Le dernier homme

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Il y en a eu trois. Il n’en reste qu’un plus qu’un. Pour moi, il est devenu le dernier homme.

Le premier est celui sur qui j’ai ouvert les yeux, celui qui m’a accompagnée une partie de ma vie. Il était l’homme sous le cerisier, il était l’homme qui me souriait toujours avec tendresse.

Il a été celui que j’ai aimé et détesté de même.

C’était le premier, celui qui me regardait avec fierté, celui que j’ai déçu de trop nombreuses fois.

Et il reste le seul souvenir de l’avant. Le seul être semblant se mouvoir sur des clichés froids et figés.

Il est, il a été celui que j’ai dû quitter pour pouvoir renaître.

Mais sous les branches du cerisier en fleurs, il demeure toujours, inébranlable, les pétales pures et blanches tourbillonnant autour de lui comme un rappel de ce que je ne serais plus.

Il est encore là-bas, toujours.

C’était le premier homme. Je ne l’ai pas choisi, il ne m’a pas choisi et c’est très bien ainsi.

Le deuxième homme, je l’ai cherché, c’était lui. Lui ou un autre. Ca a été l’autre, je ne le regrette pas.

Autant je connaissais le premier homme, autant le second m’était inconnu.

Des trois, il est le seul dont le visage s’est effacé. Petit à petit, il s’est fragmenté. Je n’ai pas réussi à reconstituer le puzzle. Je garde une couleur chaude, un terre de sienne brûlée qui ne devrait pas exister pour des pupilles.

Les autres morceaux se sont perdus. Je les ai aidés, j’ai soufflé dessus pour qu’ils s’envolent. Parce que chaque morceau était comme un éclat de verre, se posant sur ma peau en l’entaillant. Sans jamais aucune chance de cicatrisation.

Il me reste des sensations, des étreintes, des baisers, une sensation d’inachevée. Et pas de mots, jamais de mots. Je ne les ai pas oubliés, ils n’ont jamais existé…

Je me rappelle également qu’il incarnait tout ce que je détestais. Et pourtant… je crois que je l’ai aimé sans même savoir si lui m’aimait. En fait, quelle importance ?

Mutuellement, on s’est donné une chose qu’aucun de nous n’avait. Il a teinté de rouge les fleurs du cerisier, il a été celui qui a fait naître la rage en moi. Une colère, une haine qui n’avait plus rien et tout à voir avec l’amour. Et sous le cerisier ensanglanté, il me tourne le dos, à jamais.

Le troisième homme, je me reflète dans ses yeux. Il est celui que j’accompagnerais une partie de sa vie, celui dont je serais fière sans condition, ni retour.

Celui que je m’interdis de décevoir. Pour lui, je teinterais les fleurs de cerisier d’argent et d’or.

Celui que j’aimerais à jamais en ressentant ce fardeau du cœur. Celui qui ressentira des sentiments réversibles à mon égard.

Il est le dernier homme, le dernier lien.

Le seul lien qui prouve l’existence du deuxième homme, et je suis le lien qui l’unit au premier homme.

Il possède l’essence du premier homme, sa tendresse. Et les yeux du deuxième homme.

Pour moi, il est à jamais le dernier homme.

Et du cerisier noir d’où je le vois, ses sourires restent et demeurent les mêmes.

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