Le départ

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An 183 de la nouvelle ère, le quatorzième jour de la lune d’Aulne.

Jaeli Mirdos laissa sourdre la nouvelle : les Léonas avaient quitté Limans.

Née dans une hacienda, madame Léonas ne raffolait pas de la vie à la capitale, elle souhaite que sa fille soit éduquée comme elle l’avait été, glissait-il à l’une.

Ils se rendent chez les Virisa, mais ils n’y séjourneront probablement pas longtemps, Monsieur ne voudra pas rester chez ses beaux-parents, confiait-il à l’autre.

Sans doute Monsieur ira-t-il dans les vastes plaines du Sud pour y fonder un élevage, laissait-il entendre aux plus curieux. Vous imaginez la synergie ! ajoutait-il à l’attention des meilleurs clients.

***

Les jours suivants, les commentaires allèrent bon train.

Je ne suis pas surprise, elle n’était pas des nôtres, disaient certaines dans les soirées mondaines.

D’ailleurs, elle sortait peu, complétaient d’autres.

Quand je pense qu’elle s’occupait elle-même de son enfant, concluaient les dernières.

Son commerce est florissant, c’est une belle réussite, mais n’oublions pas la classe dont il est issu, péroraient d’aucuns au club.

Il est parti, si tu ne m’en avais pas parlé, je ne m’en serais pas rendu compte ! Les nouveaux riches, ça va, ça vient, raillaient quelques-uns.

Il se pourrait que sa fortune s’accroisse, il n’est pas impossible qu’il revienne, plaidaient ses relations d’affaires.

Évidemment, qu’il va prospérer, le fils Mirdos s’occupe de ses affaires ! À qui croyiez-vous qu’il doit le succès de son haras ? répliquaient les plus rogues.

Peu savaient qui était Yori Léonas, ceux qui savaient ne parlaient pas, ils souriaient.

Toutefois, le vingtième jour de la lune d’Aulne, lorsque lord Tribola suggéra que Léonas était un profiteur de guerre, il n’eut pas le loisir d’exposé plus avant son opinion, car deux hommes s’étaient levés. Le plus rapide fut le lieutenant Tirdi de Montsolt – fils aîné du comte – qui souffleta l’insolent, exigea réparation sur-le-champ et refusa les excuses du lord. Les adversaires furent conduits dans la salle d’armes du club. À défaut d’obtenir l’accord du provocateur pour l’utilisation d’épées mouchetées, le prévôt de salle imposa un duel au premier sang. Lequel poignit moins d’une minute plus tard sur le plastron de lord Tribola, entre la quatrième et la cinquième côte, là où la rapière du lieutenant avait déchiré les chairs et perforé le cœur de l’impudent.

Ainsi cessèrent les commentaires sur le départ de la famille Léonas.

***

Chaque matin, les Léonas prenaient la route à sept heures. Mari et femme chevauchaient alternativement Atikwapaw. Halenaé était ravie de porter la bombacha et de monter à califourchon, plus en amazone comme à la capitale.

Quand elle n’était pas à l’intérieur du chariot, à écouter les leçons de sa mère, Altaé était assise sur le banc de conduite, entre son père et Kekekw qui lui contait des légendes atikamekw.

Ils ne faisaient pas de halte pour déjeuner, mais profitaient de celles destinées au repos des chevaux pour grignoter, viande séchée, pain et fromage ou fruits. Le soir, ils s’arrêtaient selon les étapes, qu’avait préparées Yori, entre dix-huit et vingt et une heures dans un relais ou une auberge. Ils y prenaient des repas chauds et dormaient dans des lits.

En vingt-deux jours, Yori et les siens avaient parcouru deux cent quarante-sept lieues. Le huitième jour de la lune du Saule, ils arrivèrent à l’hacienda Virisa. Prali et Talaé accueillirent leur fille avec joie, son mari – qu'ils appelaient notre sauveur – avec reconnaissance, Kekekw selon sa tradition et organisèrent une fête pour leur petite fille.

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