Amour inconditionnel 

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En pénétrant dans l'université, je sentis mon corps se crisper légèrement comme à chaque fois que je mettais les pieds dans un établissement scolaire.

Les souvenirs de mes années lycées etaient si vifs , si présents... Le traumatisme était toujours là malgré toutes ces années.

Je ne pouvais m'empêcher de repenser à Nesrine ou encore à Sarah et toutes les autres dont je ne citerai pas le nom. Leurs visages innondés de larmes , déformés par la peur et les autres... les autres autour qui rigolaient et se délectaient de leur faiblesse....

Ces douloureux souvenirs me raidirent encore plus et je pressais le pas en serrant mon sac contre ma poitrine comme pour trouver du réconfort.

-« c'est du passé Sakoura, arrête d'y penser » me répétais-je.

Les collèges , lycées, universités m'angoissaient mais j'avais su masquer cet angoisse et persévérer pour continuer mes études.

J'avais beau renvoyer l'image d'une fille extrêmement confiante , dotée d'une assurance innée et inébranlable, au fond de moi je n'étais pas sereine . Ni à la fac, ni dans les transports, ni dans ma voiture, ni en allant travailler pour arrondir mes fins de mois .

Je craignais d'une part que le passé ressurgisse et d'autre part je craignais le karma...

Bref vous l'aurez compris, en apparence j'étais « ce genre de fille la » qui suscite plus de l'admiration , de l'envie que de la peine mais intérieurement, j'étais bousillée. Heureusement que je l'avais lui, Ali...

Rien qu'à cette pensée mon corps se détendit et je retrouvais petit à petit ma démarche assurée.

Au fond du couloir Je retrouvais ma camarade et meilleure amie Hanaé qui même si n'occupait pas la même place que lui était par sa joie de vivre l'un des remèdes à toutes mes angoisses.

Hanaé est une fille d'origine japonaise que j'ai rencontré lors de ma première année de Licence de Science politique. Au début très réticente à l'idée de côtoyer les gens de mon université, je me méfiais de cette fille trop extravertie à mon goût, féministe et grande gueule. Au fil des travaux de groupe, elle a su « m'apprivoiser » et créer entre nous un vrai lien d'amitié. Elle s'est avérée être l'une de mes plus belles rencontres.

Habitant dans les beaux quartiers de Paris, elle se revendiquait révolutionnaire et détestait qu'on lui colle l'étiquette de « bourgeoise » du fait de son appartenance sociale. Elle aimait critiquer le capitalisme et le système . Elle clamait être du côté de la « classe populaire ».

En écrivant ces mots je me rappelle d'une petite anecdote sur Hanaé . En troisième année, je l'avais invité pour la première fois à Villiers le bel à une soirée organisée par mes amis du quartier. La plupart des personnes présentes à la soirée parlez en « wesh » , le langage que l'on attribue généralement aux jeunes issus de quartiers. Elle avait A-DO-RÉ et trouvait ça particulièrement « original ». La semaine qui avait suivi elle avait rajouté des termes comme « fraté , ouesh, wallah , debiel » à chacune de ses phrases pour se donner un « genre » . De mon point de vu c'était à la fois amusant et malaisant. Fort heureusement ça n'avait duré qu'une semaine.

- Tu es en retard , ça ne m'étonne pas du tout ! s'exclama t'elle en me voyant arriver.

-Tu n'es pas à l'heure non plus je te signale !

Elle rit et s'avança pour me prendre par le coude.

On pénétra dans l'amphithéâtre, c'était parti pour 3 heures de cours de communication politique.

A la fin de chaque journée de cours je file à une boutique de vente de produits cosmétiques où je travaille en tant que conseillère de vente.

Le patron, un homme à la fois généreux et bon ajustait mon emploi du temps de travail à celui de mon université. Il me laissait commencer plus tôt, parfois plus tard et s'arrangeait pour que je sois toujours en repos mes jours d'examens.

J'enchaînais fac et boulot du lundi au vendredi pour ensuite rentrer m'occuper de mes deux plus jeunes soeurs avant de me plonger dans mes cours . Autant vous dire que j'étais submergée. J'avais choisi de me rendre libre les week-ends afin de pouvoir passer du temps avec Ali . Et aujourd'hui il avait décidé de venir me chercher à la fac pour me déposer à mon travail. Je finissais mes cours à 15h mais je savais déjà qu'il serait la à 14h30 pour m'observer sortir .

Ali est la personne qui partage ma vie depuis bientôt 6 ans. Nous nous sommes rencontrés quand j'avais à peine 18 ans et depuis nous ne nous sommes plus lâchés. Ce qui fait la beauté de cette relation est sans aucun doute son intensité et la profondeur de nos sentiments respectifs. Toutes les personnes qui nous fréquentent utilisent le terme « d'évidence ». Notre relation est tellement fusionnelle que d'un point de vue extérieure , elle pouvait paraître étouffante. Nous ne restions pas plus de deux jours sans nous voir.

Ali venait me chercher et j'étais excitée comme une collégienne. A 14h50 je ne tenais plus en place j'avais hâte de sortir de cet amphithéâtre pour le rejoindre .

Quand l'heure de la délivrance arriva ENFIN, je me précipitais dehors afin de le voir. Comme à son habitude il m'attendait dans le parking de l'université. Quand je le vis, mon sourire s'élargit, Dieu qu'il est beau.

Alors que je marchais vers lui, il m'observait intensément. Il ne souriait pas comme moi mais tout se lisait dans ses yeux. L'expression « tout est dans le regard » prenait tout son sens avec ce garçon . Même après 6 ans, il avait toujours ce truc dans ses yeux qui me disait « je t'aime » de manière inconsciente.

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