Piégé

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- Monsieur Pierre Vidal ?

- Qui êtes vous ?

- Lieutenant Labrunie, auriez-vous un instant à m’accorder ?

- Oui. Que se passe-t-il ?

- Il est arrivé quelque chose à votre femme. Pourriez vous me retrouver au commissariat ?

- Oui…Je…Je suis au travail, je dois terminer un dossier…Je…Je ne comprends pas…

- Je préfèrerais vous voir. Souhaitez-vous qu’une patrouille vous accompagne, une équipe est proche de votre bureau.

- Je veux bien.

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Les minutes passèrent comme des années, et après avoir eu l’impression de vieillir de plusieurs siècles, Pierre fut enfin escortée par une patrouille, jusqu’au commissariat de la ville. Heureusement, car l’angoisse s’emparait de lui, elle lui étreignait si fort l’estomac qu’il crut être aspiré dans un véritable trou noir, lui désintégrant lentement chaque atome de son être. Chaque pas le rapprochait d’une vérité qu’il ne voulait affronter.

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Son téléphone vibra encore, dans le fond de sa poche. Il savait qu’il avait reçu un appel, que sa messagerie vocale était occupée par un nouveau message, sûrement laissé par la personne qui l’avait appelé, et qu’à présent, il recevait le rappel d’un texto qu’il avait ensuite reçu plus tard. Cette insistance l’énervait, alors qu’il faisait face à l’austère commissariat. Il avait la désagréable sensation que la vie lui jouait un mauvais tour.

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- Monsieur Vidal, bonsoir. Lieutenant Labrunie. Je suis en charge de l’affaire. Asseyiez-vous, je vous prie.

Il avait le visage fermé, de celui qui doit annoncer une mauvaise nouvelle. Il ressemblait à l’image que nous nous faisons de ces hommes, chargés de protéger la société. Il était grand. Il devait faire un bon mètre quatre-vingt. Il portait une barbe légère, conséquences des longues nuits d’astreinte plus qu’un effet de mode.

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Les rides traversaient son front plus que la patte de ses yeux, qui étaient terriblement expressifs. Qu’allait-il lui annoncer de si grave ?

- Monsieur Vidal, je suis désolé, votre fiancée est morte. Elle a été retrouvée inanimée dans votre appartement. Ces sont les voisins qui nous ont alertés.

Pierre se rappelait le message qu’il avait reçu de son ami, Gaspard. Il lui disait simplement qu’il avait quelque chose de très important à lui dire.

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Était-ce lié ? Il était perdu. Ses pensées s’entrechoquaient. Pourquoi était-il dans ce commissariat déjà ? Qui était ce lieutenant qui semblait trop fatigué ? Que venait-il de lui annoncer ? Les sons étaient distordus. Il regardait en face à lui, sans pourtant voir. Son esprit était parti, loin, peut-être pour rejoindre sa fiancée qui n’était plus. Le visage du policier devint flou, ses lèvres bougeaient, mais que disait-il ?

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Pierre ne comprenait plus ce qui se passait. Pourquoi ce mur était-il si fissuré ? Même la peinture semblait vouloir fuir ce bâtiment. Tellement de mauvaises énergies semblaient transiter dans ce lieu, que même l’inanimé ne se sentait pas à sa place. Il repris ses esprit lorsqu’une lourde main vint fermement se poser sur son épaule.

- Vous pouvez faire appel à un avocat, vous avez entendu ?

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Pourquoi faire appel à un avocat, qu’est-ce qu’ils racontent, c’est leur manière à eux de réconforter les familles en deuil ?

- Vous ne semblez pas dans votre état normal, Monsieur Vidal. Avez vous consommé de l’alcool ou de la drogue ?

- Moi ? De la drogue ? Bien sûr que non, j’étais au travail je vous rappelle.

- Bien, de toute façon la procédure nous autorise à effectuer une prise de sang, ce que nous ferons.

- Qu’est-ce qui se passe là ?

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- Vous êtes en garde à vue, pour homicide volontaire sur la personne de Jade Alanis.

Le monde s’écroula devant lui, lorsque les menottes se serrèrent contre ses poignets. Il était désintégré. Les dernières minutes de sa vie venaient tout juste de s’envoler avec son coeur.

C’est dans sa cellule qu’il repris conscience de la réalité. Sa fiancée était morte, et il était considéré comme le suspect principal de sa disparition.

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Jade avait donc été assassinée, dans leur appartement. Là où la majorité de leurs souvenirs avaient été construits. Les éclats de rire, les caresses et les échos de leurs voix furent balayées par le sang.

Ce constat lui arracha le coeur, mais il ne réussit pas à pleurer. Il était asséché par la douleur. Son souffle était court, et son coeur instable. À tout instant, il sentait qu’il allait perdre connaissance. Le sol l’accueilli avec violence.

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Pierre se réveilla à l’hôpital. Sa tête lui faisait si mal. Que c’était-il passé ?

Les souvenirs revinrent à son esprit embrumé, mais il les prit pour des cauchemars. Jade allait bientôt arriver, et elle lui raconterait ce qui lui était arrivé pour qu’il finisse dans ce lit, entouré de toutes ces machines si bruyantes.

Il voulut attraper le verre d’eau sur la table de chevet, sa gorge était sèche; mais quelque chose le retenait. Des menottes !

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