15 – Feyn : Abordage

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L’écoutille externe du sas termine son ouverture. Devant l’astronaute, le tube composite déplié comme un origami s’étend jusqu’au sas du Bearington. Avançant prudemment, les éléments géométriques, principalement des triangles et des quadrilatères blancs, défilent autour de lui, Certains portent des flèches rouges qui indiquent la direction de l’Akasha.

Feyn atteint la porte du sas de l’épave. L’indicateur de pression indique toujours l’absence d’atmosphère à l’intérieur. Déverrouillant le levier d’ouverture manuelle, Feyn constate que la température intérieure semble être plus faible encore que ce qu’il avait mesuré à la surface. L’astronaute force légèrement sur le levier et l’écoutille s’ouvre. En l’absence de pression, cette opération est finalement simple. L’astronaute s’engouffre dans le sas et observe avec attention les indicateurs qui y sont présents.

Cette vérification faite, il contacte le vaisseau : « Akasha, l’intérieur est dépressurisé, je vais ouvrir la seconde écoutille, tu pourras envoyer les drones d’inspection. ». L’IA de bord lui répond immédiatement : « Bien reçu Commandant, j’attends votre signal. ».

Après avoir ouvert le panneau latéral, Feyn, détache les sécurités qui interdisent l’ouverture des deux portes simultanément. Ceci fait, il purge la pression des vérins avant d’utiliser le levier de commande manuelle. L’écoutille s’ouvre vers le haut, lentement et les lampes de la combinaison éclairent les ténèbres intérieures.

« Envoie les drones Akasha. »

Immédiatement, quatre petits appareils d’une vingtaine de centimètre d’envergure le dépassent et entrent dans la coursive du Bearington. Déjà les premiers relevés commencent à fournir de nombreuses données, dont un scan tridimensionnel de l’intérieur du vaisseau qui se complète au fur et à mesure de l’avancée des drones. Rapidement, l’anomalie ne peut plus être attribuée à une erreur de mesure.

« Akasha, la température interne est sous les trente kelvins. Depuis combien de temps le vaisseau dérive-t-il ?

– D’après le dossier du contrôle spatial de Suan, la première apparition date de vingt et une heure.

– Peux-tu calculer la température interne du vaisseau à ce moment-là ?

– En extrapolant et en considérant l’environnement et l’isolation du vaisseau, entre trois et onze kelvins.

– Des phénomènes connus qui permettraient d’expliquer la situation ?

– Aucun capitaine : l’équilibre thermique du vaisseau est supposé être aux alentours de quatre-vingts kelvins et ce vaisseau ne dispose visiblement d’aucune technologie de furtivité ni de puits de chaleur. »

La réponse d’Akasha ne rassure pas vraiment Fey qui observe avec appréhension la progression des drones dans le vaisseau. Pour une raison qui leur échappe encore, le vaisseau a perdu tellement de chaleur qu’il est passé en dessous de l’équilibre thermique. Et Feyn en est certain : il y a quelques lois physiques qui interdisent ce genre de chose.

« Commandant : les drones n’ont pas accès à la passerelle : l’écoutille semble fermée et verrouillée. Le reste du vaisseau est inhabité. »

La passerelle de commandement. Bien, de toute façon, c’est là que sont les informations capitales, comme le journal de bord. Feyn s’engouffre dans les ténèbres, un fin filin déployé derrière lui, comme son propre fil d’Ariane le rattachant à son précieux vaisseau. Et à Idle.

De l’intérieur, le vaisseau semble être en parfait état : aucun dégât, pas d’objet à la dérive… pas même un peu de givre qui se serait déposé. Pourtant la température permet même l’existence de glace XI : la dépressurisation a probablement eu lieu avant l’événement responsable de cette perte de chaleur inconcevable.

Suivant la coursive principale, sa propre position marquée d’un petit panda vert sur la reconstitution, il s’approche enfin de la redoutée écoutille. Examinant les indicateurs, Feyn constate que la température à l’intérieur est aussi faible qu’à l’extérieur. Pour ce que ça peut signifier, le baromètre signale une absence d’atmosphère. Deux des drones d’Akasha encadrent l’écoutille et se tiennent prêt à inspecter l’intérieur dès qu’il sera possible d’y entrer. Les petits appareils rappellent, dans l’esprit, les drones qui avaient fait tant parler d’eux au début du siècle. Sauf que ceux-ci utilisent des petits propulseurs ioniques et pèsent plus d’un kilogramme chacun. Sur Terre, ils ne pourraient même pas décoller.

Répétant la même procédure que pour les autres écoutilles, Feyn libère les verrous et ouvre l’accès à la passerelle. À peine les lampes de sa combinaison parviennent-elles à éclairer l’intérieur que Feyn réalise la présence de trois corps en position dans leur fauteuil de vol, figés dans le temps, figés par un froid inimaginable. Les deux drones s’engouffrent dans l’ouverture et commencent leur travail de numérisation.

Une plaque de givre au plafond attire le regard de Feyn : l’atmosphère de la passerelle n’a pas disparu : elle s’est condensée, cristallisée…

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