Normalité

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Normal. Un simple mot désignant la banalité, l'inexistence de différences. Mais qu'est-ce que la normalité ? Tout dépend du point de vue. Pour un humain, toutes créatures bipèdes ne lui ressemblant pas ne peuvent être qualifiées par cet adjectif. Ils seront plutôt associés aux mots monstres, erreur de la nature, être maudit. Pourtant, un loup-garou n'est pas si différent d'un humain, mis à part qu'il partage son corps avec un compagnon à poil. Un vampire n'est pas non plus si différent sauf que pour survivre, il doit boire du sang et non manger ces pauvres bêtes que les humains élèvent avant de les abattre pour en faire leur repas. Anges et démons n'ont pas vraiment choisi de faire le bien ou le mal, ils ont été conçus ainsi, poussés sur leur voie respective. Et s'ils ne s'y cantonnent pas, ils sont déchus pour certains, brûlés vif pour d'autres. En cela, ils ne sont pas si différents de certains humains qui, en voulant survivre, commettent les pires atrocités. Les nains ne sont pas si différents des personnes de petites tailles. Les elfes ont seulement plus d'affinités avec la nature et les animaux que certains humains.

Cependant, tous éprouvent les mêmes sentiments : l'amour, la joie d'être entouré des personnes chères à leur cœur, la tristesse devant une perte, la colère devant les injustices, la peur de l'inconnu, la jalousie lorsque la personne aimée semble trop proche d'une autre que soi, et bien d'autres encore.

Tout cela, Kaléa l'a appris à ses dépens. En découvrant l'existence de ce monde dont elle ne soupçonnait même pas l'existence, elle a fait la connaissance d'êtres à la fois si semblables aux humains mais aussi si différents. Elle a entrevu de nouvelles cultures et des civilisations se cachant par peur de représailles des humains. Elle a découvert ce qu'était l'amour avec un grand A, celui qui vous brûle de l'intérieur, qui consume chaque partie de votre âme.

Cet homme, Maëlan, grand elfe de renom parmi les siens, chercheur reconnu parmi les humains, l'avait choisie elle, jeune rousse aux yeux verts, timide, faisant tout pour ne pas se faire remarquer, voulant se conformer au moule de sa société. Sa longue chevelure d'argent et ses yeux mauves l'avaient tout de suite hypnotisé, malgré son comportement plus que contradictoire envers lui.

Leur début avait été houleux, ne pouvant rester dans la même pièce sans se sauter à la gorge, malgré le caractère calme de la demoiselle. Il avait le don de la faire sortir de ses gongs, en seulement quelques mots. Petit à petit, la demoiselle s'était rendu compte que ses sentiments pour cet homme avaient changé, évolué dans une direction qu'elle n'aurait jamais imaginé au vu de leur rapport plus que difficile, et ce, malgré l'attirance physique qu'elle avait ressentie la première fois qu'elle l'avait vu.

Mais leur relation avait grandement changé le soir où, voulant lui sauver la vie, il lui avait dévoilé sa véritable nature. Contrairement à ce qu'il s'était imaginé, elle n'était pas partie en courant, mais l'avait regardée avec curiosité et envie. Depuis toute petite, les mythes et les légendes l'avaient toujours intriguée, la fascinant, la faisant rêver. Il lui avait alors parlé de son monde, de son histoire. Il lui avait parlé de chaque espèce, de leur mode de vie, de leurs capacités, de leurs faiblesses, de leurs peurs.

Un jour d'été, Maëlan lui avait rendu visite, accompagné d'un jeune loup à la recherche de son âme-sœur, de qui il avait ressenti la présence en ville, ne sachant cependant qui elle était. Ou plutôt qui il était. Lorsque son jumeau l'avait rejointe en lui demandant qui était à la porte, la réaction de Timaël ne l'avait pas trompée. Ce loup et son frère étaient destinés l'un à l'autre, la lune les ayant unis par le lien d'âme-sœur. La rousse n'y avait vu aucun problème, faisant juste promettre à Timaël de prendre soin de son frère et de le rendre heureux. Solal, quant à lui, avait eu la même réaction que sa sœur lorsqu'il avait appris la nature de son petit-ami. Il filait maintenant le parfait amour, profitant de l'autre après avoir surmonté un à un les obstacles se dressant face à leur couple.

