Entrer en lice

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Il soupira en regardant le plafonnier de l'ascenseur clignotait par intermittence. L'idée de passer l'après-midi bloqué dedans ne l'enchantait guère. L'arrivée au troisième étage le rassura . Une fois hors de la cage, il se dirigea à travers d'étroits couloirs en direction du bureau de Sanders.

Rogers reconnu le visage ovale avenant, les cheveux gris éparses sur les côtés du crâne et les épaisses lunettes de vue de l'homme qui l’attendait devant une porte entrouverte. Celui-ci l'accueillit avec un large sourire

— Monsieur Derky ! Comment allez-vous ?

— Comme d'habitude, Mr Sanders, et vous ?

Ils se serrèrent la main de manière amicale.

— J'ai connu des jours meilleurs. Entrez, je vous prie.

Au centre de la pièce d'une quarantaine de mètres carrés, se trouvait un bureau couvert de dossiers éparpillés pêle-mêle. Il pouvait voir l'écran d'un pc portable à moitié rabattu au dessus du foutoir, ainsi que les restes d’une pizza débordant hors de son emballage. Ce dernier étant posé au hasard d'une pile de feuilles.

A gauche de l'entrée, un homme était assis sur l’un des fauteuils d'invités. Il portait des lunettes rondes légèrement teintée. Son crâne dégarni laissait apparaître quelques mèches grises poivrées.

— Je vous présente monsieur Zarckov, notre principal collaborateur, lança Sanders sur un ton enjoué.

— Bonjour !

— Ravi de faire votre connaissance Mr Derky, répondit l'homme qui le fixait avec curiosité. On m’a beaucoup parlé de vous. D’après Mr Sanders, il paraît que vous êtes maître en méthodes d’investigations, et plus précisement dans le domaine du cyberespace.

— J’essaie juste de faire mon travail correctement.

— C’est notre premier et meilleur freelance que je connaisse, répliqua Sanders à l’encontre de Zarckov.

— Allons ! Je ne fait que ce que d'autres feraient si je perdais contact avec notre monde, corrigea Rogers d'un ton neutre.

— De l'esprit et de la répartie, qualités rares de nos jours. Sanders lui fit signe de s'installer sur la chaise qu'il avait l'habitude d'utiliser lors de réunions précédentes, et qui se trouvait en face de son bureau.

— Mettez-vous à l'aise afin que je vous explique la raison de votre présence ici. Vous buvez du thé ?

— Avec plaisir, acquiesça Rogers, non sans une certaine réticence. Le fait de savoir quelqu'un derrière son dos le dérangeait un peu.

— Bien. Sanders appuya sur l’un des boutons d’un interphone pendant qu’il prenait place dans un épais siège en cuir.

— Isa, pouvez-vous nous préparer une collation à la menthe pour... Sanders lui jeta un regard interrogateur. Il opina de la tête.

— ... pour trois personnes, s'il-vous-plaît.

  • Oui monsieur, répondit une voix féminine dans l’appareil.

— Parfait. Bien, bien… Laissons tomber les politesses et allons droit au but. J’ai de nouveau besoin de vous pour une mission assez délicate.

— Du genre de celle récemment effectuée dans vos locaux ?

— J’en ai bien peur, confirma Sanders, vaguement embarrassé. Bien qu'un peu plus complexe, si j'ose dire.

Un bref moment de silence s'installa dans la pièce, ponctués par le pianottement nerveux des doigts de Sanders sur le bord de son bureau.

— Vous devez sûrement vous demander en quoi celle-ci consiste, reprit ce dernier.

— En quelque sorte, dit Rogers, intrigué par la nervosité de Sanders qu'il connaissait plus calme en temps normal.

— Il y a quelques jours, notre principal développeur a disparu.

— D'accord. Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?

— En faites, c'est pas facile à dire comme ça mais je vais quand même le faire. Il s'est littéralement transféré... dans le jeu.

— Si il y avait bien quelque chose auquel Rogers ne s'attendait pas, c'était bien à ça. Il regarda plus attentivement Sanders. Avait-il bien dit transféré ? Il se retourna vers Zarckov afin de voir sa réaction mais ne vit qu'un visage inexpressive qui le fixait avec attention.

— Croyez-moi, j’ai encore du mal à y croire, reprit Sanders d'un ton mal assuré. Les faits sont sur vidéos ! Vous le verrez par vous-même. Le problème est plus qu'ordinaire, je vous l'avoue, mais je vous le répète, c'est réellement arrivé.

Rogers se sentit d'un coup très ennuyé d'entendre ce genre de chose de la part d'un homme qui gérait à lui tout seul un véritable empire de jeux vidéo. Ce qu'il decrivait était aberrant.

Pendant quelques secondes, il n'y eu aucun mots prononcés de la part de chacun. Zarckov bougea vaguement dans son fauteuil.

— Non, lâcha finalement Rogers. Je ne peux gober ce genre de chose, c'est absurde. C'est un truc de film ou de romans. C'est tout simplement impossible dans la vie réel.

— Vous finirez par y croire. Ce qui est certain, c'est qu'on a besoin de vous. On risque d'avoir de gros ennuis à CORTEX. Des pointures de l'industrie des jeux vidéo ont investit de manière conséquente dans nos actions. Ce jeu est censé être l'aboutissement et la garantie de tout ce qui se fait de mieux dans le domaine de la réalité augmentée, reprit Sanders avec une anxiété mal dissimulée.

— J'imagine, mais vous ếtes en train de me dire qu'un homme s’est littéralement "transféré" dans un jeu ! rétorqua Derky en fronçant les sourcils.

— Sérieusement, ne m'en veuillez pas, mais vous vous fichez de moi ?

Aucune réaction de Sanders..

— C’est-à-dire… comment ça, physiquement ? Roger s'étonna qu'une telle conversation aie lieu dans ce bureau, entre hommes sain de corps et d'esprit.

La porte s’ouvrit, brisant momentanément la tension qui s'installait entre les deux homme. Une jeune femme entra avec un plateau dans les main sur lequel étaient posées trois tasses.

— Faisons une pause, interrompit un Sanders impassible. Prenons le temps de déguster un bon thé avant de poursuivre.

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