Toujours le printemps revient

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C’était un village paisible, tout ce qu’il y a de plus banal. Un village parmi la multitude de villages qui parsèment la terre, tous semblables les uns aux autres. Le printemps c’était les semailles. Puis l’été le fauchage, immanquablement. Venait ensuite l’automne, quand on travaille la terre. Puis la rude saison d’hiver, quand on se calfeutre dans les chaumières en attendant la venue du printemps. Car ainsi vont les saisons, toujours les mêmes, se succédant sans surprise. Car ainsi va la vie au village, toujours la même, toujours les mêmes gestes répétés aux mêmes moments. Toujours l’automne laisse place à l’hiver et toujours le printemps revient.

Un jour un enfant est né. Un parmi tant d’autres. Il grandit alors que la vie s’écoulait, toujours la même. Il grandit alors que l’automne laissait place à l’hiver et que le printemps revenait. Il grandit et se mit à rêver d’aventures. Il regardait l’horizon, si loin, et rêvait qu’il partirait un jour, là-bas, si loin, vivre une vie d’aventures. Il rêvait tandis qu’il ensemençait, il rêvait tandis qu’il fauchait, il rêvait tandis qu’il travaillait la terre. Il rêvait surtout l’hiver, quand il n’avait rien d’autre à faire. Il rêvait et la vie s’écoulait, et l’automne laissait place à l’hiver, et le printemps revenait.

Un jour un homme est venu au village. C’était l’aventure qui frappait à sa porte. L’enfant, qui était maintenant un vaillant jeune homme, saisit alors sa chance. Enfin il allait s’extirper de cette vie si ennuyeuse ! Enfin il allait casser ce triste rythme des saisons qui le voyait sans cesse répéter les mêmes gestes ! Enfin il allait réaliser son rêve ! Il partit avec l’homme, là-bas, très loin, vivre une vie d’aventures.

La vie s’écoula, toujours la même, pendant plusieurs saisons. Et quand la guerre fut finie, on rapatria son corps au village. On l’enterra et sa famille et ses amis pleurèrent beaucoup. Et puis la vie continua car il ne peut en être autrement. La vie continue sans lui, toujours la même. C’est juste qu’il n’est plus là pour rêver quand on ensemence, quand on fauche, quand on travaille la terre, quand on se calfeutre dans les chaumières. Mais en dehors de cela, la vie est toujours la même et les saisons se succèdent toujours de la même façon, sans lui.

Un jour, les autres mourront aussi. Tôt ou tard, ils mourront. Ils mourront et d’autres prendront leur place. Car toujours l’automne laisse place à l’hiver. Et toujours le printemps revient.

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