Les deux jumeaux vivaient maintenant une vie paisible au sein de la meute de Timaël, la communauté de Maëlan les protégeant des dangers extérieurs à condition que les loups respectent la forêt environnante, les problèmes et les discriminations derrière eux.

— Mon cœur, à quoi tu penses ? lui demanda son compagnon qui venait de la rejoindre.

— Je réfléchissais aux dernières années, à ce que notre rencontre m'a apporté, répondit Kaléa.

— Et où t'a mené cette réflexion ? fit l'elfe curieux.

— Que si c'était à refaire, je le referai. Je ne me suis jamais autant sentie à ma place que depuis que je te connais. Et c'est pareil pour Solal, affirma la demoiselle.

— En parlant de ton jumeau, on devrait se dépêcher si tu ne veux pas être en retard à la cérémonie, lui rappela son homme.

— Justement, je me suis dit qu'on pourrait faire cette célébration en privé, juste toi et moi, tenta de le persuader la jeune femme.

— La proposition est tentante, mais tu dois y aller. Ton frère va recevoir sa marque, ce qui est synonyme de mariage chez les loups, répliqua l'elfe.

— Elias m'a expliqué le déroulement de la soirée. Lorsqu'un loup marque son lié, toute la meute est prise d'une frénésie sexuelle. Leur partie animale devient alors incontrôlable et s'en suit une longue période de sexe, peu importe le lieu. Et franchement, voir mon frère se faire prendre par Timaël, très peu pour moi.

— Où est donc passé la jeune fille timide que j'ai rencontré à la sortie de son école, il y a maintenant deux ans ? demanda son partenaire, faignant le regret devant le vocabulaire de la jeune femme.

— Je passe mon temps entouré de mec en chaleur, il faut bien que je m'adapte si je veux survivre, répliqua la rousse, une lueur moqueuse au fond de son regard.

— Cette meute t'a perverti. Je n'aurais jamais dû te laisser t'installer ici, rétorqua son compagnon.

— Tu n'es pas blanc comme neige dans cette histoire non plus, chéri, l'accusant la demoiselle en rigolant. Et cela n'a pas semblé te déplaire hier, sous la douche.

Au souvenir de leur soirée endiablée sous l'eau qui s'était poursuivie dans leur chambre, Maëlan sentit son bas-ventre le chauffer, se rappelant des courbes de la jeune femme, de son toucher sur son corps, de ses gémissements. Il dut se faire violence pour ne pas se jeter sur sa compagne et garder le contrôle de son corps.

— Je te propose d'y aller jusqu'au marquage, puis de revenir ici pour poursuivre la fête en privé, lui proposa Maëlan.

— D'accord, concéda la demoiselle. C'est bien parce que tu m'as dit que c'était similaire à un mariage que j'accepte d'y aller.

Satisfait de la réponse de sa compagne, il l'entraîna vers le lieu de la réception. L'endroit avait été aménagé pour l'événement, des chaises occupant la plaine habituellement vide, placées de sorte à former une allée se finissant par une arche recouverte de roses rouges. Chaque siège était relié aux autres par un ruban blanc, surmonté de roses rouges pour le maintenir. Toute la meute était déjà présente, ne manquait plus qu'elle. Et comme si son arrivée été le signal du départ, la cérémonie commença.

— Nous sommes réunis aujourd'hui pour assister au marquage de Solal Jekel par Timaël Stell, bêta de la meute Kayal. Ces deux âme-sœurs se sont trouvées, ont appris à se connaître malgré leurs différences, et veulent maintenant se lier, compléter leur union par cette fusion de leurs âmes. Solal, es-tu prêt à recevoir la marque ? demanda l'alpha qui présidait la cérémonie.

