Chapitre 2

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Quand je rouvris les yeux, je fus aveuglé par la lumière du jour qui émanait de la fenêtre. Je reconnus rapidement la chambre de Wendy à son immense capharnaüm, ses étagères remplies de livres sur les voyages, elle avait toujours été fascinée par le monde et rêvait de le parcourir. Elle tenait ça de son père qui était décédé en gravissant une montagne quelque part en Russie. Elle ne parlait pas souvent de lui mais semblait l'admirer.

Après quelques battements de cils, les choses devenaient de plus en plus claires. Que faisais-je chez elle ? Comment avais-je atterri ici ?

Je me rappelais l'incendie, l'enlèvement de ma sœur, ma course poursuite dans les bois, mes derniers souvenirs se mirent à défiler, avais-je rêvé ? je compris que non en voyant mes bras enveloppés dans des bandages. Wendy était allongée sur mon torse, elle avait dû veiller sur moi pendant un bon moment.

Plus loin dans la pièce se trouvait Jack, affalé sur un fauteuil comme à son habitude. Une douleur au bassin me fit pousser un cri de douleur, ce qui eut pour effet de réveiller Wendy, qui releva sa tête lentement, ses petits yeux bruns écarquillés. Un petit sourire s'afficha sur son visage et nous nous sommes regardés pendant un instant qui sembla durer une éternité. Mes pensées étaient à présent semblables à une mer déchainée : il m'était impossible d'être lucide, pendant ce court moment, mes craintes semblaient avoir été apaisées.

Nous baignions dans un calme absolu, j'étais simplement guidé par les battements de mon cœur qui s'accéléraient. J'engloutis ma salive et brisai le silence d'une faible voix en décochant un timide :

-Bonjour.

- Comment vas-tu ?? me demanda Wendy d'un air inquiet.

Je répondis d'un hochement de tête, accompagné d'un sourire pour la rassurer. Je tentais de sauvegarder les apparences malgré une forte douleur qui survint quelques secondes plus tard. Après un long soupir de soulagement, Wendy reprit la parole :

- Tu as dormi pendant 4 jours, dit-elle en me prenant la main.

Je répliquai instantanément sans cacher ma surprise :

-Où se trouvent ma mère et ma sœur ? Je me rappelle avoir couru après un homme dans la forêt puis avoir buté sur une racine, mais après c'est le black-out.

Le simple fait de parler me faisait atrocement souffrir, sans parler de mes poumons qui semblaient remplis de charbon. A chaque mot l'air me brûlait la gorge.

Wendy resta muette et son visage prit un air triste. C'est à ce moment que mes souvenirs refirent surface : je me remémorai les récents événements, la partie de lancer de boules de neige, l'incendie, et surtout l'enlèvement de ma petite sœur par cet homme mystérieux que je ne pourrais sans doute jamais retrouver.

Des larmes se mirent à couler sur mes joues.Wendy s'empressa de me prendre dans ses bras et de sécher mes larmes. Près d'elle je me sentais en sécurité, comme si le temps s'était arrêté et que plus rien n'avait d'importance. Son parfum m'envoutait, j'aurais voulu rester en sa présence une éternité.

Nous restâmes immobiles pendant un temps indéterminée avant d'être interrompus par les ronflements bruyants de Jack.

Wendy se retourna et se mit à rire, ce qui sortit Jack de son hibernation qui fit toutes sortes de bruits, avant de s'écrouler sur le sol d'une drôle de façon. Je compris alors qu'il venait de frôler la crise cardiaque. Il se leva difficilement, en se tenant la tête, et s'approcha de moi, tentant de sortir de son sommeil et surtout de garder son équilibre. Il prit la parole tout en baillant

- Hey. Salut Rambo, dis-moi, tu veux établir un record de bandage ?

Je regardais mes mains qui en étaient effectivement recouvertes, je me tortillais dans tous les sens afin de faire le bilan de mes blessures. C'est alors que je remarquai de petites taches de sang se trouvant tout autour. Je me rappelai le choc, la porte qui s'était brisée se soumettant à ma force destructrice, je me rappelai également les débris de verre de la petite fenêtre qui s'abattaient sur mes avant-bras et qui au passage avaient laissé plusieurs entailles sur eux. Je remarquai alors que la plupart de mes membres en étaient recouverts : ma tête, mon torse et mes jambes n'en avaient pas été épargnés. J'avais même des petits pansement répartis aux quatre coins de mon visage.

C'est à ce moment même que ma chute me revint, J'avais roulé, glissé sur des cailloux et toutes sortes de ronces et de branches jusqu'à échouer sur le sol à la merci de cet homme. Il portait dans ses bras ma petite sœur. Je me remis à analyser les bribes de souvenirs qui demeuraient intactes pour retrouver des indices masqués dans mon inconscient. L'image de l'anneau présent au doigt de l'homme capuché, sa façon de scintiller me rappelait quelque chose. A travers le voile sombre qui masquait son visage, je crus brièvement l'avoir vu sourire, je voyais encore le tranchant de la lame qui se rapprochait dangereusement de moi.

Je fis rapidement le rapprochement avec l'anneau qui avait été déposé dans la chambre, celui qui se retrouvait dans ma poche de pantalon. Dans la confusion je n'avais pas eu le temps de l'examiner.

J'essayai un peu brusquement de me redresser pour le récupérer, j'espérais secrètement qu'il apporte des réponses à mes incertitudes, la douleur dans mon abdomen fit sa réapparition et me dissuada d'en faire d'avantage.

