Scène 4 : Perdu

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Perdu. Entraîné dans un tourbillon de désespoir, Joachim tourna sur lui-même telle une girouette malmenée par le vent des événements. Dans le flou de sa vision, des détails apparaissaient en surbrillance, comme dans un cauchemar. Celui-ci avait de longues dents, celui-là, une face de cochon. Celle-ci encore le fixait avec des yeux des serpents et tirait une langue bifide.

À bout de souffle et pris de vertiges, il s’appuya sur un mur, perdit l’équilibre et tomba sur les fesses. Sa vue continuait de vaciller mais ses idées s’éclaircissaient peu à peu. « Ne gâche pas ton temps en lamentation, lui intimait son maître. Oublie les problèmes, focalise-toi sur les solutions. » Les paroles semblaient pleines de bon sens, Joachim se ressaisit, ferma les yeux et fixa son attention sur les mouvements saccadés de sa poitrine. Doucement, ils devinrent plus réguliers. Au bout d’une minute, ils se calmèrent. Alors, Joachim inspira et expira profondément, sans penser à autre chose qu’à sa respiration. Une fois assimilé le fait qu’il était complètement perdu dans un monde étrange, il pouvait se concentrer sur la solution.

L’esprit à nouveau clair, Joachim se releva, encouragé par deux types avec uniforme et matraque. Ils se rapprochaient, un air mauvais plaqué sur le visage. Leur face toute en arcades sourcilières, pommettes saillantes et menton proéminents, impressionna moins Joachim que les défenses de sanglier qui dépassaient de leur bouche. Il n’attendit pas qu’ils le rejoignent pour prendre ses jambes à son cou.

À force de se perdre, de tourner en rond et de se cogner, il reconnut enfin le passage par lequel il était arrivé. Malgré ses efforts, il ne retrouva pas la porte qui l’avait amené ici. Il continua d’errer dans le labyrinthe de couloirs, à la recherche de la sortie.

À force de chercher, il en trouva une. Elle donnait sur une petite place. Un vent frais charriait les odeurs des restaurants qui la bordaient. Il s’appuya contre un réverbère et ferma les yeux pour retrouver son calme. Quand il les rouvrit, il vit la silhouette encapuchonnée de la jeune femme du centre commercial. Elle pénétrait dans une gargote dont la façade exhibait un gigantesque M de couleur jaune. Sous l’enseigne, un mannequin aux cheveux orange tenait un bouclier sur lequel le menu était épinglé par deux carreaux d’arbalète.

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