Chapitre 8 : Chloé (bis) - Allan & Anne

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Temps très présent...

Les semaines qui suivirent furent incroyablement simples. Je touchais enfin le bonheur du doigt et le saisissais sous toutes ses formes. Tant d’années à lui courir après. Je ne devais pas si bien courir que ça me disais-je. Tant d’années qu’il me fuyait tel un voleur. Et là, je l’avais enfin capturé. Et je n’allais pas le laisser partir.

Nous avions, avec Chloé et Allan, terminé les derniers préparatifs du mariage d’Archie. L’occasion de se prendre un verre aussi avant la soirée des anciens étudiants. Allan, malgré la ferveur qu’il avait mis à aider Archie, n’en était pas moins sceptique quant à l’idée d’officialiser une union.

—Le mariage est un complot religieux pour détourner les femmes du sexe et les cantonner à des tâches ménagères. C’est bien connu. Désolé mon pauvre Archie, mais moi, je ne veux pas me marier. Je veux juste être amoureux et vivre à deux. Le reste est accessoire.

Dans mon souvenir, je me sentais seul et cherchais l’amour. Mais je n’avais pas confiance en mes sentiments, émoussés par l’expérience passée du rejet et de la perte. Si vous vous sentez ravis pour vos amis qui se sont enfin trouvés, vous qui vous a trouvé ? Vous vous sentez laissé pour compte et craignez de voir le temps filer sans pouvoir connaître ce qu’ils ont déjà.

Cela vous taraude, la peur peut être plus profonde de ne pas être capable d’avoir ce qu’ils ont. J’étais enfin avec Rachel et ce sentiment de peur s’estompait. Allan comblait un vide abyssal par le sexe. Trois, quatre fois par semaine avec Anne, mais il refusait de croire qu’il s’engageait peut-être plus dans une relation amoureuse.

Il préférait chanter le même refrain.

—Les couples ne couchent pas autant dans la semaine. Et nous, c’est différent : pas de rendez-vous galant, de bain aux bougies, de dîner aux chandelles. Pas de sentiments, juste une attraction physique et animale.

Mais il avait fini par succomber et avait proposé à Anne d’aller plus loin dans leur relation. Elle l’avait éconduit et cela faisait quelques jours qu’ils ne s’étaient vus. Il masquait maladroitement sa peine en s’investissant de manière plutôt intrusive dans les relations des uns et des autres. Chloé s’enfermait dans sa solitude malgré les prétendants prêts à taper à la porte de la jeune femme. D’ailleurs, quelqu’un venait de cogner à la nôtre.

Anne était plantée sur le perron et Archie l’invita à entrer. Allan écarquilla les yeux. Elle s’approcha de lui. Ces deux-là avaient des choses à se dire et nous tentâmes de nous éclipser comme si une guerre allait éclater. Mais elle nous intima de rester.

—Vous êtes ses plus proches amis, restez, s’il vous plaît.

Des interrogations et appréhensions marquaient nos visages. Puis elle pivota vers Allan.

—Tu sais ce qui est éprouvant Allan ? Que tu parasites ma conscience. Je croyais que nous étions d’accord. Que nous étions pareils. L’idée d’une seule personne pour le reste de la vie, c’est débile, irréaliste, la recette parfaite du chagrin, de l’ennui et de la rancune.

Elle enchaîna.

—J’aime ma vie telle qu’elle est. Je ne pense pas que tu aimes la tienne. Je crois que tu te sens seul Allan et c’est pour ça que tu crois m’aimer.

Il prit enfin la parole.

—Je pense au contraire que tu m’aimes bien et que la réciproque te fait peur.

—Ne t’avais-je pas dit, avant que cela arrive, que coucher aussi souvent ensemble était une mauvaise idée ? Argument-t-elle.

—Et pourtant, tu es encore là.

Allan avait arrêté de faire semblant de ne rien ressentir. Il avait appuyé sur un point sensible et émis un fait évident. Anne, prise de court par cette remarque, se mit à faire quelques pas cherchant la pertinence dans ses propos.

— Tu m’énerves Allan. Tu bouscules mes repères… Pas de décision définitive. Pas de plan de carrière. Mais si on fait une grosse erreur, on devra l’assumer.

Elle se jeta alors sur lui et l’embrassa avec passion. Nous étions surpris mais heureux pour eux. Nous trinquâmes à cette idylle. Puis Rachel nous rejoignit. Chloé choisit ce moment afin de s’éclipser. Malgré leur respect mutuel protocolaire, une certaine tension restait palpable entre Rachel et elle. Et ce malaise ne me plaisait guère.

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