La poésie, ah la poésie!

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Quand le poète fait pouet pouet


La poésie. Ah la poésie ! Quel art difficile et ingrat. Point de félicité facile. Chanter l’amour, n’est-ce pas le plus noble des projets, chanter, chanter d’un air grave. C’est qu’il est sérieux le poète quand il déclame son chef-d’œuvre. Sa voix est grave, son regard plein d’une sensiblerie entendue et partageable. C’est à cela qu’on reconnaît le poète. Il parle de l’amour avec la grâce convenue. La métaphore s’engage et le lecteur-auditeur est ravi d’y retrouver ce qu’il attendait. Il sourit d’un air entendu – lui aussi – bien pense-t-il, bien la rime convient, c’est un bon poète. Le cadre, le décor, les images flattent sa propre rêverie.

Mignonne allons voir si la rose. Il va voir sur son rosier la fraîcheur de la fleur et la cueille avant qu’elle ne se fane, bien sûr, la morale est bonne. Il la cueille et l’offre à sa gente dame, n’est-ce pas et la belle emportée par le parfum dans l’élan hume et se donne à son amant. S’il savait seulement le poète et son auditeur, s’ils savaient seulement. La tonne de pesticide qu’il a fallu pour nourrir cette rose, fragile rose pour la faire grandir, qu’elle s’épanouisse dans son entourage et ses gardes du cœur montsantesque. L’amour toujours l’amour. La moue oui, la damoiselle en perdrait ses ailes et tomberait en une pâmoison conquise par le pouah-son et non transportée par le charme d’une rose ambassadrice d’un amour pur bio. Et si le prince charmant savait ce que masque un corps si souvent ouvert à l’appétit des mâles.

Conter fleurette. Imaginer conter fleurette. L’ambiance choisie, monsieur et madame allongés dans une prairie. Il fait chaud sous le soleil de l’été. Ils se sont retrouvés sous l’ombrage d’un bel arbre au pied duquel coule un petit ruisseau au murmure discrètement liquide, juste pour adoucir l’oreille et la guider vers une chaleur et une torpeur qui n’a rien de solaire même si le soleil en est complice. Monsieur glisse une main et va chercher la rondeur d’une fesse que madame lui offre bien gentiment. Lecteur impatient et avide de belles histoires, tu vois déjà cette même main prolongeant sûrement la tienne caresser une croupe consentante. L’aventureuse rencontra sur son chemin une matière molle qu’elle pétrit de son désir puis de son dégoût quand surpris par l’odeur nauséabonde il la souleva et la trouva enrobée de quelque matière tout à fait naturelle mais combien peu poétique. Malencontreusement sa main a glissé en dessous plus en dessous que les dessous de la gente demoiselle, sous la couverture qui les protégeait de l’herbe et d’un sol plein de surprise champêtre, une terre maculée d’empreintes, le passage de troupeau et ce qu’il en reste une fois passé. Vous voyez ? Imaginez, avec vos yeux ; maintenant du toucher… ça y est ? Avec votre odorat maintenant… L’amour l’amour toujours l’amour et ses déconvenues. Que dira le Poète chantant la beauté, quelle voix grave avec un léger frémissement pour conter la mésaventure, quel regard plein d’une extase sereine pour appuyer le geste d’amoureux malchanceux ?

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