Ce qui m'a fait drôle, c'est de revoir Blade Runner, le film des années 1980 qui se passe à los Angeles en 2019... Donc en 2080, je peux vous dire que dans 20 ans, la vie ne sera pas plus belle qu'en ce moment.

L'espèce humaine a commencé à muter de plus en plus d'enfants naissent avec une membrane devant le nez et la bouche. Cette peau, pour ceux qui sont les évolués se pèle tous les jours, comme si le pouvoir de filtration s'était dégradé au bout de 24 heures. Ces enfants naissent aussi avec un coude droit hypertrophié, puisque c'est maintenant comme ça que tout le monde se salue.

L'espèce humaine s'adapte aux multiples pandémies qui se produisent à un rythme bisannuel, depuis près d'un siècle. On en est à la Covid 57.

Donc au réveil, il me faut récupérer la membrane pelée de notre fille et donner un masque à son frère ainé (ce n'est qu'une demi-peau qui lui pousse tous les jours, son nez n'est pas recouvert). On jette la membrane dans l'incinérateur de l'appartement et puis on s'entrechoque tous les coudes. Heureusement que même pour nous les parents, un cal a fini par se former. On ne comptait plus les fractures du coude droit dans les années 2030.

On regarde ensemble par la fenêtre et on inspire profondément en remerciant de soleil de se lever chaque jour, en espérant que ces prières serviront à quelque chose. Et puis aussi, ça nous permet de vérifier que le ciel n'est pas trop chargé et qu'on arrive à voir l'astre solaire le matin.

On prend ensemble notre petit déjeuner à partir des fruits de notre jardin intérieur. Les épluchures sont recyclées dans notre compost pour entretenir ce petit jardin. On est quasiment auto-suffisants. On essaye de maîtriser notre empreinte carbone en particulier, pour contenir le réchauffement climatique aux +5°C par rapport aux années 2000. Mais on sent bien que la température s'accroit encore de façon inéluctable et incontrôlée.

Je ne suis pas très fier du monde qu'on va laisser à nos enfants, mais au moins, ce qui me rassure, c'est de voir que l'espèce humaine s'adapte. Darwin avait raison...