aussitôt l’adolescente s’échappa du manoir à grand pas, laissant la grande porte se refermer derrière elle.

Hope inspira profondément l’air frais de cette nuit sans fin. Elle se sentait soudain beaucoup moins claustrophobe. Mais après réflexion…

– J’aurai peut-être dû me changer, marmonna-t-elle en regardant sa longue robe traîner dans l’herbe.

Elle haussa des épaules et poursuivit sa route, observant avec une attention redoublée les alentours. Le jardin, hormis le fait qu’il fut illuminé par cette étrange lune rouge, était de toute beauté. Partout où son regard se posait elle ne voyait qu’un océan de fleurs colorées. Roses, lavandes, tulipes et pivoines se côtoyaient dans un maelström de pétale et de parfum entêtant.

Mais ce n’était pas le merveilleux jardin qui l’entourait qui intéressait l’adolescente, mais les ombres inquiétantes qui se dressaient juste derrière lui. La forêt.

Une fois parvenue à l’orée du bois, Hope se figea. D’étranges murmures lui parvenaient depuis l’obscurité des arbres, portés par le vent qui berçait lentement leurs branches. Elle n’en comprenait pas le sens mais sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Sa détermination s’ébranla quelque peu alors qu’un sentiment d’insécurité se rependait dans sa poitrine comme un venin.

Elle tenta alors de se calmer. Inspirer… expirer… inspirer…

– De quoi j’ai peur ? se demanda-t-elle en se redressant. Ce n’est qu’une forêt. Et dans ma tête en plus. Je ne crains absolument rien.

Prenant son courage à deux mains, Hope fit un pas en avant, pénétrant dans la forêt. L’obscurité l’engloutit aussitôt. Il faisait si sombre à l’ombre des arbres que l’adolescente se retrouva quasi aveugle.

Elle suivit pendant un moment un chemin tortueux, buttant et trébuchant sur des racines toujours plus hautes et robustes. Bientôt elle sentit sa détermination s’évaporer. Entrer dans cette forêt n’avait peut-être pas été la meilleure idée qu’elle ait eue. Hope chercha alors à revenir sur ses pas. Elle marcha encore et encore, s’accrochant aux buissons, s’écorchant sur les ronces.

Mais le temps passant, elle dut se rendre à l’évidence : elle était perdue.

Soudain elle entendit des pas approcher. Son sang se glaça. Le silence c’était fait total. Elle n’entendait même plus le bruissement du vent dans les feuillages. Seul le son de son cœur lui battant dans les tempes lui parvenait. Et, petit à petit, comme un poison mortel, la panique s’insinua dans ses veines. Qu’avait-elle fait ?

Les murmures reprirent alors avec plus d’ampleur et des silhouettes apparurent entre les arbres. D’étranges lueurs s’allumèrent brusquement, éblouissant la jeune fille qui plissa les yeux, gênée. Quand son regard s’habitua enfin à la lumière, Hope sut tout de suite qu’elle venait de commettre une énorme bêtise en entrant dans ce bois.

Tout autour d’elle se dressait des êtres encore plus hideux et étranges que Peine. Et surtout, beaucoup plus grand et incroyablement plus menaçant. Partout où son regard se posait, Hope ne voyait que crocs, regards meurtriers et griffes acérées. Si elle n’avait pas passé tant de temps dans le manoir, elle aurait pu croire qu’elle cauchemardait.

La terreur la submergea. Elle se mit à trembler sans pouvoir s’arrêter, priant intérieurement pour que ce ne soit vraiment qu’un mauvais rêve. Ses yeux commencèrent à lui piquer alors que les larmes montaient. Puis, n’écoutant que son instinct, la jeune fille se détourna et commença à courir à travers bois. Elle devait sortir de là au plus vite.

Mais pourquoi avait-il fallut qu’elle quitte le manoir ?

Derrière elle, Hope pouvait entendre les rires et les grognements des monstres la poursuivre. Les yeux brouillés de larmes, elle accéléra tant qu’elle put. Plus vite, plus vite. Dans sa panique, Hope laissa même ses chaussures derrière elle, embourbées dans la terre humide. Le tissu de sa robe ne cessait de s’accrocher aux buissons. Les ronces lui écorchaient les pieds, lui griffaient les bras. Pourtant Hope ne sentait pas la douleur. Il n’y avait plus que la peur et les monstres.

Elle devait s’enfuir.

À tout prix.

