Partie 3 : le voyage est infini

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Arrivés à la cité blanche du Gondor, les six compagnons furent accueillis chaleureusement car, depuis le point culminant de la cité, un grand nombre de soldats et d'habitants avaient pu assister à l'explosion de la Montagne du Destin. Au fur et à mesure qu'ils avançaient le long des ruelles pavées, on venait les remercier, les serrer et les embrasser. 

Chassés de toutes inquiétudes, ils racontèrent à tous ceux qui voulaient l'entendre leurs péripéties et bientôt une énorme foule s'était massée autour d'eux pour les féliciter et les acclamer. On envoya des messagers pour répandre la nouvelle partout dans la Terre du Milieu et, dans les jours qui suivirent, on organisa de somptueux banquets. Aragorn fut couronné roi du Gondor et se maria avec Arwen, une elfe avec qui il entretenait une grande relation amoureuse. Les Hobbits, ravis, assistèrent à ses noces, ainsi que toute la population de la cité blanche.

Les amis de la Comté séjournèrent quelques temps à Minas Tirith puis il fut temps pour eux de regagner la Comté. En chemin, ils se séparèrent de leurs compagnons, chacun regagnant ses terres. Seul Gandalf les accompagna jusqu'à leur chez-eux. Ils y furent accueillis froidement par certains, qui ne voyaient pas d'un bon œil leurs aventures, et chaleureusement par leurs proches, ravis de les retrouver. Ils reprirent chacun leur routine quotidienne.

Cependant, Frodon ne pouvait oublier tout ce qu'il avait vécu pendant plus d'un an. Comment reprendre sa vie paisible après tout ce qu'il avait enduré ? Comment oublier cette quête ? Et comment ne plus rêver d'aventures ?

Si bien qu'un jour, Gandalf frappa à la porte de Cul-de-Sac, la maison de Frodon. Celui-ci s'empressa d'aller lui ouvrir et de le saluer. Le cœur du Hobbit se remplit de joie quand il fit que Gandalf n'était pas venu seul : Bilbon l'accompagnait. Frodon le serra dans ses bras tout en laissant couler des larmes de joie le long de ses joues. Bilbon avait adopté Frodon après la mort de ses parents, et il était devenu comme un père pour lui.

Dans l'encadrement de la porte se tenaient Sam, Merry et Pippin, tout sourire. Frodon alla les embrasser eux-aussi et les salua gaiement.

- Peut-on savoir ce qui amène autant de monde chez moi ? demanda le Hobbit à Gandalf, surpris.

- Nous ne savons pas plus que toi pourquoi nous sommes là, lui assura Merry. C'est encore un sale tour du Magicien Blanc.

Pour couronner ses paroles, il lança un regard interrogateur vers Gandalf. Pour toute réponse, le Magicien se mit à rire :

- Ne soyez pas si hâtif ! Mais suivez-moi, tous les cinq.

Les cinq Hobbits hochèrent la tête et suivirent Gandalf hors de Cul-de-Sac. Une petite roulotte tirée par des chevaux les attendait devant l'entrée. Ils y grimpèrent à la suite de Gandalf et celui-ci leur expliqua :

- Nous nous rendons au Havre Gris. C'est un port elfique duquel partent les derniers bateaux pour Valinor, les terres immortelles. Le dernier bateau part aujourd'hui, et les souverains Elfes ont accepté de nous y emmener, Bilbon et moi.

Le cœur de Frodon se serra. Il ne reverrait plus jamais son ami et son père. Pour rattraper le temps perdu, il passa le trajet à bavarder avec ceux-ci, ainsi qu'avec Sam, Merry et Pippin.

Ils furent bientôt arrivés à destination et les quatre amis contemplèrent le paysage qui s'étendait devant eux, émerveillés par la beauté des lieux. La magnifique couleur cristalline de la mer s'assortissait parfaitement avec le ciel, dépourvu de nuages. De somptueux bateaux elfiques était amarrés au port. Vers le dernier bateau qui partait pour les Terres Immortelles se trouvaient Elrond et Galadriel, deux grands souverains elfes. Gandalf et Bilbon saluèrent les quatre Hobbits et le Magicien glissa à l'oreille de Frodon :

- Il reste une place.

Puis il lui fit un clin d'œil et partit en compagnie de Bilbon pour monter à bord du vaisseau.

Frodon se sentait tiraillé entre sa terre natale et ses amis, mais il rêvait aussi d'aventures, et savait que son ancienne vie ne serait plus jamais la même. Au fond de son cœur, il avait fait son choix. Il avança pour se placer face à ses amis et leur annonça :

- Je pars avec eux mais je me souviendrais toujours de vous et de ce que nous avons vécu ensemble, en Terre du Milieu.

