Sables

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Au commencement fut un flash de lumière. Il y eut le flash, puis les dunes.

Les dunes s'étendaient à perte de vue. Les dunes où je passe ma vie, inlassablement, où tout n'est qu'oubli, commencements et fins, indéfiniment. Depuis combien de temps ?

Aujourd'hui, je me suis levée avant l'aube faisant crisser le sable sous mes pas. Longtemps, les Fluffies se sont fait rares. Mais hier, au soir, alors que le soleil se posait à l'horizon, j'ai repéré leurs traces. Des Fluffies. Quel drôle de nom ! Je ne sais pas d'où ça leur vient, ça. D'ailleurs, je ne sais même pas d'où viennent les mots que j'utilise. J'ai tout oublié. Peut-être, même, n'ai-je jamais rien su. Je suis seule dans un monde de sable, et tout coule et passe autour de moi, indistinctement.

Lorsque je les ai vues pour la première fois, sauter et bondir dans le sable chaud, relevant leur petite queue blanche, oreilles dressées, je sus immédiatement, pourtant, leur nom. Des Fluffies, des Fluffies de sables, au pelage quasi mimétique sur les dunes. Je ne les poursuis pas pour les attraper, ni pour leur faire du mal. Non. Je crois que leur seule présence me suffit. Il n'y a ici que moi, et puis les Fluffies, et puis du sable, et mes souvenirs, ou peut-être du sable qui est mon seul souvenir.

Voilà que j'ai perdu leur trace. Le soleil descend, déjà, assez bas sur l'horizon. Je n'en ai vu qu'une, ou peut-être un mirage, car les mirages sont fréquents.

Maintenant, il me faut monter sur la colline aux Pierres. Tous les soirs je monte sur la colline regarder le soleil se coucher. Tous les soirs je rajoute une pierre. Ce soir, c'est la cent dix huit mille cinq cent vingt troisième. Je la prend au bas de la colline et monte la poser, puis regarde le soleil passer sous l'horizon.

Dans la nuit, sous les étoiles, je passe mes doigts sur mon visage sec comme un vieux papier froissé, et caresse mes cheveux, longs et blancs.

Demain arrive. Demain arrivera.

Demain, je ferai le tour du monde creux qui est le mien. Demain, je reviendrai là où je suis. Demain, comme tous les jours, j'essaierai de me perdre, et me retrouverai. Alors, demain, caressant mon visage que je ne puis voir, je recommencerai.

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