— Oui

— Timaël, es-tu prêt à marquer cet homme, le faisant ainsi ton compagnon jusqu'à la mort ?

— Oui

— Vous pouvez alors procéder au marquage.

Timidement, Timaël se rapprocha du cou du roux, humant son odeur, s'en imprégnant avant de le mordre tendrement, complétant ainsi le lien. Hypnotisée par la magie qui se dégageait des deux liés, Kaléa ne remarqua pas que son propre compagnon la tenait maintenant dans ses bras, des loups hurlant suite à cette nouvelle union. L'elfe tira la demoiselle, la ramenant au temps présent. Sans qu'il ne prononce un seul mot, ils rejoignirent leur maison et son intimité.

— Kaléa, je sais que ce que tu viens de vivre doit encore te chambouler, mais je ne vois pas de meilleur moment pour te le demander, fit son homme en posant un genou à terre et en sortant une petite boîte de sa poche. Sache que les elfes n'ont qu'un seul compagnon dans leur vie, et je ne remercierai jamais assez le destin de t'avoir mise sur ma route. Alors je te le demande. Veux-tu m'épouser ? Veux-tu faire de moi l'homme le plus heureux de cette planète en acceptant de devenir ma femme ?

Des larmes de joie gagnèrent les magnifiques yeux verts de sa compagne, avant qu'elle ne se jette à son cou.

— Oui, mille fois oui.

Mai 2020Normal. Un simple mot désignant la banalité, l'inexistence de différences. Mais qu'est-ce que la normalité ? Tout dépend du point de vue. Pour un humain, toutes créatures bipèdes ne lui ressemblant pas ne peuvent être qualifiées par cet adjectif. Ils seront plutôt associés aux mots monstres, erreur de la nature, être maudit. Pourtant, un loup-garou n'est pas si différent d'un humain, mis à part qu'il partage son corps avec un compagnon à poil. Un vampire n'est pas non plus si différent sauf que pour survivre, il doit boire du sang et non manger ces pauvres bêtes que les humains élèvent avant de les abattre pour en faire leur repas. Anges et démons n'ont pas vraiment choisi de faire le bien ou le mal, ils ont été conçus ainsi, poussés sur leur voie respective. Et s'ils ne s'y cantonnent pas, ils sont déchus pour certains, brûlés vif pour d'autres. En cela, ils ne sont pas si différents de certains humains qui, en voulant survivre, commettent les pires atrocités. Les nains ne sont pas si différents des personnes de petites tailles. Les elfes ont seulement plus d'affinités avec la nature et les animaux que certains humains.

Cependant, tous éprouvent les mêmes sentiments : l'amour, la joie d'être entouré des personnes chères à leur cœur, la tristesse devant une perte, la colère devant les injustices, la peur de l'inconnu, la jalousie lorsque la personne aimée semble trop proche d'une autre que soi, et bien d'autres encore.

Tout cela, Kaléa l'a appris à ses dépens. En découvrant l'existence de ce monde dont elle ne soupçonnait même pas l'existence, elle a fait la connaissance d'êtres à la fois si semblables aux humains mais aussi si différents. Elle a entrevu de nouvelles cultures et des civilisations se cachant par peur de représailles des humains. Elle a découvert ce qu'était l'amour avec un grand A, celui qui vous brûle de l'intérieur, qui consume chaque partie de votre âme.

Cet homme, Maëlan, grand elfe de renom parmi les siens, chercheur reconnu parmi les humains, l'avait choisie elle, jeune rousse aux yeux verts, timide, faisant tout pour ne pas se faire remarquer, voulant se conformer au moule de sa société. Sa longue chevelure d'argent et ses yeux mauves l'avaient tout de suite hypnotisé, malgré son comportement plus que contradictoire envers lui.

Leur début avait été houleux, ne pouvant rester dans la même pièce sans se sauter à la gorge, malgré le caractère calme de la demoiselle. Il avait le don de la faire sortir de ses gongs, en seulement quelques mots. Petit à petit, la demoiselle s'était rendu compte que ses sentiments pour cet homme avaient changé, évolué dans une direction qu'elle n'aurait jamais imaginé au vu de leur rapport plus que difficile, et ce, malgré l'attirance physique qu'elle avait ressentie la première fois qu'elle l'avait vu.