Brusquement, Hope butta à nouveau sur une racine. Elle n’eut pas le temps de se rattraper et tomba à la renverse. Étendue dans la terre humide, elle mit un instant à reprendre son souffle. Ses oreilles bourdonnaient au rythme de son cœur affolé. La rosée se rependit sur les plaies que lui avaient infligé la forêt, piquante, brûlante, alors que sa tête commençait à lui tourner.

Hope se redressa, pantelante et se retourna à grande peine. Elle ouvrit alors des yeux immenses, terrifiée.

Devant elle se dressaient des dizaines de monstruosités difformes.

À la lumière de leurs étranges lanternes flottantes, Hope put enfin discerner les monstres qui l’entouraient. Des peaux aux couleurs vives improbables, des yeux immenses et injectés de sang. Des oreilles pointues parfois coupées, des cornes difformes et des balafres diverses.

Hope en avait l’estomac retourné et, si sa gorge n’avait pas été si serré, elle en aurait sûrement rendu son repas.

L’une des monstruosités s’approcha à pas de loup. Ses pieds aux ongles sale s’enfonçant dans la mousse dans un bruit de succion effroyable. La créature semblait prête à bondir sur l’adolescente à tout moment. Hope ferma les yeux de toute ses forces, priant pour se réveiller de ce cauchemar. Elle regrettait tellement de ne pas avoir écouter le gardien et la maison. Elle voulait tellement retourner au manoir, s’enfermer dans sa chambre et ne plus en sortir.

Puis elle entendit le monstre bondir et attendit… attendit… attendit…

Mais rien ne se produisit. Et le silence plana sur la forêt.

Après une éternité, Hope ouvrit de nouveau les yeux. Et ce qu’elle vit la terrifia plus encore que les monstres qui l’entouraient.

Le gardien se trouvait là, devant elle, aussi sombre et inquiétant que la forêt elle-même. Dans son poing serré se trouvait la gorge du monstre qui s’était élancé toutes crocs dehors sur elle quelques instants plus tôt, son corps pendant lamentablement à quelques centimètres au-dessus du sol.

Hope vit bien la créature tenter de se débattre, griffer le poignet du gardien, essayant de le frapper de ses pieds. Mais le gardien n’eut aucune pitié. Il se contenta de serrer plus fort le cou du monstre dans son poing, ses yeux rivés dans ceux, exorbité de sa victime qui suffoquait. Il y eut un crac ! répugnant et le monstre lâcha prise, ses membres pendant mollement de chaque côté de son corps.

Hope était tétanisée, elle avait de la peine à respirer.

Le gardien, lui, semblait parfaitement calme. Il regarda chacun des monstres alentour d’un œil noir. Le gardien jeta le corps de la créature sans ménagement. Celui-ci s’écrasa presque sans un bruit dans les buissons de ronces non loin. Tout autour d’eux, les créatures se recroquevillèrent sur elles-mêmes, reculant de quelques pas dans les broussailles.

Le silence se fit alors total, le regard des bêtes fixés sur le jeune homme. Hope pouvait y lire une colère féroce mais aussi une peur immense.

– Partez.

Sa voix avait claqué dans l’air comme un fouet, faisant sursauter Hope derrière lui.

Lentement, les monstres commencèrent à reculer. Leurs regards ne quittaient pas le gardien en face d’eux, comme s’ils hésitaient encore à l’attaquer. Une éternité passa, puis ils se détournèrent finalement emportant le corps de leur frère avant de se fondre de nouveau dans les ombres de la forêt.

Le gardien garda le silence un moment, immobile. Il attendit que la forêt retrouve enfin son calme habituel et se tourna lentement vers Hope. Son regard était plus sombre que les ténèbres qui les entouraient, si bien que la jeune fille se sentit pâlir plus encore.

Toujours dans le plus grand des silences, il se baissa et lui tendit la main, ses yeux fermement plantés dans ceux de l’adolescente. Elle hésita un instant. Son regard était si froid, son expression si indéchiffrable… Hope ne savait plus quoi faire.

Sa robe était en lambeau, sa chair ensanglantée et son estomac noué par l’angoisse. Qu’allait-il dire ? Qu’allait-il faire ? Elle n’arrivait pas à lire dans ce regard, et ça la terrifiait plus encore que le silence qui pesait sur eux ou les monstres qui venaient de disparaître. Elle pinça les lèvres, baissant les yeux. Elle avait honte, si honte… Alors, lentement, Hope tendit la main et attrapa celle du gardien. D’un geste brusque, il la remit sur ses pieds avant d’entreprendre de la ramener au manoir, la traînant presque derrière lui à travers bois. Elle eut à peine le temps de voir le paysage défiler qu’ils se trouvaient déjà à l’intérieur de la grande maison.

