Un jour comme les autres

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Messieurs qu’on nomme grands je vous écris une lettre pour vous dire que je suis fatigué de la façon dont on me traite.

Depuis des mois, des années même, vous me tapez sur le dos et j’ai des douleurs qui me font souffrir nuit et jour. Je suis allergique à vos sales petites affaires qui m’écorchent la peau. Et je développe un eczéma sec et ça me gratte jusqu’au sang !

J’ai des griffures rouges partout le long de vos guerres ! Ça s’infecte et ça pue dans

tous ces coins où vous avez à faire.

Ça vous fait doucement rire et quand j’affirme que ça propage un mauvais climat, vous

prenez une mine consternée mais entre vous, vous vous moquez de moi à tour de bras !

Assez de vous avoir toujours entre les pattes à me pomper la vie. Assez de vous et de vos semblables hypocrites : l’auréole du Saint sur la scène, les cornes de Satan en coulisses.

Pan un grand coup sur le pif en Afghanistan !

Et pan un califat de fada en Irak

pan je te fais péter une école pleine d’enfants

et pan un missile sur ta face de mécréant !

Pan et pan, en Ukraine !

Entre frères, c’est encore plus rigolo n’est-ce pas !

La chasse est ouverte !

Ironie, elle n’a jamais fermé !!

    Et si on remonte un peu dans le temps, une bonne petite embrouille internationale.,

Bon anniversaire pour les Poilus de 14 !

L’holocauste, un petit holocauste, un bijou d’horreur !

Ma foi, l’expert a fait école et je n’en crois pas mes oreilles : des nazis recrutés un peu partout chez les z'alliés, au lendemain de cette mémorable Seconde Escrabouille Mondiale…

Et puis l’aimable chilien, adulé par la Dame de Fer.

Entre démocrates…

Et puis, et puis

Ouganda génocide,

Arménie aussi

Libye et Mali,

       Et vos drôles de drones qui tirent sur tout ce qui bouge, les fous de guerre

— nouveaux gladiateurs,

les vivats de la foule dans les arènes.

Comme à Rome !

Messieurs qu’on nomme grands, disait Boris Vian. Il vous écrivait une lettre pour vous dire qu’il ne ferait pas la troisième, qu’il serait déserteur, porterait des armes quand on l’arrêterait.

Je suis las de vos tricheries, las de votre meute de fidèles qui hurle à la mort quand vous dites : à mort ! Qui rit quand vous riez.

Et si on Vous prend les pieds et les mains dans le scandale, vous souriez et le lendemain ?

Réélus !

J’ai mal.

Pourtant il y en a avait parmi vous que j’aimais bien.

Jaurès et la paix

Morts assassinés.

Gandhi et Martin Luther King

ont fait un rêve de non-violence ?

Morts assassinés.

Tout de même on ne pouvait pas laisser faire. Il y en a d’autres anonymes dont je sens le sang sur ma peau.

Ces gens que j’aime et qu’on assassine !

Mais je ne me suis pas présenté, vous avez deviné peut-être.

Je suis Monde

et je voudrais qu’on me

FOUTE LA PAIX !

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