Anna

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Elle avait cru qu’ils ne s’apercevraient de rien avant son départ. Cela n’avait pas été le cas.

Les paroles de Sam résonnaient encore dans sa tête. Il devait être dans tous ses états depuis le jour de sa disparition. Au cours d’une de leur discussion, elle lui avait promis d’arrêter une fois les preuves en main. Maintenant, elle était là, prisonnière d’une copie parfaite de la réalité.

Anna se leva du lit où elle s’était couchée la veille, lit qui se trouvait dans un appartement quelconque dont elle possédait les clés. Les murs de chaque pièce étaient revêtus d’une peinture blanc terne. Le mobilier présent était très basique, sans aucune fioriture. Les fenêtres donnaient sur une ruelle déserte. Tout autour d’elle paraissait sans vie propre. Sauf lorsqu’un élément extérieur, objet ou personne en mouvement, entrait en interaction avec l’espace qu’elle occupait. Quand cela arrivait, tout ce qui était inerte s’animait et prenait consistance en l'espace de quelques secondes .

Comme ce qui se déroula à l’instant.

— Vous avez bien dormi.

Anna eut juste un tic nerveux de la tête. À force de subir ses apparitions tout au long de sa captivité, elle s’était peu à peu soumise à ce genre de torture psychologique. Le temps, ou du moins ce qui y ressemblait avait perdu tout son sens dans cette caricature du monde réel. Combien de jours s’étaient-ils déroulés depuis son arrivée, elle n’en avait aucune idée. Quelques images lui revenaient en tête. Le bureau de Zarckov où elle se trouvait avant que celui-ci n’entre et la surprenne à fouiller dans ses dossiers.

— Qu’est-ce que cela peut bien vous faire ! répondit-elle d’un ton sec.

— Allons, allons ! Ne soyez pas agressif de bon matin. Voyez comme le soleil brille. C’est une belle journée qui s’offre à nous, vous ne croyez pas ?

— Votre ironie n’a d’égale que votre malhonnêteté. Vous vous imaginez me garder longtemps dans cet endroit sans que personne ne s’en aperçoive. Tôt ou tard, la relation se fera entre vous et ma disparition.

Zarckov soupira puis s’installa sur une chaise apparue subitement devant lui. Anna le regarda avec dédain tout en remarquant l'étrange appareil dans une de ses mains.

— Anna, en parlant de malhonnêteté, vous comprenez que votre présence ici se justifie par vos actes à mon encontre. Je vous faisais confiance et vous m’avez trahi. Je dirais même que vous avez trahi tout un tas de personnes qui bossaient pour moi. À cause de vous, j’ai dû délocaliser ma boîte. Certains d’entre eux n’ont pas pu suivre et ont perdu leurs places. Avez-vous, ne serait-ce qu’une seconde, pensé à cela en vous lançant dans cette... idée de me voler mes secrets.

— Excusez-moi, mais je crois qu’ils ont eu plutôt de la chance que cela leur arrive. Un jour serait venu où ils auraient eu à assumer la responsabilité de vos activités malveillantes qui violent toute éthique concernant le respect des mondes et de leurs habitants. De plus, je dirais...

Anna stoppa net devant la dématérialisation de Zarckov. Il réapparut subitement quelques secondes plus tard à ses côtés, les yeux remplis de fureur, sa bouche collée à son oreille gauche.

— JE VOUS RAPPELLE QUE VOUS AVEZ SIGNÉ UN CONTRAT DE CONFIDENTIALITÉ EN BONNE ET DUE FORME !!!

Sous l’effet de surprise, Anna poussa un cri et trébucha du rebord du lit qui disparut aussitôt. Elle se retrouva à terre, étourdie, les yeux écarquillés. Zarckov était de nouveau assis sur sa chaise, un sourire en coin. Il semblait observer quelque chose sur un écran de l'appareil aux formes étranges qu'il avait encore en main..

Anna le fixa longuement sans bouger. Quelque chose en elle l’invita à rester calme.

— Vous êtes content de votre effet ? lança-t-elle en sourcillant.

— Si on veut. Il faut que vous compreniez que ce que vous m’avez fait m’a sérieusement mis en pétard, et je vous mentirais si je vous dis que je n’ai pas de ressentiments envers vous.

— J’ai du mal à concevoir que vous utilisiez ce qui pourrait être considéré comme l’une des plus grandes découvertes à des fins malsaines. Vous n’avez pas le droit d’agir comme vous le faites.

Zarckov se leva lentement en sa direction et la toisa du haut de son mètre quatre-vingt-dix.

— Un accord est un accord. À partir du moment où vous dérogez au règlement, il est normal que des sanctions soient prises. Il ne vous est pas possible de juger des faits avec objectivité. Le contrat stipule bien qu’en aucun cas le signataire ne doit sortir de la zone de travail auquel il a été affecté. Au niveau qu’il vous a été imparti, les consignes sont claires. En dehors de celui-ci, ce qui s’y passe n’est plus de votre ressort. Vous avez enfreint le règlement intérieur, donc vous devez en subir les conséquences.

Il jeta à ses pieds une image qui ressemblait à une photo et disparu aussitôt devant ses yeux.

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