Réponse à "Amnésie"

Image de couverture de Réponse à "Amnésie"

C'est du boyXboy, très soft, mais voilà, vous êtes prévenu.e.s.

Le thème, vous l'avez lu ou pas : " Votre héros devient subitement amnésique... liberté absolue... remise en question.... À vous de voir ce que la vie peut réserver lors d'un reset forcé..."

(***)

L’abruti qui a inventé la priorité de gauche n’a pas pu la faire breveter, pas de ceinture, il est mort sur le coup ! La mienne m’a sauvé, enfin, si on veut… Elle m’a juste laissé une fine trace rosâtre de la tempe à la pommette droite, et en a effacé un paquet à l’intérieur du crâne.

* Aujourd’hui *

- C’est excellent, tu y es arrivé !’’ a dit Alex. Ou est-ce Axel ? Abel ?

Bah, ça finira bien par me revenir, et me rester en tête, mais il ne se foutrait pas un peu de moi, par hasard ? Cinq minutes pour faire autant de mètres, ce serait acceptable sur Jupiter, la gravité y est 2,5 fois plus forte, mais ici ? Mes mains agrippées sur les rails d’aluminium, les tremblements de mes bras se transmettent à mes épaules, et me donnent l’impression dérangeante que je peux m’écrouler à tout instant. Je suis pourtant immergé jusqu’au sternum dans ce bassin ridicule, je ne suis déjà pas bien lourd, alors je pèse combien, là, avec le truc du corps plongé dans un fluide qui dégage une force de bas en haut et blablabla ? C’est bien la seule Force qui soit avec moi, référence à… À quoi, déjà ?

Nooon ! Je la tenais, puis elle est partie comme elle est venue. Il n’y a vraiment que mon neurologue pour penser que c’est encourageant, pour moi, c’est juste rageant. Encore ce matin, j’ai corrigé la citation qu’il m’a servie avec sa suffisance habituelle.

- C’est ‘remedium’ au singulier, docteur, cuivis dolori remedium est patientia… Sauf que ma patience ne remédie pas à grand-chose.

C’est dingue, je me souviens des délires d’un vieux Grec qui baignait tranquille en jouant avec son canard en plastique, de la force d’attraction sur une planète où je ne poserai jamais le pied, ou de déclinaisons latines apprises à l’adolescence, mais ensuite, ça devient flou, puis noir. Assez sombre, le noir, si vous voyez.

Tout l’inverse de ce mec en blanc, Alex/Axel/Abel, qui m’attend en haut des huit marches avec une serviette de bain ouverte, et qui est surtout bien trop mignon pour son propre bien… Je vais justifier de la crainte de l’ascension un sursis dans l’eau froide, le temps de calmer mon… mon émoi, disons.

Et ce beau con-pas-si-con-trop-pro qui m’encourage ‘’Il y a un mois, tu étais dans le coma, et regarde-toi, là !’’

Et j’ai tellement envie de lui écraser mon déambulateur sur sa jolie petite gueule, puis de l’étrangler avec la ceinture de mon peignoir marqué CHR, parce qu’il est gentil, A-A-A, puis parce qu’il est beau, et si on est un minimum respectueux, on respecte la beauté de ce monde.

* Deux ans plus tôt *

- Tu me plais, file-moi ton portable, j’y encode mon numéro.

- Tu me plais vraiment beaucoup, toi aussi’’ avais-je répondu ‘’Mais il y a deux choses que tu dois savoir, un, je ne couche pas le premier soir, et deux, j’ai une excellente mémoire pour ce qui m’intéresse, alors tu me le dis maintenant à l’oreille, je te confie mon phone jusqu’à minuit, je t’appellerai demain pour te confirmer que… tu m’intéresses aussi.

Il avait eu un sourire méfiant, mais avait murmuré ‘’Deal’’.

Plus tard, j’ai expliqué à Leo que je n’ai jamais entré son numéro dans mon répertoire, en partie en mode effort permanent et particulier de me souvenir de lui, un peu pour le truc de ‘jardin secret’ où lui seul était admis, puis pour le plaisir aussi prolongé de taper son 06 chiffre par chiffre que celui que je prenais à l’effeuiller à chacune de nos rencontres. Il avait souri.

* Il y a deux mois *

- Tu ne te souviens vraiment de rien de… de nous ? avait-il murmuré.

J’ai jeté un regard vide sur les objets étalés devant moi, une clé accrochée à une figurine Pikachu, une édition Folio de… Cortazar ? Mais non, rien. Alors, inventer… mentir ?

- On l’a lu à l’école, non ? C’est de là qu’on est potes, je pense.

- On n’était pas dans le même lycée, mais oui, on… on est… potes, c’est ça’’ avait-il soufflé avec un air un peu triste.

Les visites de Leo se sont espacées, mais comment le blâmer, je n’avais aucune conversation, car aucun souvenir…

* Aujourd’hui *

C’est peut-être la pulsion clairement non-partagée que j’ai ressentie envers l’infirmier au prénom indéfini, ou la lecture d’une nouvelle du livre, Les Fils de La Vierge, mais des filaments de souvenirs me sont revenus, ténus, élusifs, des images en flash, des bribes de moments… Puis un numéro de téléphone, mais sans arriver à le situer… Et j’étais fébrile ! J’ai empoigné le déambulateur et, mon hoodie ouvert battant sur mes flancs, les pieds nus mangeant les mètres de lino du couloir, je me suis dirigé vers le bureau des infirmières.

J’ai pointé le doigt vers le téléphone et j’ai dit ‘’06 38… 11 24… 93… s’il vous plait… c’est important… je crois’’

La gentille dame en blanc m’a demandé de répéter le numéro, l’a formé, puis m’a passé la communication.

- Allo’’ a dit une voix que j’ai immédiatement reconnue.

- Leo… C’est moi… Je me souviens...

Et là, ça dépend de lui, mais pour ma part, pour ce dont je me souviens, je recommencerais tout.

S’il le veut.

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Table des matières

En réponse au défi

Amnésie

Lancé par Claude Carrès

Votre héro devient subitement amnésique.......... liberté absolue... remise en question.... À vous de voir ce que la vie peut réserver lors d'un reset forcé... pas de règles imposées

Commentaires & Discussions

Léo, peut-être ?Chapitre29 messages | 2 ans

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