L'enquête

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« Le Conseiller mena son enquête et me dicta ses moindres conclusions afin qu’ils restent une trace de ces investigations. Plus tard, il me montra l’armoire dans laquelle il enfermait tous les parchemins concernant les enquêtes sur le personnel. C’est ainsi que j’appris que Borlane avait confirmé la version d’Ania ainsi que les gardes. Poussant plus loin la question, il s’était rendu au marché où il avait appris que, ce jour-là, le verrier qui fabriquait les billes qui plaisaient tant au prince n’y était pas. Les témoignages ne laissaient pas planer le doute sur la sortie d’Ania, mais ils ne pouvaient en aucun cas expliquer où elle s’était rendue comme elle l’avait affirmé la veille. De plus, le fait qu’elle ait menti à Borlane à propos de sa sortie rendait la chose pour le moins suspecte. Celui-ci avait fini par avouer qu’il était sûr de son témoignage car Dame Ania lui avait offert une bille et qu’il ne pouvait pas oublier le jour où il avait reçu un tel objet.

Quand il réinterrogea celle-ci en ma présence, elle rétorqua qu’elle était tout simplement las d’attendre la fin du cours du jeune duc et qu’elle souhaitait aller se promener. Elle expliqua que sa simple envie ne lui paraissait pas une raison suffisante pour justifier sa sortie, alors que satisfaire une requête du prince lui avait paru sur le moment un meilleur argument. Je me fis la réflexion qu’elle était loin d’avoir agi sur une impulsion puisqu’elle avait acheté les billes pour les réutiliser plus tard comme argument. Je ne fis pas part de mes réflexions au Duc et en éprouvait certainement un sentiment de culpabilité car le Conseiller me demanda à quoi je pensais. Ania se tourna vers moi puis, alors que je haussais simplement les épaules, elle détourna son regard comme si je fus quantité négligeable.

J’étais déconcerté de voir avec quelle facilité elle soutenait le regard inquisiteur du Conseiller alors même qu’un innocent aurait avouer un crime. Elle montrait une telle assurance qu’il était impossible de la soupçonner davantage sans l’offenser ouvertement puisque l’on manquait cruellement de preuves. »


 

Chap

L’enquête

 

— Qu’en penses-tu ? lui demanda le Conseiller une fois seuls.

Llorgue fut déconcerté qu’il lui fasse part de ses doutes et plus encore qu’il l’interroge sur son interprétation des faits. En porte-à-faux, il ne lui était pas aisé d’apporter une réponse honnête sans trahir Ania.

— Il parait étonnant qu’elle ait inventé une excuse pour un simple palefrenier, mais j’avoue que son assurance est déroutante.

Le Conseiller fixa encore quelques instants Llorgue avant d’ajouter :

—    Bien, je vois que tu suis mon raisonnement.

Il servit deux verres de brandy et, à ma grande surprise, m’en offrit un. Sa mine particulièrement concentrée ne laissait en rien présager de ce qu’il allait m’annoncer.

— Vince, tu sais sans doute que mon scribe personnel a été retrouvé noyé cette nuit. Une beuverie qui s’est mal terminée apparemment, même si je me réserve le droit de mener plus amples investigations dès que j’en aurai l’occasion. J’espérais qu’il te prendrait sous sa coupe pour te former à cette tâche ardue mais cela ne va malheureusement pas être possible. Tu travailles très bien et je pense que tu es à même d’apprendre l’indispensable rapidement. Je souhaite que tu m’accompagnes pour que tu écrives le nom de toutes les personnes qui seront accusés de trahison et que tu notes tout ce qui se dira pendant les procès. Je sais que tu viens de cette région et si tu préfères renoncer, je comprendrais sans t’en tenir rigueur, cela va de soi.

L’opportunité qui m’était offerte était trop belle car, en m’élevant de la sorte dans la hiérarchie du palais, j’espérais pouvoir me rapprocher d’Ania sans que cela ne soulève de trop grands soupçons.

— Non monsieur. J’en serais même honoré. Quelqu’un doit garder la mémoire de tout ce qu’il sera fait.

Le Conseiller observa le jeune homme à la recherche de la moindre animosité. Il était étonnant qu’une personne si jeune comprenne le bien fondé d’une telle mission.

— Le Duc compte sur nous, j’entends que tu ne me déçoives pas.

— Bien Sire.

Il ouvrit un tiroir et posa devant moi un petit objet.

— Ceci est un anneau qui prouvera que tu es désormais à mon service.

LLorgue l’enfila et ne put s’empêcher de le contempler en tendant la main pour vérifier qu’elle effet cela faisait sur sa main. C’était un anneau d’or sur lequel était gravé une chouette tenant dans son bec une plume.

—       Merci. Vous ne le regretterez pas.

Il dut remarquer mon air gonflé d’orgueil car il inclina la tête avec un demi-sourire.

­— Pour les reste, va voir l’intendant général de ma part, il fera le nécessaire.

 

 

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