Mais leur relation avait grandement changé le soir où, voulant lui sauver la vie, il lui avait dévoilé sa véritable nature. Contrairement à ce qu'il s'était imaginé, elle n'était pas partie en courant, mais l'avait regardée avec curiosité et envie. Depuis toute petite, les mythes et les légendes l'avaient toujours intriguée, la fascinant, la faisant rêver. Il lui avait alors parlé de son monde, de son histoire. Il lui avait parlé de chaque espèce, de leur mode de vie, de leurs capacités, de leurs faiblesses, de leurs peurs.

Un jour d'été, Maëlan lui avait rendu visite, accompagné d'un jeune loup à la recherche de son âme-sœur, de qui il avait ressenti la présence en ville, ne sachant cependant qui elle était. Ou plutôt qui il était. Lorsque son jumeau l'avait rejointe en lui demandant qui était à la porte, la réaction de Timaël ne l'avait pas trompée. Ce loup et son frère étaient destinés l'un à l'autre, la lune les ayant unis par le lien d'âme-sœur. La rousse n'y avait vu aucun problème, faisant juste promettre à Timaël de prendre soin de son frère et de le rendre heureux. Solal, quant à lui, avait eu la même réaction que sa sœur lorsqu'il avait appris la nature de son petit-ami. Il filait maintenant le parfait amour, profitant de l'autre après avoir surmonté un à un les obstacles se dressant face à leur couple.

Les deux jumeaux vivaient maintenant une vie paisible au sein de la meute de Timaël, la communauté de Maëlan les protégeant des dangers extérieurs à condition que les loups respectent la forêt environnante, les problèmes et les discriminations derrière eux.

— Mon cœur, à quoi tu penses ? lui demanda son compagnon qui venait de la rejoindre.

— Je réfléchissais aux dernières années, à ce que notre rencontre m'a apporté, répondit Kaléa.

— Et où t'a mené cette réflexion ? fit l'elfe curieux.

— Que si c'était à refaire, je le referai. Je ne me suis jamais autant sentie à ma place que depuis que je te connais. Et c'est pareil pour Solal, affirma la demoiselle.

— En parlant de ton jumeau, on devrait se dépêcher si tu ne veux pas être en retard à la cérémonie, lui rappela son homme.

— Justement, je me suis dit qu'on pourrait faire cette célébration en privé, juste toi et moi, tenta de le persuader la jeune femme.

— La proposition est tentante, mais tu dois y aller. Ton frère va recevoir sa marque, ce qui est synonyme de mariage chez les loups, répliqua l'elfe.

— Elias m'a expliqué le déroulement de la soirée. Lorsqu'un loup marque son lié, toute la meute est prise d'une frénésie sexuelle. Leur partie animale devient alors incontrôlable et s'en suit une longue période de sexe, peu importe le lieu. Et franchement, voir mon frère se faire prendre par Timaël, très peu pour moi.

— Où est donc passé la jeune fille timide que j'ai rencontré à la sortie de son école, il y a maintenant deux ans ? demanda son partenaire, faignant le regret devant le vocabulaire de la jeune femme.

— Je passe mon temps entouré de mec en chaleur, il faut bien que je m'adapte si je veux survivre, répliqua la rousse, une lueur moqueuse au fond de son regard.

— Cette meute t'a perverti. Je n'aurais jamais dû te laisser t'installer ici, rétorqua son compagnon.

— Tu n'es pas blanc comme neige dans cette histoire non plus, chéri, l'accusant la demoiselle en rigolant. Et cela n'a pas semblé te déplaire hier, sous la douche.

Au souvenir de leur soirée endiablée sous l'eau qui s'était poursuivie dans leur chambre, Maëlan sentit son bas-ventre le chauffer, se rappelant des courbes de la jeune femme, de son toucher sur son corps, de ses gémissements. Il dut se faire violence pour ne pas se jeter sur sa compagne et garder le contrôle de son corps.

