La brûlure

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Un rayon de soleil traversait la pièce, mon meilleur ami était allongé là sur son lit d'hôpital pourtant s'était mes mains qui tremblaient.

- Tout va bien Logan, regarde je te parle, je suis là, tout le monde va bien. C'était un simple accident.

J'acquiesçais mais n'ouvrais pas la bouche et Eliott respectait ça. Le feu c'est ma pire terreur et les gens autour de moi semble tous vouloir partirent en fumée à un moment ou un autre.

J'ai cette sorte de fierté personnelle qui m'empêche de pleurer quand je le voudrais, m'oblige à cacher mes sentiments derrière l'humour et l'ignorance. Alors, quand je n'en peux plus je me tais, le silence finit toujours par me calmer.

Une infirmière entra dans la pièce, il fallait faire quelques derniers examens.

En sortant de la chambre je vis un téléphone fixé au mur et sans vraiment réfléchir j'enfonçais les touches métallisées avant de coller le combiné à mon oreille.

- Allô, Logan ?

- C'est moi, comment tu as deviné ?

- J'ai appris pour Eliott ce matin

Pourquoi je posais la question, c'est une petite ville, tout finit par se savoir

Je laissais un silence un peu perdu

- Comment va-t-il ?

- Rien de grave, ils le gardent à cause de la fumée et d'un bras cassée.

- Et toi ?

- Je ... je n'en avais pas la moindre idée… On peut se voir ?

- Je t'attends à la patinoire à midi

Nous raccrochions, cette fille est une énigme. Mais là j'ai comme la sensation qu'elle est la seule qui réussira à me comprendre, sans avoir aucune idée de pourquoi.

À cette heure, il n'y a personne. Nous vivons dans une petite ville et il y a des heures de creux qu'elle connaît visiblement. Elle est là, au centre de la glace translucide. Elle tourbillonne, vole et virevolte, on dirait qu'elle a fait ça toute sa vie.

Elle ressemble à un ravissant petit papillon aux ailes aussi sombres que ses cheveux. Un papillon avec une grosse écharpe de laine rose.

- La dernière fois que je suis venue ici glissais-je j'avais sept ans et j'ai été puni pour avoir menacé une de mes camarades de lui couper les oreilles avec mes patins.

Elle rit en me rejoignant

- Elle t'avait piquée ton goûter ?

- Non, mais elle posait trop de questions

Elle sourit encore plus

- Je te comprends les gens qui posent des questions sont vraiment agaçants.

Avec son air mi-sympathique, mi- renard, mi- psychopathe elle réussie à me redonner un peu de joie dans cette interminable journée.

Une fois chaussé je tentais de tenir sur la glace, sans grands résultats, je n'étais vraiment pas resté longtemps sur la glace la dernière fois.

Elle me tira jusqu'au bord avant de me dire :

- Je ne te poserais pas de questions cette fois, c'est comme le patin à glace, quand tu te sens prêt à me raconter tu te lances.

Elle recula un peu recommençant ces figures.

Je l'admirais quelques secondes avant de fermer les yeux, je fis quelques pas avant de m'arrêter, déséquilibré je pris une inspiration.

- Cette nuit fut la plus horrible de ma vie bien que mon esprit en ait effacé les contours. Il s'était mis à neigé alors j'étais redescendu après que mes parents m'aient couché pour admirer les flocons depuis la baie vitrée du salon. C'est ce qui m'a sauvé.

J'avançais encore un peu, je commençais à m'éloigner du bord, mais maintenant j'étais lancé. Athénaïs s'était arrêtée au milieu de la piste vide pour m'écouter aussi silencieuse que pourrait l'être une tombe.

- L'incendie est parti du sous-sol, probablement un mégot ont dit les pompiers. La maison était vieille et le bois fragile, l'escalier s'est enflammé presque instantanément, la baie vitrée a explosée avec la chaleur, je me suis enfui par là. Mes parents ont été réveillés par mes hurlements. Mais, il était déjà trop tard, personne n'a réussi à sauver Matthew, cette nuit-là il poussa le dernier souffle de sa courte existence dans un enfer sombre de fumée rougeoyante.

J'étais tombé, à genoux sur la glace. Dans le silence presque féerique de la patinoire , j'étais plus calme. Ce n'est pas comme si l'incendie et la mort de mon frère était un secret mais l'histoire m'appartient, les images seront à jamais des secrets enfermés dans mes souvenirs. Seul Eliott connais mes terreurs nocturnes enflammées. C'est comme si la ville avait oublié, les années ont passé, j'ai grandi, la vie continue son cours, pourtant je garderais tout cela présent chaque jour de ma vie dans un coin de mon esprit, à tout jamais.

Athénaïs est venu s'asseoir à côté de moi. Si on m'avait dit que cette fille étrange deviendrait mon amie...pourtant elle dégage cette impression rassurante de tout comprendre. Elle ne dit rien, elle n'affiche aucun jugement, aucune pitié, juste l'écoute et la compassion et s'est tout ce que j'aurais pu espérer. C'est presque comme si parfois elle ressentait les émotions, elle les comprend comme si elle pouvait les capter dans l'espace autour de nous.

Je ne lui raconte pas mon histoire pour avoir sa pitié ou même sa confiance, juste parce qu'elle est là et que j'ai l'impression que c'est ce qui est le plus évident, le plus simple à faire.

Elle l'avait juste su, j'avais besoin de parler alors elle s'était mise a écouté.

J'étais désorienté, je regardais mes mains couvertes de cuirs, un peu bleu à cause du froid, constatant la stupidité de leurs existences à cet instant précis.

Je dénouais les bandes libérant mes mains de ces protections, mes cicatrices littéralement à nu.

Les brûlures qui parcouraient mes doigts jusqu’au creux de ma paume n'était ni laide, ni belle seulement un rappel, un souvenir constant d'une seule et unique nuit que j'avais choisi de couvrir pour éviter les questions. Mais en croisant le regard d'Athénaïs je compris qu'elle avait deviné, peut-être pas les détails, peut-être pas les flammes, mais elle n'eut aucunement l'air effrayée, dégoûtée ou même étonnée. Comme si ces bandes de cuirs cachant tant bien que mal mes brûlures n'avaient pas suffi à lui effacer la présence de ces douloureux tatouages sur ma peau.

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