Chapitre 31I : février 1783

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Alors que tournais un peu en rond dans le logement, car Adélaïde montrait les jeux de Charles à André, qui d'ailleurs avait bien eu du mal à se détacher de moi, un homme, en réalité Adrien, arriva d'une manière assez brusque, la tête baissée, il pénétra dans l'appartement et se dirigea sans m'adresser un regard vers la chambre où reposait le corps de son fils. Curieuse, je tournais discrètement la tête vers la chambre, il se tenait agenouillé près du lit et serrait contre lui la tête de son bébé, mouillant de ses larmes le petit corps inerte, comme s’il venait d'apprendre son décès et qu'il avait encore l'espoir de le réveiller. Je fus très gênée, de cette impression de m'incruster dans une telle intimité, dans la sphère de ce couple, de ces parents en deuil de leur petit enfant, des gens que je connaissais si peu à vrai dire.

Malou et Gustavine restaient en retrait, elles s'ennuyaient, aussi quand Adélaïde refit son apparition, et qu'elle se dirigea vers son époux qu'elle enlaça longuement, prise d'un élan de honte ultime d'être encore chez eux, je levais les filles de leur fauteuil, je m'en allais chercher André dans la chambre de Charles. Nous rentrâmes chez nous, il pleuvait et les rues, dont le crottin qui parsemait les routes pavées libérait en ce temps humide son fumet délicieux, empestaient comme jamais.

Léon était rentré, il avait l'air de nous attendre, assis mollement sur le canapé, les jambes croisées, fumant cette pipe que je détestais tant, qui polluait l'air de notre appartement, qui nous faisait tousser et dont l'odeur s'incrustait et empestait les vêtements. Je déshabillais André de son manteau, qui d'un réflexe, se dirigeait vers ma chambre, pour prendre son bain.

—''Attendez un peu Jeanjean. J'allume le feu pour Gustavine et j'arrive.

Pour la première fois, Gustavine contesta.

—''Malou aussi pourrait le faire, elle ne fait jamais rien…

—''Ne discutez pas je vous prie Gustavine, Marie – Louise fera les choses quand je lui demanderais, comme vous. Allez.

Elle se mit donc aux fourneaux en marmonnant, mécontente de voir sa cousine selon elle, ne rien faire, alors qu'elle m'aidait tout de même, bien que j'ai conscience de davantage solliciter Gustavine, qui avait tout de même deux ans et demi de plus que Malou.

André me fis la démonstration d’un immense progrès un soir où je lui donnais son bain. Alors que d'habitude il râlait comme un animal dès qu'un peu de mousse arrivait dans ses yeux, cette fois, il s’exprima en se débattant, en me poussant, les yeux fermés.

— ‘’ Pique maman ! Ça pique yes neus !

—''Les yeux. Oh ! Et bien dites donc monsieur Aubejoux, ce n'est pas trop tôt. Enfin je n'aurais plus d'animal à la maison. Allez, on se rince.

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