Chapitre 10

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En moins d'une seconde, je me dérobai de mon lit, je parcourus la maison à sa recherche en criant son nom. Après avoir dévalé les escaliers à toute vitesse, jarrivai dans la cuisine, face à moi sétalait un cimetière dassiettes brisées. Ma mère était certainement passée par là ...

En lespace dune nuit, ma vie entière avait basculé, cette petite vie routinière si stable venait de sécrouler sans crier gare, je ne savais pas comment les choses avaient pu tant déraper et surtout si soudainement.

Lécho de sa colère perdurait à travers la pièce, je pouvais presque sentir sa souffrance, tout cela ne faisait quaugmenter ce sentiment dimpuissance qui prenait petit à petit le contrôle de mon être.

Je suivis les débris à travers la pièce, en faisant attention de ne pas me couper, étant sorti à la hâte, je navais pas eu le temps de me chausser. Au dehors, jentendais lorage gronder et la pluie qui se déchaînait sur la baie vitrée menant vers le jardin. Cest alors que je vis ma mère.

Elle se trouvait là dans le jardin à genou, priant le ciel de lui rendre son enfant, je bouillonnai de lintérieur, toute cette rage contenue en moi ne demandait quà exploser, jétais au bord du gouffre je serrais les poings tout en essayant vainement de contenir les larmes qui sagglutinaient autour de mes yeux.

Je restai là quelques secondes à lobserver, me demandant ce que je pouvais bien faire pour alléger sa souffrance. En fin de compte, je ne pouvais absolument rien faire ; je navais aucune piste, aucun élément, aucune direction vers laquelle me diriger, jétais vraisemblablement dans un cul de sac. Jagrippai fermement la poignée et tirai de toute mes forces et fus surpris par une bourrasque de vent qui sengouffra à lintérieur et fit dresser chacun de mes poils au passage. Ma mère navait absolument rien à faire de son propre sort, la disparition de ma sur avait été pour elle comme un coup de poignard dans le cur, cet homme venait de lui ôter toute raison de vivre, elle nétait plus quune coquille vide.

Jattrapais un long manteau noir qui se trouvait sur un porte manteau et pris une seconde avant de braver ce qui semblait être une tempête. De toutes ses forces, le vent tentait de me faire tomber et associé à une pluie de plomb, je sentais mes pieds senfoncer dans la terre humide à chacun de mes pas. Tout autour de moi semblait régner le chaos, les branches se percutaient les unes contre les autres, à ma gauche jentendais le bruit du bois du petit local à outil qui grinçait et tremblait à chaque fois que la porte venait claquer sur celui-ci en se refermant. Je mis la paume de ma main sur mon front tout en avançant en direction de ma mère : elle se trouvait maintenant au bord de la falaise, scrutant lhorizon qui surplombait notre village. Je mapprochai doucement d'elle et posai ma main sur son épaule. Elle se tourna et me fixa de ses grands yeux habituellement couleur noisette qui étaient à présent dun rouge sang, elle avait sûrement usé toutes les larmes de son corps. Elle se trouvait dans un état pitoyable et cela me faisait mal de ladmettre.

Oh Anna... je suis son grand frère, mon rôle était de la protéger, jaurais dû être là pour elle, et dans ce rôle javais échoué lamentablement.

Je devais me rendre à lévidence : maccabler et mapitoyer sur mon sort ne la ramènerait pas, je devais avoir plus dinformations sur cet homme à la cicatrice, cet « ami » de mon père, ma mère détenait sûrement les réponses à toutes mes questions. Elle me cachait quelque chose, jen étais certain jétais bien décider à connaître toute la vérité.

Je pris un instant pour mettre de lordre dans mon esprit et commençai mon interrogatoire en exécutant une forte pression sur ses épaules, bien décidé à connaître la vérité.

-Maman, j'ai vu un homme qui pourrait bien être le kidnappeur dAnna, je l'ai vu pendant mon sommeil, tu sais cet homme dont parlait le boucher, ce « Jason ».

Au fur et à mesure que je parlais, je voyais les prunelles de ma mère sélargir, prêtes à se rompre.

-Cétait à mon baptême, il n'arrêtait pas de rire, cest encore confus dans ma tête mais son ricanement ressemblait étrangement à celui de la personne que j'ai vue dans la forêt. Il portait la même cicatrice et maintenant que j'y pense il portait également un anneau doré, identique à celui que portait le kidnappeur, comme celui avec lequel tu jouais ce matin celui que j'ai trouvé dans ta chambre, sur la couverture dAnna, celui que tu mas pris. Ça ne peut pas être une coïncidence, pour moi cest même un message, dis-moi ce que tu me caches ! ajoutai-je sans même essayer de masquer ma colère.

Elle me fixa de ses grands yeux marron un court instant qui me parut durer une éternité et prit la parole, tout en triturant son alliance dans tous les sens, et après une grande inspiration me dis dun air désespéré :

-Cette personne que tu as vue, c'est bien Jason l'ami de ton père...

- Cela faisait quelques semaines que jétais sans nouvelle de ton père, je ne te lai pas dit pour ne pas tinquiéter, il marrivait souvent de perdre le contact avec lui, ses fouilles le menaient souvent dans des lieux hors couverture réseau, mais depuis cette fameuse nuit où ta sur à ...

