Les ondes du chat

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- Oui, mais ça doit être plus compliqué que ça. Tout dépend de la puissance de l'émission des ondes. Si c'est suffisamment puissant, tu les recevras toujours, quelle que soit ta position.

- Mais alors pourquoi toi tu ne reçois pas les ondes ?

- Je ne sais pas, peut être que je ne suis pas connectée à ton chat. Ou alors je reçois bien ses ondes, mais un autre sentiment vient les effacer, par exemple le dépit de ne pas être crue par ma meilleure amie …

- Oh ça va, si tu disais des trucs censés, je te croirais plus facilement.

- Et je pense à un truc : peut être le chat n'envoie des ondes que sous certaines conditions, par exemple quand il vient d'être câliné … Tiens, le ronronnement du chat, c'est quand les ondes deviennent vraiment fortes, alors on se met à les percevoir, c'est pas une preuve ça ?

- C'est surtout la preuve que tu as beaucoup d'imagination. Le ronronnement, ça montre que le chat est capable de produire certains sons.

- Oui, mais le ronronnement c'est une vibration, et une onde c'est aussi une vibration. - Ecoute, voilà ce que je vais faire : je vais mettre Ronron dans une autre pièce, et voir si mon humeur a changé.

- Mais peut être que les ondes des chats traversent les murs, comme les ondes de la télé et de la radio.

Félicia, qui sentait l'énervement monter, s'accorda un temps de relâchement. Regarder par la fenêtre, vérifier son humeur. Elle sentait que son agacement refluait, laissant réapparaitre son bien-être qui, assez inexplicablement, n'avait pas été détruit par les vifs échanges avec celle qui n'allait plus tarder à devenir son ex-meilleure amie, si leur discussion conflictuelle s'éternisait. Mais Azura ne paraissait pas vouloir s'étendre en de nouvelles explications. Soit elle n'avait plus rien à dire, soit elle ne voulait pas accabler son amie sous l'avantage qu'elle paraissait avoir pris. Félicia se donna encore quelques minutes pour stabiliser solidement son humeur. Passé ce délai, elle put constater que son bien-être perdurait, toujours sans raison apparente. Elle s'approcha de Ronron, alors qu'Azura semblait plongée dans ses devoirs.

- Alors mon gros pépère, tu m'envoies des ondes, toi ? La jeune fille parlait tout bas, elle leva la tête pour constater la réaction de sa peut-être toujours meilleure amie.

- Comment tu pourrais ? Tu as déjà du mal à comprendre que ta queue n'est pas un jouet extérieur à ton corps.

A nouveau, Félicia étudia le visage d'Azura : elle ne percevait aucune tension, aucun vilain tic traduisant une quelconque nervosité, aucun geste brusque en tournant les pages de son livre de classe.

- Oh oui, le pépère ce qu'il veut, c'est des gratouillis, et surtout au menton, il veut pas envoyer des ondes.

- Si tu continues comme ça, c'est pas des ondes positives que je vais te faire parvenir, c'est mon cahier rempli d'ondes négatives.

Azura parlait sans lever le nez de son bouquin, le ton mi-agacé, mi-amusé. Félicia cessa de parler un moment, puis elle pensa à des phrases à dire à son amie, et ne put se retenir longtemps de les énoncer.

- Tu crois qu'elle est vraiment fâchée, mon Ronron, ou alors elle fait semblant ? En tous cas, nous on est bien, hein mon pépère.

- Bientôt, tu auras du mal à te sentir bien, vu que tu n'auras pas fait tes devoirs, et que ton père sera après toi. A nouveau, Félicia laissa trainer un long blanc.

- Ouais, mon Ronron, il vaut mieux que je me mette au travail, mais pas trop vite, pour qu'elle n'ait pas l'impression que j'ai obéi à ses ordres.

- Cela commence à devenir fatigant que tu t'adresses à moi à travers ton chat.

- Fais attention à Azura, mon Ronron, tu vois c'est la fille là-bas, c'est un véritable petit tyran : je dois faire mes devoirs, je ne dois pas te parler, bientôt elle me dira comment m'habiller.

L'intéressée soupira bruyamment mais ne répondit rien, et pour se donner une chance de garder son calme se replongea dans son bouquin. Félicia délaissa son chat pour aller farfouiller dans ses affaires, afin de récupérer le matériel nécessaire pour faire ses devoirs. Etrangement, alors que la perspective de travailler aurait du plomber son humeur, elle se sentait toujours aussi légère. Elle avait envie d'aller s'attaquer à ses exercices près d'Azura, pour aller gentiment la taquiner au sujet de ses envolées créatrices pas vraiment maitrisées, mais son amie se trouvait elle bien disposée à son endroit, ne risquait elle pas de réagir rudement ? Alors Félicia resta sur son pouf pour travailler, elle était de trop bonne humeur pour s'installer sur sa table de labeur. Faire ses maths, affalée, image vivante de l'inélégance, ça ne présentait pas très sérieux, mais elle avait remarqué que ça pouvait se révéler quand même efficace. Elle se sentait si bien, tout en manipulant les équations, fractions et inconnues, qu'elle eut envie de fredonner, mais elle devina que cela gênerait Azura, et ce n'était sûrement pas une bonne idée si son amie évoluait toujours dans la nervosité. Félicia regarda un moment sa compagne de devoirs, pour essayer de calculer son niveau d'agacement, mais elle se rendit compte qu'elle ne disposait pas de suffisamment de données pour déterminer l'état de la jeune fille. Elle retourna donc à d'autres calculs, mettant en jeu des chiffres et non des sensations.

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