— Je te propose d'y aller jusqu'au marquage, puis de revenir ici pour poursuivre la fête en privé, lui proposa Maëlan.

— D'accord, concéda la demoiselle. C'est bien parce que tu m'as dit que c'était similaire à un mariage que j'accepte d'y aller.

Satisfait de la réponse de sa compagne, il l'entraîna vers le lieu de la réception. L'endroit avait été aménagé pour l'événement, des chaises occupant la plaine habituellement vide, placées de sorte à former une allée se finissant par une arche recouverte de roses rouges. Chaque siège était relié aux autres par un ruban blanc, surmonté de roses rouges pour le maintenir. Toute la meute était déjà présente, ne manquait plus qu'elle. Et comme si son arrivée été le signal du départ, la cérémonie commença.

— Nous sommes réunis aujourd'hui pour assister au marquage de Solal Jekel par Timaël Stell, bêta de la meute Kayal. Ces deux âme-sœurs se sont trouvées, ont appris à se connaître malgré leurs différences, et veulent maintenant se lier, compléter leur union par cette fusion de leurs âmes. Solal, es-tu prêt à recevoir la marque ? demanda l'alpha qui présidait la cérémonie.

— Oui

— Timaël, es-tu prêt à marquer cet homme, le faisant ainsi ton compagnon jusqu'à la mort ?

— Oui

— Vous pouvez alors procéder au marquage.

Timidement, Timaël se rapprocha du cou du roux, humant son odeur, s'en imprégnant avant de le mordre tendrement, complétant ainsi le lien. Hypnotisée par la magie qui se dégageait des deux liés, Kaléa ne remarqua pas que son propre compagnon la tenait maintenant dans ses bras, des loups hurlant suite à cette nouvelle union. L'elfe tira la demoiselle, la ramenant au temps présent. Sans qu'il ne prononce un seul mot, ils rejoignirent leur maison et son intimité.

— Kaléa, je sais que ce que tu viens de vivre doit encore te chambouler, mais je ne vois pas de meilleur moment pour te le demander, fit son homme en posant un genou à terre et en sortant une petite boîte de sa poche. Sache que les elfes n'ont qu'un seul compagnon dans leur vie, et je ne remercierai jamais assez le destin de t'avoir mise sur ma route. Alors je te le demande. Veux-tu m'épouser ? Veux-tu faire de moi l'homme le plus heureux de cette planète en acceptant de devenir ma femme ?

Des larmes de joie gagnèrent les magnifiques yeux verts de sa compagne, avant qu'elle ne se jette à son cou.

— Oui, mille fois oui.

Mai 2020Normal. Un simple mot désignant la banalité, l'inexistence de différences. Mais qu'est-ce que la normalité ? Tout dépend du point de vue. Pour un humain, toutes créatures bipèdes ne lui ressemblant pas ne peuvent être qualifiée par cet adjectif. Ils seront plutôt associés aux mots monstre, erreur de la nature, être maudit. Pourtant, un loup-garou n'est pas si différent d'un humain, mis à part qu'il partage son corps avec un compagnon à poil. Un vampire n'est pas non plus si différent sauf que pour survivre, il doit boire du sang et non manger ces pauvres bêtes que les humains élèvent avant de les abattre pour en faire leur repas. Anges et démons n'ont pas vraiment choisi de faire le bien ou le mal, ils ont été conçus ainsi, poussé sur leur voie respective. Et s'ils ne s'y cantonnent pas, ils sont déchus pour certains, brûlés vif pour d'autres. En cela, ils ne sont pas si différents de certains humains qui, en voulant survivre, commettent les pires atrocités. Les nains ne sont pas si différents des personnes de petites tailles. Les elfes ont seulement plus d'affinités avec la nature et les animaux que certains humains.

Cependant, tous éprouvent les mêmes sentiments : l'amour, la joie d'être entouré des personnes chères à leur cœur, la tristesse devant une perte, la colère devant les injustices, la peur de l'inconnu, la jalousie lorsque la personne aimée semble trop proche d'une autre que soi, et bien d'autres encore.

