— Sam !
Silence.
— Sam ! Tu sais où se trouvent mes clés ?
— Non, lui répondit-il tout en pestiférant contre la coque de ma tablette.
— Tu es sûr ? Je suis en retard !
— Certain ! L’une des minuscules vis qu’il tenait du bout des doigts tomba au sol est disparu hors de sa vue. Il capitula et la rejoignit au rez-de-chaussée.
— Ce n’est quand même pas croyable ! Tu te rends compte… Elles sont toujours à leur place d’habitude ! protesta-t-elle en lui montrant le porte-clés.
— Je sais, calme-toi, on va les chercher tranquillement.
— Comment ce fait-il qu’elles ne soient pas…
— les voilà ! Sam lui indiqua une pile de papier sur une chaise sur lequel dépassait un bout de métal entre deux feuillets. Il s’abstint de lui mentionner que c'était lui qui les avait posés là.
Elle s’immobilise, les bras ballants. Il se retint de rire et s’approche d’elle.
— Détends-toi. Fait comme si de rien n’était et tout se passera bien.
— Tu crois que c’est facile ! J’ai l’impression de bosser dans Ford Knox ! dit-elle d’un air agacé tout en attrapant les cles.
Elle fronça ses sourcils de contrariété, soulignant par cela son charme naturel.
— OK ! ne tarde pas plus. Il déposa un baisée sur sa joue et l’accompagna au-devant du perron.
— On croise les doigts. Elle se retourna vers lui, un léger sourire aux lèvres.
— On croise les doigts. Il exécuta le geste en espérant la rassurer.

Le vibreur agita son téléphone posé sur son ventre et le sortit de sa rêverie. Le portrait de Sanders occupait tout l’écran. Sam songea vaguement à le réduire aux bonnes dimensions.
— Allo !
— Sam ! Tu m’as dit de te réveiller si je ne te voyais pas arriver. Donc, à tout à l’heure ! Et il raccrocha.
Du Sanders tout craché. Il se leva difficilement du canapé de son salon. Sur l’écran de son portable posé sur la table basse à ses côtés, des images figées à jamais attendaient une nouvelle fois, une nouvelle vie de sa part. Son tee-shirt était trempé de sueur. Un courant d’air frais le fit frissonner. Une fenêtre était à moitié ouverte.

Plus tard, chez Sanders.

— Et tu as bien réfléchi aux conséquences, je suppose !
La tasse aux lèvres, Sam le considérer avec curiosité.
— Je crois, oui !
Sanders se leva de son fauteuil et se dirigea vers l’entrée de sa cave.
— Bois ton café, je reviens dans quelques minutes.
Sam avala une gorgée, puis, en reposant sa tasse, se figea sur un sourire au mur. Tu t’inquiètes pour moi ?
La porte s’ouvrit et Sanders réapparut, les traits tirés.
— Écoute, j’en ai touché deux mots à Gavert. Malgré quelques réticences de sa part, il accepte sous une seule condition.
— Laquelle ?
— Que tu te soumettes aux tests de contrôles.
Il soupira intérieurement. Quelle perte de temps, songea-t-il.
— D’accord, concéda-t-il avec regrets.
Sanders se détendit, l’air satisfait.
— Tu crois que ça va marcher ? Questionna ce dernier, le regard inquiet.
— De quoi ?
— Ton plan !
Sam avala le reste de son café. J’aimerais que se soit une fille, pas toi ?
— On le saura le moment voulu ! Ensuite, il se leva et jeta un coup d’œil aux photos encadrées qui décoraient l’un des murs de la pièce.
— Combien de temps depuis tout ça ? finit-il par dire d’un mouvement de tête.
— Oh ! Des siècles j’ai l’impression, alors que quelques années nous séparent d’elles.
— Ouai ! On pourrait croire. Sam lui fit un signe de main et quitta le bureau.

Après son départ, Sanders se rapprocha des clichés légèrement vieillis. Sur l’une d’elles, les Starck souriaient devant l’objectif. Cela lui rappela cette période ou les deux tourtereaux venaient le voir souvent. Il faisait la paire. Sam le boute-en-train et sa compagne, une développeuse de talent du genre que convoitaient des boîtes comme CORTEX. C’était Sam qui, cinq ans auparavant, l’avait poussé à se présenter. Depuis, la joie qu’il lui connaissait s’était envolée le jour ou Anna avait disparu.