Gaaliel

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Gaaliel le fou, Gaaliel le loup, de la haine plein les crocs. Dans ton errance nocturne, ta silhouette couleur macadam frôle les âmes perdues. Tu te délectes de leurs frissons. Ils ne te voient pas, ils ne te voient plus, depuis longtemps tu n’es plus qu’un mythe et tu entends bien rester dans leurs cauchemars et non dans leurs mémoires.
Ils te dégoûtent, même ta vengeance s’est épuisée, le mépris à pris sa place. Si il n’y avait pas leurs émotions, tu les ignorerais mais c’est comme un bruit de fond permanent. Leurs amours, leurs joies, leurs colères, leurs haines, surtout leurs haines. Un vacarme psychique. Le son d’une humanité esclave de ses instincts.

Dire que c’est toi l’animal !

Leur peine; ton plaisir qui se fraye un chemin coupable dans les restes de ta conscience. Cela fait-il de toi un monstre ou bien te rend t’il plus humain ?
Tu détournes pudiquement les yeux, sans doute un reste de ce que tu étais, un fond de pitié ou alors de la fatigue. Cela fait si longtemps. La lassitude, ce soir, semble te peser plus que de coutume, le brouhaha émotionnel t’abrutis. C’est en vain que tu tentes de bloquer ces signaux, c’est comme une mauvaise migraine, ils te vrillent les tempes.

Elle attire soudain ton attention. Tu dis « elle » sans la voir parce que c’est évident. Une onde de douceur, de pureté, de paix, de … tu n’arrive pas à comprendre, ce manque de corruption. Cela n’est jamais arrivé.
Tu veux savoir, contre le vent tu humes l’air. Sans le remarquer tu accélère le pas et bientôt tu cours. Une bulle, une toute petite bulle d’innocence. Impossible !

Pourtant.

Tu approches et tu sens l’autre. Il ne te plait pas, tu sais qu’il est mauvais. Il veut la salir, il la désir. Alors elle jaillit du plus profond de toi. La Rage ta vieille amie. Elle remonte aussi violente que la première fois. Quand ils ont emmené les tiens, oui, quand, au nom de dieu, ils les ont lancé au milieu des flammes, celle que tu aimais et le fils qu’elle portait. La Rage qui contrôle tes muscles, manipule tes os et t’ouvre la gueule. La Rage et le loup. L’homme est parti.

Encore un peu, un coin d’immeuble sur la droite, une ruelle sur la gauche et tu le vois, il est bientôt sur elle. Tu pourrais bondir sur lui, le dépecer et te repaître, mais tu veux qu’il sache. A quelques distances derrière, tu te redresses dans cette fière allure bipède qui fait croire à l’homme en sa supériorité. Cela nait de tes tripes, se nourrit de haine près du cœur et enfle dans ta gorge avant de s’échapper d’entre tes crocs pour percer l’air froid d’une longue complainte oubliée depuis des siècles.
Derrière les volets de la ville éteinte, l’endormis s’éveil dans l’angoisse instinctive d’un inconscient qui lui n’a pas oublié. La peur sort des yeux et l’urine mouille les draps. Mais l’inconnu à deux pas de sa proie n’a que sursautée et la terreur que tu attendais dans son esprit ne se manifeste pas, c’est sa surprise que tu interceptes.

Il sait ! Il ne t’attendait pas mais il te connaît. Qui ?

Dédaignant l’objet de ses désirs qu’il sait sans espoir de fuite, Il se tourne doucement pour te faire face. Tu n’aime pas son assurance, peu d’homme on eu ce courage. Ceux-là ne sont plus. A moins que…Oui, c’est bien de l’un d’eux qu’il s’agit. A-t-on tour la surprise est tienne.

« -Abomination, tu n’es donc pas éteinte. »

Tu frémis du fanatisme sadique de sa voix. La voix des inquisiteurs. Tu vas la faire taire. Il croit te connaître mais ses ancêtres ne l’on pas instruit, ses émotions il ne masque pas et son attaque tu anticipes. Inutilement la balle traverse l’air où tu n’es plus. Dans un craquement tu brises son cou alors que la détonation n’a pas fini son écho. Trois minutes tu restes immobile à saisir les remous d’incompréhension qui tourbillonne à la surface de son cerveau qui asphyxie.

Tu la remarque enfin. Son esprit est comme un miroir d’une pureté éblouissante et ton reflet soudain t’agresse. Tu n’aime pas ce que tu vois et conscient de ton indignité, tu cherches à retourner vers l’obscurité si familière pour la couvrir. Mais ta honte n’a pas le temps de se traduire en fuite. Elle te retient. Une main posée simplement sur ton épaule mais plus solide que n’importe quelle chaine.
La Rage vieille compagne te fais soudain son adieu. Sans regret elle te quitte pour aller trouver une nouvelle âme à servir. L’homme rappel le loup et celui-ci obéit. Enfin, Gaaliel, tu pose ton regard dans celui de l’enfant. Y voit-elle encore le loup ? Vraisemblablement, lui n’est pas parti.

