Le bistrot (suite)

3 minutes de lecture

Depuis qu’il était rentré dans ce bistrot et avait vu Roger assis à une table en train de triturer un objet, Sam comprit que la partie allait être serrée et qu’il aurait tout intérêt à ne pas dévoiler ses cartes à l’avance s’il espérait retrouver sa femme en vie. Pourtant, le regard noir de Zarckov écorna ses certitudes. Savait-il quelque chose ?

Quelques heures auparavant, il se trouvait dans une cave, allongé dans le module qu’ils avaient conçu grâce aux plans récupérés dans la clé USB que Anna avait subtilisée à Zarckov.

— Tu crois pouvoir y arriver ? Sanders était penché sur lui, le visage inquiet.

Il avait fixé Sanders droit dans les yeux en espérant ne pas flancher au dernier moment.

— Je ne peux pas te dire si cela va marcher, mais ce qui est sur, c’est que je ne pourrais pas vivre avec l’idée de n’avoir rien fait.

— Anna me manque aussi !

Sam ferma ses yeux quelques instants, puis il s’adressa de nouveau à Sanders.

— Surveille les moindres variations dans les moniteurs. Je ne suis pas sûr qu’on a tout pris en compte.

— Écoute-moi ! Quoi qui ce passe tu seras toujours toi... tu ne perdras pas ton identité !

— Ce n’est pas à ça que je pensais. Anna voulait me parler de quelque chose d’autre, mais elle n’en a pas eu le temps.

— On finira par le savoir ! Cette histoire sur les portes dimensionnelles, j’ai du mal à m’y faire !

— Zarckov est puissant financièrement. On peut imaginer qu’il s’est donné les moyens de...

Un énorme vrombissement l’avait surpris. Une sorte de vibration s’était soudain répandue dans la l’espace exsangue de la cave.

— Qu’est-ce que tu as fait ? Avait-il lancé à Sanders dont l’expression du visage trahissait tout autant que lui la stupeur.

— Rien ! Je n’ai rien fait ! La séquence de démarrage n’est pas encore enclenchée !

Il avait voulu se relever, mais sa tête était amarrée dans le casque.

— Coupe !

— Quoi !

— Coupe le courant ! VITE !!!

Sanders prit par l’affolement, s’était retourné maladroitement, et avait trébuché que quelque chose.

L’éclairage des néons s’était mis à trembler sous l’effet de la tension électrique engendrée. Sanders avait disparu de son champ de vision. De violents soubresauts avaient secoué l’habitacle, puis quelque chose avait traversé son crâne. Il n’avait ressenti aucune douleur et s’était retrouvé instantanément dans un tunnel de sons et de lumières effrayant.

— Monsieur Stack ?

Le regard de Zarckov était empreint d’une sorte lueur étrange.

— Pardon !...

— J’ai dit que vous ne devriez pas être là !

— Je ne comprends pas !

— Oh que si ! répliqua Zarckov sèchement. Ses yeux vitreux paraissaient lire ses pensées.

— Je...

Le russe se détourna de lui pour s’adresser à Roger.

— Monsieur Derky, je vous conseille de ne plus rien dire à partir de maintenant. Cet homme n’est pas celui que nous vous avons fait croire. Il semblerait que nous ayons affaire à un usurpateur.

Il se tourna de nouveau vers lui les yeux menaçants.

— Je ne sais pas ce que vous voulez, mais je vous conseille de vous retirer au plus vite dans votre propre intérêt.

Sam éprouva une irrésistible envie de le cogner sur le champ. Il se retint intérieurement, car la vie de sa femme dépendait des choix qu’il ferait. Le comportement de Zarckov indiquait qu’il connaissait la raison de sa présence. Il devait découvrir comment.

— Ecoutez, je ne comprends pas ou vous voulez en venir ! C’est quoi votre problème ? lança-t-il en haussant le ton, les poings crispés.

La réponse n’était pas celle qu’il attendait. Il voltigea tout simplement par la fenêtre proche de leur table, propulsé ou tiré par une force invisible. Sa mémoire enregistra l’éclatement du verre autour de lui au moment d’atterrir sur le sol. Sa chute fut brutale et il craignit s’être brisé quelque chose. Sous le choc, affalé sur le côté droit de son corps, ses yeux saisirent une image que son cerveau refusait de traiter. Avant de perdre conscience, il réalisa ce que celle-ci signifiait. La fenêtre par laquelle il était passé à travers avait repris sa place comme si de rien n’était.

Annotations

Vous aimez lire Pasot ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0