Les quatre Hobbits, d'abord sous le choc, se mirent à pleurer. Sam était tout particulièrement ému.

- Mais, monsieur Frodon, le retint-il, vous ne pouvez pas. Nous avons fait tout ce chemin ensemble...

- Mon chemin ne s'arrête pas là, j'ai besoin de continuer, Sam.

- Je viens avec vous !

- Je sais que tu seras malheureux, là-bas. Ta place est dans la Comté.

Sam ne dit rien et de nouvelles larmes remplirent ses yeux. Au fond de lui, il savait que Frodon avait raison. Merry et Pippin ne dirent rien, mais ils reniflaient bruyamment en regardant Frodon de leurs yeux tristes. Le Hobbit afficha un sourire triste, mais franc, et partit en direction du bateau elfique.

Il s'apprêtait à monter quand il fut renversé par une masse puante qui criait :

- Mon précieux, le maitre me l'a volé ! Il ne m'aura pas si facilement ! Que lui avez-vous fait ?

Frodon se détacha tant bien que mal de la créature, qui n'était autre que Gollum. Il le dévisagea longuement : la créature semblait plus triste qu'en colère, et Frodon en déduit qu'il avait senti la destruction de l'Anneau.

- Nous vous avons suivi, oui... Suivis après votre dernière visite. Nous n'allions pas nous débarrasser du précieux aussi facilement.

- Mais vous sembliez ne plus vous intéresser à lui !

- Nous jouions la comédie ! Le maitre est trop naïf. Nous ne voulions pas nous approcher du Mordor une seconde fois, alors nous nous sommes cachés dans le tunnel mais...

Gollum se mit à se frapper et à se balancer.

- Malchanceux que nous sommes ! Malchanceux ! Nous nous sommes coincés dans les toiles de l'araignée, et le maitre ne nous a pas vus !

Frodon retint un haut-le-cœur. Il se souvenait très nettement de l'effet qu'il avait ressenti lorsqu'il s'était coincé dans l'affreuse toile du tunnel de Cirith Ungol. Et encore, l'araignée était vivante lorsqu'il s'était coincé, lui.

- Nous avons réussi à nous en défaire, mais le précieux était détruit ! Nous avons ruminé et nous vous avons suivis jusqu'à la cité. Mais les gardes nous ont chassés. Alors nous avons continué notre traque mais vous étiez rapides, à cheval ! Le pauvre Sméagol était à pied, lui !

Frodon frissonna en réalisant que Gollum les avait suivis partout où ils étaient allés pour rentrer à la Comté.

La créature poursuivit :

- Puis nous sommes arrivés ici. Et maintenant nous ne savons que penser, car le précieux est détruit !

Il poussa un cri de rage et s'agita de plus belle. Frodon tenta de la calmer mais rien n'y faisait. Alors Gandalf descendit du bateau et s'approcha de Gollum. Il lui murmura des paroles que Frodon ne comprit pas. La créature, elle, eut l'air de saisir le sens des mots prononcés par le Magicien car ses yeux s'éclaircirent et il s'écria :

- Vraiment ! Quel beau cadeau vous faites à Sméagol !

Frodon se tourna vers ses amis. Sam, les poings serrés, observait Gollum. Il se retenait sûrement de lui sauter dessus, après tout ce que la créature lui avait fait subir. Merry et Pippin, sidérés, ne pouvaient détacher leurs yeux de l'étrange spécimen. De toute évidence, ils ne l'avaient jamais vu auparavant.

N'ayant pas perdu une miette de la conversation, Pippin demanda :

- Quel est ce cadeau ?

- Gollum nous accompagnera vers les Terres Immortelles, répondit Gandalf. Si j'ai votre accord ?

Il se tourna vers Elrond et Galadriel après avoir prononcé ces derniers mots. Tous deux hochèrent la tête et sourirent, probablement contents de rendre la créature heureuse.

Sam protesta :

- Mais il est dangereux !

- Il n'est plus sous l'emprise de l'anneau, Sam. Je te promets qu'il ne nous fera rien.

Frodon lui sourit pour conclure ses paroles. Son ami se remit à pleurer, Merry et Pippin l'imitèrent bientôt.

Le cœur serré, Frodon se détourna de ses amis et monta à bord du magnifique vaisseau en compagnie de Gandalf et Gollum. La dernière vision qu'eut Frodon de la Terre du Milieu fut les visages ses trois amis. Il leur souhaita silencieusement tout le bonheur que leur vie pourrait leur offrir puis se détourna et regarda vers l'océan qui s'étendait à perte de vue : c'était loin d'être la fin de son voyage. Il sourit en entendant le cri de Gollum :

- Sméagol est libre !

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