Tout cela, Kaléa l'a appris à ses dépens. En découvrant l'existence de ce monde dont elle ne soupçonnait même pas l'existence, elle a fait la connaissance d'êtres à la fois si semblables aux humains mais aussi si différents. Elle a entrevu de nouvelles cultures et des civilisations se cachant par peur de représailles des humains. Elle a découvert ce qu'était l'amour avec un grand a, celui qui vous brûle de l'intérieur, qui consume chaque partie de votre âme.

Cet homme, Maëlan, grand elfe de renom parmi les siens, chercheur reconnu parmi les humains, l'avait choisie elle, jeune rousse aux yeux verts, timide, faisant tout pour ne pas se faire remarquer, voulant se conformer au moule de sa société. Sa longue chevelure d'argent et ses yeux mauves l'avaient tout de suite hypnotisé, malgré son comportement plus que contradictoire envers lui.

Leur début avait été houleux, ne pouvant rester dans la même pièce sans se sauter à la gorge, malgré le caractère calme de la demoiselle. Il avait le don de la faire sortir de ses gongs, en seulement quelques mots. Petit à petit, la demoiselle s'était rendu compte que ses sentiments pour cet homme avaient changé, évolué dans une direction qu'elle n'aurait jamais imaginé aux vues de leur rapport plus que difficile, et ce malgré l'attirance physique qu'elle avait ressentie la première fois qu'elle l'avait vu.

Mais leur relation avait grandement changé le soir où, voulant lui sauver la vie, il lui avait dévoilé sa véritable nature. Contrairement à ce qu'il s'était imaginé, elle n'était pas partie en courant, mais l'avait regardée avec curiosité et envie. Depuis toute petite, les mythes et les légendes l'avaient toujours intriguée, la fascinant, la faisant rêver. Il lui avait alors parlé de son monde, de son histoire. Il lui avait parlé de chaque espèce, de leur mode de vie, de leurs capacités, de leurs faiblesses, de leurs peurs.

Un jour d'été, Maëlan lui avait rendu visite, accompagné d'un jeune loup à la recherche de son âme-sœur, de qui il avait ressenti la présence en ville, ne sachant cependant qui elle était. Ou plutôt qui il était. Lorsque son jumeau l'avait rejointe en lui demandant qui était à la porte, la réaction de Timaël ne l'avait pas trompée. Ce loup et son frère étaient destinés l'un à l'autre, la lune les ayant unis par le lien d'âme-sœur. La rousse n'y avait vu aucun problème, faisant juste promettre à Timaël de prendre soin de son frère et de le rendre heureux. Solal, quant à lui, avait eu la même réaction que sa sœur lorsqu'il avait appris la nature de son petit-ami. Il filait maintenant le parfait amour, profitant de l'autre après avoir surmonté un à un les obstacles se dressant face à leur couple.

Les deux jumeaux vivaient maintenant une vie paisible au sein de la meute de Timaël, la communauté de Maëlan les protégeant des dangers extérieurs à condition que les loups respectent la forêt environnante, les problèmes et les discriminations dernière eux.

— Mon cœur, à quoi tu penses ? lui demanda son compagnon qui venait de la rejoindre.

— Je réfléchissais aux dernières années, à ce que notre rencontre m'a apporté, répondit Kaléa.

— Et où t'a mené cette réflexion ? fit l'elfe curieux.

— Que si c'était à refaire, je le referai. Je ne me suis jamais autant sentie à ma place que depuis que je te connais. Et c'est pareil pour Solal, affirma la demoiselle.

— En parlant de ton jumeau, on devrait se dépêcher si tu ne veux pas être en retard à la cérémonie, lui rappela son homme.

— Justement, je me suis dit qu'on pourrait faire cette célébration en privé, juste toi et moi, tenta de le persuader la jeune femme.

