Earth Hour

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"Avec l'opération Earth Hour, des milliers de villes à travers le monde s'engagent à faire le noir pendant une heure, samedi à 20 h 30."

 Samedi 31 mars 2012, vingt heures trente, ... heure locale bien sûr ! Ahmed et Eric, tout de noir vêtus, se sont retrouvés dans un coin de rue piétonne de ce quartier commerçant plongé dans le noir pour motif écologique : Les divers gouvernements du monde ont en effet décidé de plonger leurs grandes villes dans le noir une heure durant pour lutter contre le réchauffement climatique.

 Le climat s'est montré clément, pas de pluie, pas de grands vents, juste une tiédeur printanière bien de saison. Sur les trottoirs et terrasses des bars les seules lumières sont celles de la pointe des cigarettes que les mauvais écologistes grillent dans la clarté de la lune montante. Certains s'amusent à faire décrire des formes compliquées à leur cigarettes faisant fugacement apparaître des traînées rouges dans la nuit. Les badauds sont nombreux et se déplacent lentement, comme errant au hasard des ténèbres les environnant.

 A deux pas des deux jeunes, un rien à l'écart, comme en retrait de la manifestation, un couple de personnes âgées suit le mouvement. ils se tiennent la main gentiment, amoureusement.

 "Ils ont peur de se perdre !" Ricane Eric.

 "Ils vont se perdre pourtant !" Murmure Ahmed.

 Souples et noires silhouettes, les deux jeunes hommes se faufilent derrière le couple de gentils petits vieux, d'un mouvement rapide qui passe inaperçu de la foule dans cette nuit d'encre, ils séparent les deux personnes et les entraînent avec eux au-delà du coin de rue, dans une cour emplie de poubelles.

 L'action, menée de façon efficace, n'a pas duré plus de cinq seconde. La dame et le monsieur se retrouvent les quatre fers en l'air, immobilisés et bâillonnés chacun par l'un des hommes. Commence alors une fouille rapide et en règle de leurs vêtements. Les deux voyous ne trouvent rien de très intéressant sur leurs victimes, quelques euros en menue monnaie dans le sac à main de la dame et un billet de cinquante plié dans la poche de pardessus de l'homme ainsi que des clefs de maison et une paire de lunette de lecture de qualité pharmacie dans son petit étui métallique.

 Ahmed se retourne vers son comparse et lui dit : "On les assomme et on se casse, rien à tirer d'eux." Joignant le geste à la parole il décoche un grand coup de poing dans le menton de la dame qui gémit et tente de se libérer de plus belle. Voyant sa femme se faire tabasser l'homme se redresse brutalement et échappe à la prise d' Eric un court moment. Il veut courir vers sa compagne mais est fauché dans son élan par le pied droit d'Eric qui lui fracasse le genou. L'homme se retrouve couché sur le ventre et Eric lui assène un grand coup de poing dans la nuque, le nez du vieil homme s'écrase sur le béton sale de la cour. Tétanisée par la peur la dame se laisse faire et attend le prochain coup de poing avec calme. Sa tête fait un bruit bizarre en cognant le sol.

 Les deux jeunes hommes tirent les corps à l'abri des regards derrière les grosses poubelles et repartent vers la foule d'une démarche assurée. Il ne leur faut pas plus de quelques instants pour repérer leur prochaine proie, il s'agit d'une jeune femme seule, à l'allure avenante. Ahmed la voit alors qu'elle allume une cigarette roulée et l'odeur qui s'en échappe les laisse deviner que la demoiselle sera passive. Tranquillement les deux hommes s'approchent de la jeune fille qui fume, immobile dans la lueur pâle de la lune gibbeuse croissante, à quelques mètres d'eux.

 Eric arrive le premier près de la demoiselle et tirant une clope de son paquet tout froissé il lui demande du feu. Ahmed profite de la distraction de la fille pour la ceinturer et la bâillonner tout en récupérant le joint qu'il porte aussitôt à ses lèvres. En moins de trente seconde la demoiselle se retrouve couchée sur le ventre dans l'obscure cour aux poubelles, Ahmed est à genoux, à cheval au dessus d'elle et la tient immobilisée tétant avidement sur le joint.

 D'un geste brusque Eric arrache le sac à main de la jeune femme et le fouille rapidement, du tabac à rouler et un pochon d'herbe se retrouvent dans ses poches ainsi que le porte-monnaie bien dodu de la demoiselle et ses clefs de voiture. Il s'agit, d'après la clef de contact d'une Toyota d'un modèle récent. Tirant la jeune femme par ses longs cheveux sombres, Eric lui demande où est stationné son véhicule.

 "Juste au bout de la rue à gauche en sortant de la cour, c'est une Toyota hybride, mon père me l'a offerte la semaine dernière pour mes vingt-trois ans." Leur dit la fille dans un sanglot étouffé.

 Soudain Ahmed se retourne vers Eric et lui dit en ricanant : "Elle est super roulée la gamine et quand elle tortille des fesses comme ça moi ça m'excite vachement. Je crois que je vais lui faire tâter de mon bâton de gendarme. Surveille la rue et discrètement hein ! "

 Il se relève un peu pour pouvoir déboutonner son pantalon et sortir son sexe tandis qu'Eric, légèrement écœuré, se place en coin de mur pour surveiller l'arrivée d'un éventuel gêneur. Les sanglots de la fille et les bruits émis par son comparse ont tôt fait de lui donner envie de se tirer. C'est un tendre Eric au fond. Frapper et dépouiller oui, violer, il ne s'en sent pas capable.

 Heureusement Ahmed arrive vite au bout de son plaisir et demande à son ami s'il veut prendre sa place tant que la fille est encore chaude. Il se vante de l'avoir menée au plaisir comme un vrai mec. Eric se retourne et voit les fesses blanches de la fille qui ressortent dans la lumière blafarde. il ne sait que dire et fait signe à son ami de se grouiller à se rhabiller car un couple enlacé se dirige vers eux à pas nonchalants. Ahmed assomme la fille et finit de se reculotter lorsque le couple passe le coin de la rue et se dirige droit sur eux. Eric assène un coup de tranchant de la main rageur sur la glotte de l'homme qui s'effondre dans un soupir tout en attrapant la femme par le poignet et lui tordant le bras l'obligeant ainsi à se coucher au sol.

 D'un bond Ahmed les a rejoint et s'est accroupi près de l'homme inanimé. Prestement il lui fait les poches, il en retire pas mal d'argent liquide mais pas de clefs de bagnole. Eric quant à lui fouille la femme et s'aperçoit qu'il s'agit en fait d'un homme de petite taille qui le regarde avec de grands yeux apeurés. Dans les poches du jeans il trouve une belle quantité d'argent et un superbe briquet, qui vu son poids doit être en or massif et un paquet de clopes de luxe.

 Le plus grand des deux hommes ne respire plus. Le plus petit n'en mène pas large et Eric lui balance deux coups de poings au menton qui laissent le bonhomme groggy.

 Il est vingt-et-une heures trente, les lumières de la ville se rallument. Les deux jeunes hommes se regardent et partent vers le bout de la rue et la promesse de la toute nouvelle voiture de la jeune fille qui gît assommée et à moitié nue, en compagnie de quatre autres personnes, dont deux morts, dans une cour crasseuse de ce quartier marchand qui fût une heure durant plongé dans le noir pour des raisons d'écologie de bouts de chandelles.

Nouvelle écrite à Macouria le 25 juin 2012.

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