– Ne t’avais-je pas dit de ne pas quitter le manoir ? s’exclama-t-il en la poussant sans ménagement dans le salon.

La porte claqua si fort derrière eux que les vitres vibrèrent.

– Pourquoi es-tu sortie ?

– Je…

Peine apparut alors dans un coin. Hope se tourna vers lui et lu dans le regard du petit homme la même terreur qu’elle éprouvait en ce moment. Le gardien le remarqua et devint plus menaçant encore. Il s’approcha à grands pas de la créature et le souleva sans ménagement par le bras.

– Et toi ! fulmina-t-il, hors de lui. Tu étais sensé la surveiller !

Le gardien se mit à secouer violemment le pauvre homme dans tous les sens. Sa tête, qui était ballotté de tout côté, se penchait à des angles si invraisemblables qu’Hope eut peur, l’espace d’un instant, qu’il ne se rompe le cou.

– Que faisais-tu quand elle quittait le manoir ? vociférait le gardien, le regard fou. Je parie que tu pleurais encore sur ton sort !

Et aussitôt après avoir craché ces mots, il le jeta à travers la pièce. Le petit homme percuta de plein fouet le mur avant de tomber misérablement par terre dans un grand bruit. Hope plaqua ses mains sur sa bouche horrifiée, son regard passant du gardien à Peine.

– La dernière fois ne t’a – semble-t-il – pas suffi, Peine.

– P-pitié… m-maître…

– Je t’avais prévenu, Peine. Rebut inutile, misérable vermine, gronda-t-il en prenant un tisonnier près de la cheminée.

Sitôt l’objet en main, l’extrémité se mit à rougir. Le petit homme devint bientôt plus pâle qu’un fantôme à mesure que l’homme, furieux, s’approchait de lui. Hope réagit sans même y penser. Elle se précipita entre le gardien et Peine qui se blottissait dans un coin obscur en sanglotant, la tête entre ses grosses mains boudinées.

– Ne fais pas ça ! Ce n’est pas de sa faute ! Je suis la seule responsable.

Dès que les mots franchirent ses lèvres, Hope sut qu’elle venait à nouveau de faire une bêtise. Le gardien ouvrit de grands yeux. Il ressemblait à un fou. Il lâcha soudain le tisonnier qui vint brûler à moitié le tapis avant de s’éteindre. Il semblait lutter contre lui-même pour ne pas empoigner violemment le col déchiqueté de la robe de la jeune fille.

Toi

Il détourna les yeux, et recula de plusieurs pas. Il se prit la tête entre les mains, comme absorbé par un conflit féroce avec lui-même.

Hope respirait fort, elle entendait Peine pleurer non loin, le bruit de ses sanglots se répercutant dans toute la pièce. Puis le gardien se redressa et se planta de nouveau devant la jeune fille. Les sourcils froncés, les poings serrés, l’adolescente voyait qu’il essayait tant bien que mal de se maîtriser. Elle espérait simplement ne pas dire encore de bêtise.

– Je t’avais dit… murmura-t-il d’une voix rauque. Je t’avais dit de ne pas aller dehors. Comment faut-il que je te le dise pour que ça rentre ?

Et il explosa de lui-même. Il l’empoigna soudain par les épaules, planta ses doigts dans sa chair. Hope serra les dents, les larmes aux yeux alors qu’elle sentait ses plaies se réouvrir.

– Tu veux que j’échoue encore, c’est ça ? Pourquoi me tortures-tu de la sorte ?

– Quoi ? lâcha-t-elle complètement perdue. Mais de quoi tu parles ?

Se rendant soudain compte de ce qu’il venait de dire, le gardien s’écarta brusquement de plusieurs mètres. Hope tremblait. Elle se frotta les épaules. Une larme coula. Il la regarda dévaler la joue de la jeune fille et sembla soudain se décomposer. Il semblait presque affolé, torturé par une soudaine et vorace culpabilité, des remords. Il fit encore quelques pas en arrière, passant une main tremblante sur son visage.

Hope s’avança d’un pas, le gardien sursauta. Il la regarda un instant avant de se détourner. Il quitta la pièce si vite qu’elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus. Le silence se fit soudain très lourd sur les épaules de l’adolescente. Elle regarda autour d’elle. Peine avait lui aussi disparu.

Son incompréhension était totale. Que venait-il donc de se passer ?

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