— La proposition est tentante, mais tu dois y aller. Ton frère va recevoir sa marque, ce qui est synonyme de mariage chez les loups, répliqua l'elfe.

— Elias m'a expliqué le déroulement de la soirée. Lorsqu'un loup marque son lié, toute la meute est prise d'une frénésie sexuelle. Leur partie animale devient alors incontrôlable et s'en suit une longue période de sexe, peu importe le lieu. Et franchement, voir mon frère se faire prendre par Timaël, très peu pour moi.

— Où est donc passé la jeune fille timide que j'ai rencontré à la sortie de son école, il y a maintenant deux ans ? demanda son partenaire, faignant le regret devant le vocabulaire de la jeune femme.

— Je passe mon temps entouré de mec en chaleur, il faut bien que je m'adapte si je veux survivre, répliqua la rousse, une lueur moqueuse au fond de son regard.

— Cette meute t'a perverti. Je n'aurais jamais dû te laisser t'installer ici, rétorqua son compagnon.

— Tu n'es pas blanc comme neige dans cette histoire non plus, chéri, l'accusant la demoiselle en rigolant. Et cela n'a pas semblé te déplaire hier, sous la douche.

Au souvenir de leur soirée endiablée sous l'eau qui s'était poursuivie dans leur chambre, Maëlan sentit son bas-ventre le chauffer, se rappelant des courbes de la jeune femme, de son touché sur son corps, de ses gémissements. Il dut se faire violence pour ne pas se jeter sur sa compagne et garder le contrôle de son corps.

— Je te propose d'y aller jusqu'au marquage, puis de revenir ici pour poursuivre la fête en privé, lui proposa Maëlan.

— D'accord, concéda la demoiselle. C'est bien parce que tu m'as dit que c'était similaire à un mariage que j'accepte d'y aller.

Satisfait de la réponse de sa compagne, il l'entraîna vers le lieu de la réception. L'endroit avait été aménagé pour l'événement, des chaises occupant la plaine habituellement vide, placées de sorte à former une allée se finissant par une arche recouverte de roses rouges. Chaque siège était relié aux autres par un ruban blanc, surmonté de roses rouges pour le maintenir. Toute la meute était déjà présente, ne manquait plus qu'elle. Et comme si son arrivée été le signal du départ, la cérémonie commença.

— Nous sommes réunis aujourd'hui pour assister au marquage de Solal Jekel par Timaël Stell, bêta de la meute Kayal. Ces deux âme-sœurs se sont trouvées, ont appris à se connaître malgré leurs différences, et veulent maintenant se lier, compléter leur union par cette fusion de leurs âmes. Solal, es-tu prêt à recevoir la marque ? demanda l'alpha qui présidait la cérémonie.

— Oui

— Timaël, es-tu prêt à marquer cet homme, le faisant ainsi ton compagnon jusqu'à la mort ?

— Oui

— Vous pouvez alors procéder au marquage.

Timidement, Timaël se rapprocha du cou du roux, humant son odeur, s'en imprégnant avant de le mordre tendrement, complétant ainsi le lien. Hypnotisée par la magie qui se dégageait des deux liés, Kaléa ne remarqua pas que son propre compagnon la tenait maintenant dans ses bras, des loups hurlant suite à cette nouvelle union. L'elfe tira la demoiselle, la ramenant au temps présent. Sans qu'il ne prononce un seul mot, ils rejoignirent leur maison et son intimité.

— Kaléa, je sais que ce que tu viens de vivre doit encore te chambouler, mais je ne vois pas de meilleur moment pour te le demander, fit son homme en posant un genou à terre et en sortant une petite boîte de sa poche. Sache que les elfes n'ont qu'un seul compagnon dans leur vie, et je ne remercierai jamais assez le destin de t'avoir mise sur ma route. Alors je te le demande. Veux-tu m'épouser ? Veux-tu faire de moi l'homme le plus heureux de cette planète en acceptant de devenir ma femme ?

Des larmes de joie gagnèrent les magnifiques yeux verts de sa compagne, avant qu'elle ne se jette à son cou.

— Oui, mille fois oui.

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