Scène 12 : Épilogue

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Joachim était rentré chez lui, décontenancé. Le sentiment d’avoir oublié quelque chose le préoccupait, sans qu’il parvienne à définir de quoi il s’agissait. Il tenta de s’occuper, se lança dans une partie de jeu vidéo et n’y trouva aucune saveur. Il se tourna vers son deuxième passe-temps préféré, mais même les mangas manquaient d’intérêt. En fin de compte, il passa le reste de son samedi, allongé sur son lit, en contemplant le pendentif ambré. Il se demandait s’il n’avait pas rêvé tout ça.

Quand lundi matin arriva, Joachim n’était pas fâché de retourner au lycée. Il avait l’impression de visiter un nouvel univers, de découvrir avec un œil neuf tout un ensemble de détails insignifiants. En silence, le jeune homme compta les portes du bâtiment. Il les classa rapidement en deux catégories, celles qu’il avait déjà traversées et les autres. Il se demanda si elles cachaient des secrets ou juste des placards. Il sourit, immobile.

Le regard suspicieux de l’intendant s’appuyait sur lui. Et il décida qu’il devrait remettre ses questions à plus tard. Il s’avança dans la cour entourée de grillage.

— Hé, gros naze.

La voix de Brandon sembla légèrement éraillée à l’oreille de Joachim. Il continua de marcher, assez sûr de ne pas mériter ce surnom.

Brandon surgit devant lui, essoufflé d’avoir pressé le pas pour le rattraper.

— Hé, gros naze. Écoute quand j’te parle, aboya Brandon en poussant son épaule du creux de la main.

— Ah bon ? Je pensais que tu t’adressais à Kevin.

— Tu te crois malin ?

— Non, on sait tous que c’est toi le malin, répondit Joachim en contournant le bras tendu de la brute.

Brandon arma son poing et le propulsa vers le visage de Joachim qui se tourna hors de sa trajectoire. Brandon n’avait besoin que d’un léger coup de pouce, alors, serviable, Joachim lui donna une impulsion en tirant son bras.

Brandon termina au sol, hébété.

— Il m’a déséquilibré ! Vous avez vu ? Il a osé.

Déjà Joachim s’éloignait vers sa classe, il tournait résolument le dos à ces petits tracas. Derrière lui, Brandon s’expliquait avec le surveillant général du lycée alerté par l’attroupement qui s’était formé.

Joachim arriva en avance pour le cours d’anglais. Toutes les places étaient libres, mise à part une. Laureline lisait, concentrée, une mèche de cheveux passée entre ses lèvres. L’estomac du jeune homme se serra, ses épaules s’affaissèrent un instant. Il sentit l’amulette dans sa poche de Jean. Elle lui semblait irradier une douce chaleur.

Joachim inspira profondément, puis alla s’asseoir à côté d’elle.

***

— Si c’était vraiment interdit, ils ne se seraient pas contentés de mettre des rubalises.

— J’suis pas très sure, répondit Laureline.

— Tu ne veux pas être la première à voir les trésors oubliés d’Égypte ? lui demanda-t-il en soulevant le ruban plastique.

Le prof d’histoire, féru d’art, avait emmené la classe en sortie culturelle. La visite du Louvre s’était avérée une vraie purge et les deux jeunes gens avaient profité du désordre ambiant pour s’éclipser. À force d’éviter la foule, ils étaient tombés sur un secteur du musée en cours d’aménagement.

Laureline hésita un instant, puis passa sous la barrière symbolique, vite rejointe par Joachim.

Ils avancèrent au milieu de caisses en bois. Toutes renfermaient sans doute des trésors inestimables. Les deux jeunes gens se sentaient écrasés par le poids de l’histoire et électrisés par la transgression des interdits.

Lorsqu’ils entendirent le bruit de pas, ils se dissimulèrent derrière un présentoir encore recouvert de son emballage de protection. Un homme en costume dirigeait des manutentionnaires chargés de boîtes de formes variées.

— Suis-moi, chuchota Joachim à l’oreille de Laureline.

Courbés en deux, main dans la main, ils se faufilèrent vers une issue fermée par des bâches translucides. En la franchissant, Joachim sentit un léger picotement dans la nuque. Plus loin une porte ouverte laissait passer la lumière du jour. Le garçon prit la main de Laureline et l’entraîna vers cette sortie providentielle.

En s’approchant, Joachim ressentit une drôle d’impression, pas vraiment de l’angoisse, juste un pressentiment. Quelque chose clochait. Lorsque Laureline et lui atteignirent le seuil de la porte, leurs mâchoires s’affaissèrent sous l’effet de la surprise et de l’incompréhension. La jeune femme s’arrêta, abasourdie. Joachim soupira devant le paysage. Un immense gouffre les séparait d’un ensemble d’immeubles de style Renaissance Italienne. Des barques et gondoles volaient entre les bâtiments.

— Zut, susurra Joachim, incapable de dire autre chose.

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