1

2 minutes de lecture

Il était une fois… Il y a beaucoup d’histoires qu’on a envie de commencer de cette façon. Peut-être l’assimile-t-on à « et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps ». Ah ! Moi aussi. J’ai envie d’écrire ces mots, d’y croire. Alors je dois commencer ces pages de cette façon.

Il était une fois… Doki.

Doki, parce que c’est un prénom facile à retenir. Un prénom simple, pas beau, un prénom de deux syllabes qu’une petite fille a choisi pour désigner le monstre sous son lit. Qui n’a pas connu ce monstre invisible qui rampe sans bruit à vos côtés et qui vous donne des cauchemars ?

Alors voilà, il était une fois Doki, le monstre d’une petite fille de six ans. À cet âge, on est jeune. Mais on n’est plus un bébé ! Non, non, on commence à entrer dans la cour des grands. Les monstres, on les refourgue au placard, la lumière, on l’éteint le soir, et les draps ? Les draps ne sont plus mouillés au petit matin ! On ne se sent plus, on grandit, on le ressent jusqu’au fond de notre corps avec les articulations qui craquent et les vêtements qui rétrécissent.

Grandir, ce n’est pas être grand. C’est le drame de toute une vie que d’être petit. Les lois universelles qui prédéfinissent la jeunesse par des années d’insouciance et de liberté ne conviennent pas à tout le monde. Le mot « jeune », parfois synonyme de « pas assez grand pour comprendre » ou « tu comprendras plus tard », laisse des séquelles. J’ai essayé de comprendre plus tard. Je ne serai jamais assez grande.

L’histoire de cette petite fille n’est pas belle à raconter, pas belle à entendre, à lire, à écrire, sur le papier elle forme des grosses gouttes de pluie qui s’étalent. Pas belle. Les enfants sont tous mignons à cet âge, elle, ne l’était pas. Si elle était jolie, elle serait une princesse. Si elle était intelligente, elle serait l’héroïne. Si elle était malade, elle serait un martyr. Le mot qui correspond à ma petite reste et restera : banale.

Cette petite fille s’appelait Lola. Cela vient du mot dolores, qui signifie douleur. Elle n’éteignait jamais la lumière avant de s’endormir, elle pleurait tous les jours lorsqu’on la déposait à l’école, elle s’habillait comme tout le monde et elle souriait comme tout le monde. Parfois, elle se demandait « Qui est tout le monde ? », puis elle regardait Doki par-dessus ses petites lunettes bleues dans l’attente d’une réponse. Bien sûr, il ne lui répondait jamais : les monstres ne parlent pas.

Il était une fois Doki, le monstre qui ne parlait pas, et Lola, la petite fille qui laissait la lumière allumée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Sombre d'Ombre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0