Projets de départ.

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« Mi, enfant de la vie

Tomba amoureux de la belle Ely

Je vais vous compter

Leur histoire, leurs amours cassés

Par la jalousie

De leurs parents de leurs amis

Mi enfant du paradis

un jour pour un amour a fui

loin de son monde

plein de tristesse plein d’ombres

loin de se vie

de ses parents de ses amis... »

La complainte de Mi

La cithare s’arrêta de jouer, laissant les oiseaux remplacer la voix cristalline d’un jeune homme aux cheveux bouclés, à la barbe naissante.

« Tu peux me faire confiance, je ne révélerais pas ton secret. »

La jeune fille qui venait de parler semblait sincère, il faut dire qu’elle avait toutes les raisons de l’être : Peyre, le jeune homme auquel elle venait de promettre de garder le secret était censé devenir son mari dès que son père aurait donné son accord, ce qui était acquis. Leurs parents avaient arrangé leur mariage bien avant leur naissance ainsi que le voulait la coutume de l’île des Vertes Vallées. Ainsi la vie des jeunes gens de l’île échappait-elle aux inconstants désirs de la jeunesse. Les plus âgés de la société contrôlaient cette affolante envie de vivre dont regorgent les jeunes gens en créant des règles strictes, immuables qu’ils appelaient traditions.

Les yeux noirs du jeune homme plongèrent dans ceux de la jeune fille sans ciller. Il était plutôt bel homme, et bien des demoiselles de l’île auraient aimé l’avoir pour époux. d’autant que le père de Peyre : Pelras, faisait partie de l’élite des dirigeants de l’île. Des siècles de sélection sociale avaient mis à la tête de la haute société de l’île, les plus beaux spécimens de l’humanité. Et si Zinèle n’avait pas eu cet esprit rebelle qu’elle cachait derrière son espièglerie, elle aurait certainement été heureuse d’avoir Peyre pour époux désigné.

Il n’était pas amoureux d’elle, pas plus qu’elle n’était amoureuse de lui. Ils étaient bon amis, depuis toujours lui semblait-il. Deux âmes unis par une même soif de vivre autre chose que le destin tout tracé par leurs parents.

Il lui semblait qu’il était trop jeune pour avoir a décider de ce genre de chose, mais avait-il le choix ? Certes, ses parents s’était mariés à seize ans, exactement l’âge qu’il aurait demain, mais il ne se sentait pas obligé de suivre la voie de son père bien qu’il ne voyait pas comment échapper au destin tracé par des générations de nobles qui avait forgé la richesse de sa famille et celle de la famille de Zinele, la jeune fille qui était assise a ses coté. La seule solution qui lui était apparue, était la fuite loin des lieux de son enfance, loin des pesanteurs de cette société figée, mais aussi loin de la tendresse de sa mère. En y pensant, la tristesse le submergea, mais il se ressaisit rapidement, sa décision était prise, l’heure n’étais plus à la sensiblerie.

« Je ne doute pas un instant de ta sincérité Zinele, mais tu sais ce que mon père dirait si jamais il apprenait que j’ai appris à son insu à jouer de la cithare et qu’en plus je rêve de devenir troubadour... »

« Il serait furieux, seuls les nobles de l’île Rouge suivent le chemin des artistes jusqu’à paraître sans rougir à la cour d’Océalys. »

Peyre, comme tous les jeunes hommes de l’île des vertes vallées, irait grossir les rangs de l’armée royale. Son initiation aux métiers d’armes avait commencée depuis son plus jeune âge et il n’avait pas a rougir de ses prouesses dans ce domaine. Comme tous les enfants de l’île, il avait bénéficié des meilleurs maîtres d’armes dès qu’il avait eu la force de tenir l’épée de bois qui servait à l’entraînement des mercenaires de l’île des vertes vallées. La discipline militaire qu’il avait subie tout au long de sa jeunesse n’avait que renforcer en lui l’envie de fuir sa condition et son irrémédiable destin. Contrairement à ses compagnons de jeu, il ne ressentait aucune fierté a être mercenaire.

« j’aimerais bien échapper à mon destin, rien ne me fait plus horreur que cette guerre qui déchire Océalys et je n’ai guère envie de faire couler plus de sang qu’il n’en a déjà coulé depuis qu’a commencé la grande bataille. »

« c’est pour l’honneur de l’île et de ton nom Peyre, ne l’oublie pas ou tu vas devenir comme Zar le fou... »

La jeune fille était convaincue que le destin de tout jeune noble était de chercher gloire et honneur au service du roi d’Océalys en lutte depuis des années contre les armées de son frère Jarn l’Insurgé et ses alliés de terriani, le royaume ennemi d’Océalys. Elle ne comprenait pas vraiment l’attirance qu’avait le jeune homme pour les choses de l’art, mais elle supportait cette bizarrerie en se disant que la vie ramènerait son futur mari vers des considérations plus raisonnables, les hommes sont parfois étranges et il faut être patiente avec eux.