«- Emmène-moi ! »

Tu as pris sa main et vous êtes sortis de la ville, car derrière toi tu sentais déjà les chasseurs. Deux jours durant tu as éludé leurs traques, finalement tu as retrouvé la vieille bâtisse au milieu de la lande et à l’abri tu l’as laissé s’endormir.
Quand la nuit naît, elle s’éveille.

« Nous devons rejoindre la nef. » te dis t’elle.

La nef ? A son évocation des images surgirent dans ta mémoire. Tu n’es pourtant jamais aller dans ces lieux, tu ne reconnais pas ces visages, ce ne sont pas tes souvenirs. Ce ne sont d’ailleurs pas les souvenir d’un seul mais de centaines. Souvenir de ton peuple. Ils te montrent le chemin et tu sais qu’il est temps de vous mettre en route.
Mais tu les sens qui approchent, bien plus fort que le novice au cou brisé. Tu ne peux les lire, ils te masquent leurs émotions et si ce n’était les vides qu’ils laissent derrière eux dans le flux des émotions, tu te serais laisser surprendre.
Quand l’un d’eux laisse échapper un filet de frustration agacée, tu sais qu’ils ont atteint la maison. Vont-ils se souvenir ? Peu importe bientôt la cote sera atteinte et la nef devrais être là.

Tu as toujours aimé la mer, son ressac t’apaise mais cette fois il joue contre toi et masque tes poursuivants. Méfiant, tu ne t’engages pas sur la plage. Tu humes mais le vent vient de la terre et ne t’apporte que l’odeur de la forêt. Tu attends donc et au jeu de patience tu es le maître. A tes cotés, elle se tait, tu perçois sa confiance.
Fusse une crampe traîtresse, la piqûre d’un moustique ou une simple envie d’uriner, l’un d’eux bouge et les grains de sable crissent sous les semelles de ses chaussures.

Masqué par l’ombre de tes amis les arbres tu t’approche des chasseurs désormais proie. Il sont là derrière ce bunker construit autrefois par l’armée d’un homme bien plus mauvais que n’importe quel loup. Tu en comptes quatre. Quatre inquisiteurs engoncés dans leur armure moderne de kevlar. Comme si cela pouvait empêcher tes crocs de les transpercer. Silencieusement, encore dans ton apparence humaine tu te dresses derrière eux, il te serait facile de prendre leur vie sans même dévoiler ta présence mais tu préfères les regarder dans les yeux pour te repaitre de leur frayeur. Tu laisses échapper un son a peine audible, un souffle très bas dans les graves, juste suffisamment pour que l’angoisse se glisse le long de leur colonne vertébrale jusqu’à la base du cou et qu’ils se retournent.

Leurs cœurs ratent un battement, toi tu ne rates rien. Ta transformation est rapide et le premier est déjà coupé en deux et contemple incrédule ses jambes désormais éloignées de lui. Les second et troisième perdent la tête sans que le reste de leurs corps n'ait bougé, enfin le quatrième voit ses intestin se vider dans la poussière et tente désespérément de les remettre a leur place, ses yeux implorant la créature. Tu lui laisses la vie. Qu’il raconte à tous ca rencontre avec le loup.

La lumière flottant au dessus des flots te distrait soudain de tes victimes. Tu sent au fond de toi que te voilà arrivé au bout de ton voyage. Tu t’approches de l’écume et entres dans l’eau qui t’arrive aux genoux. Derrière toi la fillette te rejoint et au loin la nef se précise tout a la fois majestueuse et humble.

Mais le vent qui souffle toujours de la terre t’avertit d’une mauvaise nouvelle. Tu te retournes pour leur faire face et ils fondent sur toi aussi nombreux que des grains de sable. Tandis que leurs armes te vomissent la mort, ton rugissement surpasse celui du vent et tu te prépares pour ta dernière bataille.

Mais elle t’arrête de sa voix cristalline.

« Gaaliel, mon protecteur, arrête car ce n’est désormais plus ta guerre »

Elle s’interpose te plaçant dans son dos et faisant face à tes ennemies. D’un geste plein de grâce elle écarte les bras. Une aura nimbe soudain son corps délicat et elle commence à s’élever au dessus de la plage. Tu tombe a genoux car tu sais maintenant qui est l’enfant et quand ses ailes de lumière se déploie tu pleures car depuis longtemps tu ne croyais plus aux fée.

Sur la plage ceux qui usèrent du nom de dieu en vain eurent à peine le temps de savoir qu’ils venait de trouver une fin . Ils s’éteignirent dans la plus fade des lumières et même le souvenir de leur existence s’estompe déjà dans ta mémoire.

Brusquement elle te saisit par la main et t’entraine dans les airs en direction de la nef.

« – Où allons nous ? demandes tu

– Là où tout à commencer mon protecteur, te répond elle.

Et dans un murmure tu souffles ce nom plein d’espoir

« – Avalon. »

Le vent t’emporte maintenant, mais est tu sûr que c'est ce que tu veux?

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