Chapitre 31 - 2

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Le cœur battant d’excitation, Karel entra à l’intérieur. La pièce était plutôt grande, éclairée seulement par une fenêtre et un petit balcon tout au fond de la pièce. Beaucoup de choses y étaient entassées : des piles hautes de plusieurs mètres de livres rangés au carré, à côté de bibliothèques qui ornaient les murs, remplies à ras bord de documents sous forme de livres et de rouleaux de papier. Des ustensiles avaient été soigneusement rangés dans un meuble. Karel était bien incapable de deviner à quoi cela pouvait bien servir. À quelques mètres du balcon minuscule, divers objets du même acabit s’étalaient sur une longue table de bois rustique. Une boule de verre trônait sur un coin de celle-ci à côté de feuilles de papier et d’encre. Au milieu, un fauteuil en bois de la même qualité que le reste des meubles, sans rien dessus.

Karel se demandait d’où sortait tout ce qu’il voyait. Il n’était pas seulement curieux, il souhaitait aussi s’améliorer. Le Mage lui avait exprimé un peu plus tôt qu’il ferait mieux de s’améliorer sur la téléportation, entre autres beaucoup de choses.

Il avisa une alcôve dans un coin de la pièce. Elle était plus grande que ce qu’elle paraissait au premier abord. Lorsqu’il écarta le vieux rideau, Karel découvrit une autre bibliothèque fort garnie de documents en tout genre. Il avisa tout ce qu’il y avait à chercher. Il devait faire vite, le Mage pourrait le surprendre. Comment trouver sa réponse rapidement ?

Quelque chose attira son attention : plus haut, au-dessus de sa tête, quelque chose brillait.

Le garçon s’accrocha à une étagère, posa un pied sur une autre un peu plus bas et essaya d’escalader la bibliothèque. Son ascension fut gênée par tout ce qu’elle contenait. Karel n’avait que peu de prises. Enfin en hauteur, il tendit le bras pour attraper l’objet brillant au-dessus de sa tête. Son pied glissa. Surpris, il tomba lourdement sur le sol de pierre et plusieurs papiers et livres le suivirent dans sa chute. Par pur réflexe, Karel se recroquevilla sur lui-même afin de se protéger la tête avec ses bras.

Lorsque le déluge de livres cessa, il avisa ce qu’il avait attrapé : un morceau de cristal sombre dans lequel se reflétait des images. Curieux, Karel examina l’objet de plus près et il fut surpris d’y reconnaître Serymar à l’intérieur.

Celui-ci se trouvait exactement dans cette même pièce et se dirigeait vers l’étroit balcon où se trouvait une autre personne. Karel releva un sourcil. Le Mage s’arrêta un instant avant d’anéantir la courte distance qui les séparait. La femme se retourna. Les yeux de Karel s’agrandirent lorsqu’il reconnut Elma avec des cheveux bien plus longs et les mêmes yeux verts. Quoique… en y regardant de plus près, Karel comprit qu’il s’agissait d’une autre personne. L’éclat dans son regard était différent, elle n’avait pas de taches de rousseur éparses autour de son nez et ses mains n’étaient pas calleuses. La femme souriait, exactement comme Elma le faisait. Karel hoqueta de surprise lorsqu’il vit son Maître enlacer la taille de la femme et la presser avec délicatesse contre lui. Elle lui fit face pour réduire à néant le peu de distance qui restait entre eux et scella ses lèvres sur les siennes. Une main blanche et griffue se mêla dans ses longs cheveux châtains qui cascadaient jusqu’à ses reins.

Karel se sentit désarçonné. Non, ça ne pouvait pas être son Maître, il détestait être touché et son regard était toujours sévère. Dans ce cristal, il avait l’air si serein… méconnaissable. Un autre détail attira Karel dont l’attention était fixée sur les mains de Serymar. Cette femme n’avait pas une taille fine comme Elma. Une courbe parfaite et un peu proéminente se dévoilait au niveau de son ventre qu’elle soutenait d’une main.

Karel afficha un air ennuyé : ce n’était pas du tout la solution qu’il recherchait. Son attention se porta sur un petit coffret ouvert qui avait renversé son contenu sur le sol. La stupeur le gagna lorsqu’il découvrit des écailles de dragon.

Il en ramassa une et fut étonné par la texture. Un dragon n’était-il pas censé avoir des écailles aussi dures que du diamant ? Celle qu’il tenait entre ses doigts était petite et fine. Sa couleur aussi l’interpella : l’écaille était d’un noir pur, bordé d’un fin contour rouge rubis. Intrigué, Karel se demandait d’où ces écailles provenaient. Il n’eut pas le temps d’y réfléchir.

Un frisson glacé lui parcourut tout le corps. Une présence écrasante était dans son dos. La panique le rongea. Le cœur au bord des lèvres, Karel n’osa pas se retourner. Le temps sembla même se suspendre.

Il se força à se retourner. Lentement. Voir le Mage lui procura plusieurs frissons d’angoisse.

Karel eut bien du mal à soutenir son regard. Dur, désapprobateur, et chargé de menace. Il ne l’avait pas senti venir. Son cœur s’accéléra, son sang bourdonna dans ses oreilles, ses doigts devinrent fébriles et un léger vertige le saisit.

Une main blanche s’ouvrit devant lui. Mal à l’aise, Karel y remit le cristal qui disparut aussitôt de sa vue. Il s’empressa de s’excuser avec des gestes nerveux et risqua un regard vers le Mage, qui exécuta quelques signes qui glacèrent Karel jusque dans ses os. Excuses acceptées. Malgré-tout, il ne s’en sortirait pas sans conséquences.

Karel tenta d’exprimer qu’il ne recommencerait plus jamais. Son Maître se montra intransigeant et lui fit savoir qu’il allait lui faire passer l’envie de recommencer.

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