Comme toutes les jeunes filles de l’île verte, elle plaçait son espoir d’échapper à la morne vie de jeune fille en se mariant avec son prince charmant, un idéal louable, mais rarement atteint.

Zinele n’était pas naïve, contrairement à bien des jeunes demoiselles qu’elle avait pour unique compagnie depuis qu’elle était enfant. Elle savait pertinemment que Peyre n’était pas amoureux d’elle, et elle-même, ne ressentait guère plus que de l’amitié pour son jeune compagnon, mais il représentait son seul espoir d’une vie différente de celle de ses sœurs, toutes occupées à nourrir, laver, éduquer une ribambelle d’enfants tout en satisfaisant leur maris. La vie de princesse n’avait rien de charmant. c’était une vie d’esclaves bien nourries, richement vêtues, ne manquant de rien matériellement, mais terriblement dépourvue d’intérêts aux yeux de la jeune femme qu’elle était. Elle rêvait d’aventure, d’amants, bref de choses que les habitants de l’île verte considéraient comme maudites, maléfiques, indignes d’une jeune demoiselle de bonne famille.

Elle aurait aimée être un garçon pour pouvoir assouvir son envie d’aventure, de combats. Même si elle savait que nombre de jeunes hommes de bonne famille de l’ile des vertes vallées mourrait précocement laissant à leur jeune épouse la garde de leur domaine, mais avec aucun pouvoir de décision tant que des parents ou des frères de leur mari décédé étaient encore en vie. La relative sécurité dont bénéficiaient les jeunes filles était à ses yeux un long et morne calvaire.

Peyre était le seul ami d’enfance capable de comprendre ce qu’elle ressentait. Peut-être parce que lui aussi ne se satisfaisait pas du rôle que la société de l’île entendait lui imposer.

S’il n’avait pas été aussi pingre, ils auraient depuis longtemps passé à l’acte qui aurait fait d’elle une femme à part entière. Sachant que de toute façon ils étaient promis l’un à l’autre, cela n’aurait pas changé grand-chose dans les faits pour eux. c’était juste une question de temps aux yeux de la jeune fille. Elle qui avait horreur des conventions sociales, il lui aurait plu de bousculer le plan bien établi par leurs parents respectifs. Bien sûr, il y avait toujours le risque de tomber enceinte, mais elle avait, pour palier à ce souci, appris l’usage de certaines plantes qui lui aurait évité ce désagrément si elle s’y prenait suffisamment tôt. Elle était d’ailleurs passé maîtresse dans l’art d’utiliser les plantes grâce aux enseignements d’Helen, la compagne de Zar le fou. Comme Peyre à propos de la cithare, elle gardait la chose secrète. Leurs parents seraient surpris d’apprendre jusqu’à quel point les deux jeunes gens n’obéissaient pas aux règles de l’Iles Verte.

« Zar n’est pas aussi fou qu’on le prétend, il désire simplement vivre tranquillement après une vie bien remplie. » dit pensivement Peyre.

« Peut-être, mais sa façon de décourager les jeunes hommes de l’île à se donner aux jeux d’armes en agace plus d’un. Mon père prétend qu’il n’est qu’un couard et que si on l’écoutait le monde serait gouverné par des femmes avec des hommes à leur service. »

« Ce serait peut-être pas si terrible après tout. »

« Je ne sais pas, mais pour moi un homme doit être un homme, même si son arrogance m’agace. »

« Est-il besoin de se battre, de faire couler le sang de nos prochains pour être considéré comme mâle ? Ce genre d’apriori m’agace encore plus que l’arrogance des hommes de cette île. Désires-tu vivre une vie a attendre que ton mercenaire rentre de combat, si il rentre ? Puis a subir ses lubies pour le reste de tes jours, entouré de toute ta production d’enfant. Es-tu prête a subir le déshonneur si par malheur tu n’as pas la chance de lui donner de beaux garçons ? » Lança Peyre agacé par le mélange de révolte de de conformisme de la jeune femme.

« Non, certes, une vie d’aventures est certainement plus existante qu’une vie de matrone déformée par des multiples grossesses. »

« Si tu étais un homme, tu serais exactement comme eux ! »

« Peut-être, en tout cas je ne te voie pas associé à une mégère entourée d’une ribambelle de mioches ! «

Le regard de Zinele brillait de malice, mais Peyre ne semblait pas avoir conscience du ton ironique de sa jeune amie.