Avant de pouvoir terminer sa phrase ma mère se remit à pleurer à chaudes larmes, par pur reflexe, je messayai près delle et la recouvris du manteau que je tenais au creux de mon bras.

-Continue maman, je suis là, raconte-moi, quest-ce qui sest passé ensuite ?

Elle prit ma main dans la sienne, elle était glacée et dit :

-Ce soir-là, peu avant lincendie, jai reçu un coup de fil étrange, quand jai décroché le combiné il ny avait personne à lautre bout du fil. Jai dabord pensé à un canular et avant de raccrocher jai entendu une voix, je la reconnaîtrais entre mile, elle était froide et maléfique, celle de Jason. Cet homme est vraiment effrayant. Je nai jamais compris pourquoi ton père lappréciait, ce quil pouvait bien trouver à un homme aussi mauvais que lui. Il ma simplement dit ces quelques mots « prépare-toi, jarrive » avant de raccrocher brusquement. Et comme convenu, il est arrivé, et me la arrachée sans que je ne puisse rien faire, et juste avant de quitter la pièce, il ma dit « si tu veux la revoir un jour, donne-nous ce que nous voulons »

Quest-ce que cela pouvait bien être ?

Je sentais la haine monter en moi ; jétais bien déterminé à le retrouver et à lui faire la peau. Personne ne touchait à ma famille. Je serrai fort ma mère dans mes bras, tout en essayant de la réconforter comme je le pouvais. Elle a ajouté encore :

- Je ne voulais pas t'affoler, c'est donc pour cette raison que je ne t'ai rien dit. Pendant que tu te remettais de tes blessures, jai téléphoné à ton parrain. Je pensais quil pouvait tout arranger, mais plus le temps passait, plus je perdais espoir de la retrouver.

-Mais cest quoi ce bordel ! Cest quoi toute cette histoire, Anna na rien avoir là-dedans ! Pourquoi a-t-elle été enlevée, quest-ce que papa a encore foutu ?! dis-je en proie à la colère.

Je la transperçai dun regard qui exprimait toute ma frustration, lincitant pourtant à continuer.

-Je crois quil est arrivé quelque chose à ton père, William est resté très évasif sur le sujet, je suis sûr quil en sait plus quil ne veut bien le dire, répondit-elle en me tendant lanneau doré quelle mavait subtilisé un peu plus tôt.

Je le manipulai dans tous les sens, et vis que sur le contour extérieur était gravé « Richard ».

--Je ne suis pas fière de mes actes. Quand j'ai découvert ce que faisait ton père, je lui en ai longtemps voulu. Mais j'ai fini par fermer les yeux. Il faut dire que tout cet argent nous permettait de vivre confortablement. Nous voulions le meilleur pour toi, et maintenant ta petite sur se fait enlever. Si tu savais comment je men veux ! Dès le début, je compris que quelque chose clochait, ne voyant pas ton père revenir et n'ayant aucune nouvelle pendant plusieurs semaines. Ces derniers temps, Richard me semblait stressé et anxieux Et surtout très irritable, chaque fois que j'essaye de découvrir ce qu'il se passait, il coupait court à la conversation, en me demandant très froidement de me mêler de mes affaires.

Cest vrai, lors de son dernier passage mon père était très étrange, beaucoup plus que dhabitude.

- Quand nous étions au lit, a-t-elle poursuivi, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Son état me faisait beaucoup cogiter, je dirais même qu'il minquiétait. Pendant la nuit il se mettait à marmonner des phrases incompréhensibles pour la plupart, et qui à présent, prennent tout leur sens. Il semblait discuter avec une personne, et lui demander un peu de temps, lui affirmant qu'il touchait au but. Son sommeil devint de plus en plus agité, il prononça le nom de la mère de ton amie, Kate. Il lui demandait de le retrouver en Mongolie. Quel rôle la mère de Wendy pouvait-elle jouer dans toute cette histoire ?

Au moment où ma mère prononça le nom de Kate pendant un instant, je crus lire sur son visage un sentiment de dégoût.

Ma mère posa sa tête contre mon torse, tout en me serrant de toute ses forces et me dit encore :

- Si tu savais comme je regrette, retrouve ma petite fille chérie, retrouve là, je ten prie... Si je ne devais plus jamais la revoir, je crois que je ny survivrais pas.

Comment cet homme qui avait partagé les moments les plus importants de notre vie avait-il pu nous faire ça ? Il y avait encore tant de questions qui restaient sans réponse. A chaque nouvelle découverte, javais limpression que le mystère sépaississait davantage, ma vie nétait que mensonge et secret.

Je posai ma tête contre son épaule et lui promis de la ramener saine et sauve, quitte à mourir en essayant, je la ramènerais à la maison.

Je sentis ma mère frissonner, elle était glacée. Je laidai à se relever et passai mon bras sous son épaule pour laider à marcher et cest alors que jentendis alors un bruit lointain qui ressemblait fort à des sirènes de police. Intrigué, je jetai un il en direction du village et je vis une file indienne de véhicules de police se diriger en direction du centre du village là où se trouvait la maison de Wendy.

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