Wendy me retint et me pria d'un ton sévère de ne pas bouger. Jack fit de même en posant sa main fermement sur mon épaule pour m'empêcher d'agir.

-Tu restes là, tu as toujours besoin de repos imbécile !

Mes amis avaient un don de persuasion hors du commun.

Je comprenais leur insistance, il est vrai que j'avais foncé dans les bois sans réfléchir, et sans leur aide, je ne serais peut-être plus de ce monde.

- Nathan, écoute la dame, toi comme moi savons qu'il ne vaut mieux pas la mettre en colère, tu te rappelles la nuit dans les bois ? dit-il tout en essayant de masquer un début de fou rire.

Wendy se retourna et lança un regard sévère à Jack qui fit mine de lire un livre qu'il tenait à l'envers.

Le souvenir de cette fameuse nuit me revint en mémoire et me fit glousser, je repensais à la montagne d'asticots qui avaient élu domicile dans sa chevelure dorée et de l'escalade de fous rires qui s'en suivit, Wendy s'était donnée en spectacle, en sautillant dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. Mais mon rire s'étouffa rapidement dans un mélange de toux et de douleur. La fatigue me prit alors et mes yeux se fermèrent lentement malgré tout le temps que j'avais déjà passé à dormir.

Je finis par me réveiller quelque temps plus tard, je n'avais plus aucune notion du temps, ni de la durée de mon sommeil, la seule chose que je savais c'est que j'avais été déplacé dans ma chambre, une des rares pièces qui n'avait apparemment pas été touchée par l'incendie.

Je demandai combien de temps j'avais bien pu dormir, question à laquelle mes amis s'empressèrent de répondre.

Voyant que je reprenais petit à petit connaissance, Jack afficha un grand sourire qu'il s'empressa de masquer, il avait toujours voulu garder son image de gros dur qui faisait uniquement illusion pour les personnes qui n'étaient pas proche de lui.

-Hey mon vieux ! T'as enfin fini de faire la marmotte !? Je commençais à penser que tu n'allais plus te réveiller, ça fait 3 jours que tu dors ! dit-il tout en récupérant ma chaise de bureau qu'il fit grincer sur le sol.

Il s'assit à califourchon et ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire qui dévoilait une grande partie de ses dents. Ces mêmes dents qui avaient fait craquer bon nombre de demoiselles. Je fus troublé par la nouvelle, avais-je réellement dormi si longtemps ? Quand à ma petite sœur avait-elle été retrouvée ? Si oui qui était cet homme ? Tant de questions qui venaient se mélanger dans mon esprit.

Je fus tiré de mes songes par une douleur semblable à une décharge électrique qui traversa mon cerveau. J'émis un cri un cri de douleur qui réveilla Wendy qui était endormie sur un petit canapé, près de la porte de ma chambre. Elle ouvrit lentement les yeux, un liquide noir avait coulé de ses yeux, elle avait dû beaucoup pleurer, son visage affichait des traits de fatigue. Elle m'avait surement veillé pendant tout ce temps.

Elle fit un bond hors de son lit et s'approcha de moi à vive allure, manquant de peu de faire tomber Jack de sa chaise. Il bredouilla quelques mots pour exprimer son mécontentement de façon sarcastique. Elle vint se blottir contre mon torse, ce qui me fit légèrement frémir de douleur. Pourtant, elle s'était quasiment estompée, mon sommeil avait été réparateur.

-Tu n'imagines pas à quel point tu m'as fait peur ! Ne te voyant pas te réveiller je commençais déjà à imaginer le pire, ne me fais plus jamais ça !

Dit-elle avant d'enfoncer son visage sur mes bandages d'une propreté hospitalière avant d'éclater en sanglots.

Tout à coup le temps semblait s'être arrêté, je sentais le cœur de Wendy battre dans sa poitrine, sa longue chevelure dorée s'était étalée sur mon corps. Je rapprochais timidement ma main en direction de cette petite bouille que j'affectionnait tant. Je me mis à caresser lentement ses petites boucles couleur or, de petits morceaux de feuilles étaient venus s'y déposer. Je les caressais lentement, une petite boule venait nouer mon estomac. Je sentais son souffle chaud sur mon corps. Je continuais de parcourir avec mes doigts sa longue chevelure, ce qui ne semblait pas la déranger. Nous étions dans une véritable symbiose. Je sentis de petites gouttelettes d'eau chaude traverser mes bandages. Wendy pleurait toujours, je ne saurais dire si c'étaient des larmes de joie ou de tristesse.

Ce moment de pur bonheur fut interrompu par des plaintes de Jack qui s'apparentaient à de l'impatience et sûrement à une part de gêne et d'agacement.

- Bon, la belle et la momie, vous avez bientôt fini ? J'aimerais bien qu'on parle de ce qui s'est passé ? Enfin si cela ne vous dérange bien sûr...

Dit-il en faisant une petite révérence.

Wendy se redressa et plongea ses prunelles dans les miennes, mon regard se perdait dans cet océan de couleur émeraude, le nœud dans mon estomac se fit bien plus présent. Une vague d'émotion s'insinua en moi, j'étais comme paralysé. Je n'avais jamais ressenti pareille émotion. Etait cela l'amour ? Je chassais immédiatement cette idée de mon esprit. Je fus sauvé par un bruit venant de la porte. Ma mère toqua doucement contre le coin de la porte en cramponnant fermement sa main gauche sur sa canne. Ma sœur n'était pas avec elle, avait-elle été retrouvée ? Il me tardait de le savoir.

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