Il fallait absolument qu’elle trouve le moyen de fuir le morne avenir qui s’annonçait. Elle avait toujours pensé que Peyre serait son sauveur, son libérateur, même si elle ne voyait pas comment cela se produirait. Le voir ainsi, hésitant la faisait douter, certes, elle savait qu’elle devrait le faire bouger. Elle savait aussi qu’il était prêt à affronter tous les dangers pour fuir les conventions bien ancrées de l’Île.

« Tu sais, il y a le grand concours de Troubadour a Arqana »

« Oui, et alors ? » demanda Zinele

« j’ai décidé d’y participer, ce soir, je dois absolument embarquer sur un navire, puis je voyagerais jusqu’à là-bas pour tenter ma chance... »

« Quoi ? »

Elle n’en croyait pas ses oreilles, Peyre s’était enfin décidé à agir, et il lui en parlait. Mais qu’attendait-il d’elle ? Si il était décidé a partir sans elle, elle ne le laisserait pas faire. Elle voulait aussi avoir sa part de d’aventure.

« Que comptes-tu faire exactement ? Et qu’attends-tu de moi ? »

« Je ... euh, je voudrais que tu m’accompagne » répondit-il hésitant.

Elle n’en croyait pas ses oreilles, il avait pensé à elle ! Décidément, Peyre n’était vraiment pas comme les autres garçons de l’île. Il trouvait toujours le moyen de la surprendre. Il aurait pu essayer de convaincre un de ses pages de l’accompagner, ceux-ci, assigné à servir les fils de nobles comme Peyre, n’avait pas d’autre choix que d’obéir, l’esclavage n’avait pas court ici, sur l’ile, mais la situation des pages, deuxième, où troisième fils de famille de paysans s’apparentait fort à cela. Ils devaient obéissance absolue à leur maître, quoi que ceux-ci leur demande. Peyre aurait certainement pu prendre l’un d’eux avec lui pour son aventure.

« Pourquoi ? Je veux dire, en quoi te serais-je utile, la plupart des garçons qui partent courir l’aventure ne s’encombre pas d’une damoiselle. »

« d’abord, je ne suis pas comme la plupart, tu le sais, et puis, je te connais assez pour savoir que tu mérites mieux que la vie sur cette île. »

Sur ce point, elle était d’accord avec lui, mais son esprit de contradiction la poussait a argumenter encore pour le pousser dans ses retranchements.

« Tu sais aussi bien que moi que notre départ commun ne passeras pas inaperçu alors que tu aurais pu faire croire que tu partais pour la Grande Quête ? »

« Je sais, mais, tu es la seule véritable amie que j’ai, et voyager seul ou avec un de ces pages soumis ne me tente guère. La fidélité ne se commande pas, tu le sais bien, je ne suis pas certain que si ils connaissaient mes projet, ils n’iraient pas me dénoncer a mon père, avortant dans l’œuf mes projets. Et puis qui écoutera mes chansons si tu ne viens pas, tu es mon meilleur public ! »

« Je n’en crois pas mes oreilles, je ne suis que cela pour toi ? » répondit-elle mi amusé, mi agacé par la gaucherie de son ami.

Il sembla surpris de la remarque, mais un sourire se dessina rapidement sur ses lèvres. Il avait toujours été espiègle malgré son apparente timidité, et il connaissait bien les susceptibilités de Zinele aussi il lui répondit ironiquement :

« Non, mais il faut bien que quelqu’un lave mon linge de corps, c’est vrai quoi, un futur chevalier ne s’abaisse pas à ce genre de choses. »

« Ça va pas non !!! » répondit-elle énergiquement.

Elle se mis a le frapper et tous deux se mirent à rire comme quand ils étaient encore enfants.

« C’est d’accord, alors ? »

« la question ne se pose pas, o! Chevalier à la lyre boiteuse ! »

« ah ah, rendez-vous sur la plage vers minuit, De la nous pourrons rejoindre le port sans nous faire trop repérer. »

Pas loin de là, dans les sombres recoins se tenait un personnage a l’allure improbable, un de ces artistes errants peut-être, une âme tourmentée qui sait. l’homme a parfois d’étranges façons d’exprimer sa différence. Celui-là pourtant dépassait en étrangeté tout ce que les habitants de l’île avait peut voir au long de leur étrange vie, et surtout, si l’on y regardait de plus près, on se rendait compte que l’individu semblait éthéré, comme un sorte d’apparition. Plus d’un témoin l’eut pris pour un fantôme ou quelque chose d’approchant de cette notion.

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